L’histoire générale du peuple d’Israël s’interrompt ici pour introduire le service de Shamgar comme une parenthèse. En effet, le réveil de Barak et Débora est rattaché à celui d’Éhud et non pas à celui de Shamgar (4. 1). Toutefois, l’état du peuple au temps de Shamgar est décrit par Débora dans son cantique (5. 6-8). Il faut donc méditer le dernier verset du chapitre 3 à la lumière des déclarations de la prophétesse.
Cinq caractères du déclin et de la ruine du peuple sont constatés par Débora. A son image, nous avons à juger aujourd’hui les causes profondes de notre ruine, celle de l’Église.
En résumé, si l’exemple d’Israël nous donne une image si saisissante de notre propre état collectif et individuel, c’est pour nous amener dans la présence de Celui qui demeure le seul “réparateur des brèches, restaurateur des sentiers fréquentés” Ésaïe 58. 12. Que le Seigneur produise dans nos cœurs un réel travail de sa grâce !
Un nouveau juge se lève ; par lui, Dieu délivre son peuple. Il ne s’agit plus maintenant des ennemis issus de la nature humaine (Moab, les fils d’Ammon et Amalek), comme du temps d’Éhud, mais des Philistins, que l’on rencontrera tout au long de l’histoire des Juges.
Les Philistins étaient des descendants de Cham, originaires du royaume d’Assyrie. Leurs pères étaient les Caslukhim, ou les Caphtorim, sortis de CaphtorGenèse 10. 14 ; Deutéronome 2. 23 ; 1 Chroniques 1. 12. Dieu les avait maintenus au milieu d’Israël pour l’éprouver (3. 3, 4). Ils sont l’image de la chair dans le croyant, notamment la chair religieuse, qui s’attache aux formes extérieures de la piété en ayant renié la puissance2 Timothée 3. 5. Historiquement, les Philistins, dont le nom signifie “errants, étrangers”, se sont infiltrés insidieusement au milieu d’Israël à partir de l’Égypte, sans passer par le Jourdain, pour se mêler à la vie intime du peuple. Voilà le danger de la chair dans le croyant !
La délivrance opérée par Shamgar n’est pas une victoire nationale suivie d’une longue période de repos, comme dans les deux cas précédents (Othniel et Éhud). Néanmoins, six cents Philistins sont frappés, et Israël est sauvé. La personne et l’origine d’Éhud étaient faibles aux yeux du monde. Maintenant, c’est l’arme de Shamgar qui est méprisable : un aiguillon à bœufs, digne seulement de piquer des bêtes sans intelligence pour accélérer leur marche.
Mais si l’un et l’autre sont maniés par la foi, l’aiguillon de Shamgar est aussi efficace que la courte épée d’Éhud pour le chrétien qui a Christ comme puissance et comme sagesse, car : “Les paroles des sages sont comme des aiguillons” Ecclésiaste 12. 11.
Au tableau attristant de l’état du peuple d’Israël avant sa délivrance, succède donc maintenant l’énergie de la foi de Shamgar, qui remporte la victoire sur les ennemis. Même dans les temps de faiblesse et de ruine, le croyant peut aujourd’hui remporter la victoire sur le monde par la foi1 Jean 5. 4, 5.