Dieu venait d’opérer une grande délivrance par le moyen de deux femmes fidèles, Débora et Jaël, et d’un juge, Barak, malgré sa foi bien hésitante. Alors s’élève un cantique d’actions de grâces, chanté par Débora, en présence de Barak.
La pensée dominante de ce chant de louange est le réveil spirituel du peuple d’Israël tout entier. L’appel : “Réveille-toi” y est répété quatre fois (verset 12).
Le cantique de Débora rappelle celui de Moïse et des fils d’Israël après la délivrance d’ÉgypteExode 15. 1-21. L’harmonie d’une foule de plus de deux millions de personnes est maintenant remplacée par la voix de deux fidèles seulement. Mais la louange s’élève au même Dieu, qui habite au milieu de son peuple, selon la prophétie de Balaam : “L’Éternel, son Dieu, est avec lui, et un chant de triomphe royal est au milieu de lui” Nombres 23. 21.
Le bas état d’Israël aux jours de Shamgar explique l’intervention de Dieu par ce juge pour délivrer son peuple. Cette parenthèse de l’histoire d’Israël a déjà été méditée (3. 31).
Mais, placée dans le contexte du cantique, la révélation par Débora de la ruine d’Israël en ces jours-là nous rappelle que nous n’avons pas à excuser ou ignorer nos misères. Les reconnaître devant Dieu, et nous séparer du mal, est pour nous le chemin d’un vrai réveil qui nous conduira à retrouver la place d’adorateurs.
Si importante que soit la séparation, elle ne porte pas en elle-même le principe de l’unité des rachetés et ne nourrit pas leur cœur. C’est vers Christ que nous sommes invités à sortirHébreux 13. 13, pour retrouver, autour de lui, ceux qui invoquent son nom d’un cœur pur2 Timothée 2. 22. Débora était de cœur avec ceux qui avaient été portés de bonne volonté parmi le peuple. Comme elle, bénissons donc Dieu pour le bien qu’il a produit.
La prophétesse se tourne alors vers ceux qui goûtent les bénédictions retrouvées, pour les engager à méditer :
On trouve ainsi tous les traits moraux d’un vrai réveil produit par la grâce de Dieu.
Alors le cantique s’élève plus haut encore pour nous parler de la gloire de Christ. Barak, si faible témoin pendant les combats, devient maintenant, au temps de la victoire, un beau type de notre Seigneur.
Auparavant, l’Esprit de Dieu nous invite à nous réveiller. Ce touchant appel : “Réveille-toi, réveille-toi” que la prophétesse adresse à son propre cœur sera repris plus tard trois fois par le prophète ÉsaïeÉsaïe 51. 9-11 ; 51. 17-23 ; 52. 1-10. Il doit être entendu par toutes les générations, auxquelles la Parole dit encore : “Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi” Ésaïe 60. 1 ; Éphésiens 5. 14.
Débora se tourne alors vers le juge : “Lève-toi, Barak, et emmène captifs tes captifs, fils d’Abinoam”. L’Esprit de Dieu place ici sur les lèvres de la prophétesse la déclaration même de David, le doux psalmiste d’Israël, qui annonce prophétiquement les gloires de Christ ressuscité, et les bénédictions millénaires de son peuple terrestre : “Tu es monté en haut, tu as emmené captive la captivité ; tu as reçu des dons dans l’homme… afin que Jah, Dieu, ait une demeure” Psaume 68. 19.
On sait que cette prophétie est appliquée par l’apôtre Paul à l’ÉgliseÉphésiens 4. 8, qui reçoit maintenant sur la terre les dons spirituels de la part de la tête du corps, Christ dans la gloire.
A la mer Rouge (figure de la mort de Christ), tout Israël avait célébré la délivrance à travers la mort. Et maintenant, une femme seule entonne, dans un temps de ruine, l’hymne de la délivrance au-delà de la résurrection. Nous pouvons aussi conclure avec Débora : “Bénissez l’Éternel” (verset 9).
Alors, le peuple de Dieu est invité à descendre (verset 13), pour combattre sur le lieu même de son témoignage. Et l’Éternel est au milieu de lui. Le faible nombre de l’armée du réveil (dix mille hommes seulement : 4. 6, 10) contraste avec les quarante milliers d’Israël sans armes (verset 8) ; mais la présence de Dieu assure la victoire à tous les combattants de bonne volonté.