L’Éternel s’adresse maintenant à Jacob “son serviteur”, à Israël qu’il a choisi. À la fin du chapitre précédent, il avait rappelé les péchés de son peuple. Même son premier ancêtre avait péché, n’était-il pas “un Araméen qui périssait” Deutéronome 26. 5 ? Puis, ses médiateurs, ceux qui avaient été les intermédiaires entre le peuple et Dieu, s’étaient rebellés – c’est l’histoire de la royauté et surtout de la sacrificature – de sorte que Dieu avait rejeté son peuple. Comment donc ce peuple pourra-t-il être accepté par Dieu ? Ce sera en vertu de la
Le titre de serviteur est donné deux fois à Jacob, dans ce court paragraphe (versets 1, 2) ; deux fois aussi, il est rappelé à Israël – ou Jeshurun – qu’il est un peuple choisi, non pas à cause de ses mérites, mais parce que Dieu l’a aiméDeutéronome 7. 7, 8. N’est-ce pas là l’assurance qu’il recevra toutes les bénédictions promises ? Le racheté d’Israël, saisissant la parole divine : “Je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi” (43. 1), se plaira à répondre : “Moi, je suis à l’Éternel” (verset 5).
Tel autre s’appellera du nom de Jacob, admirant en lui la grâce de Dieu qui, par sa fidèle discipline, l’aura conduit à la bénédiction. Un autre enfin comprendra qu’être à l’Éternel le qualifie pour saisir la bénédiction donnée par l’homme de PénielGenèse 32. 25, 28, 28 : un nouveau nom, Israël.
Ces deux paragraphes offrent un contraste absolu. Dans le premier, Dieu rappelle à son peuple quatre caractères de ses relations avec lui :
Puis, il rappelle que c’est une des prérogatives divines, que de déclarer à l’avance ce qui arrivera plus tard. Le peuple restauré sera le témoin qu’il n’y a pas de Dieu en dehors de luiDeutéronome 32. 39.
Quant aux idoles, ceux qui les fabriquent sont les témoins de leur néant. Comment croire qu’un morceau de fer, façonné à l’aide du feu et d’outils, par un homme qui s’épuise à ce travail, puisse avoir quelque sagesse et quelque puissance (verset 12) ? Et voici un autre homme qui choisit et coupe un arbre. D’une partie de ce bois, il fait une idole qu’il adore ; d’une autre partie, il fait cuire son repas ! Son cœur abusé – il ne voit pas qu’il se repaît de cendres (verset 20) – l’a détourné ; il ne comprend pas que sa main droite n’étreint que mensonge et tromperie.
Celui qu’en vertu de la rédemption, l’Éternel appelle “mon serviteur” (verset 21), est invité à se souvenir de ces choses qui viennent d’être exposées. “Souviens-toi…, ô Jacob… Je t’ai formé, tu es mon serviteur, Israël”. Ne sentons-nous pas le plaisir avec lequel Dieu répète ces paroles, ajoutant : “Tu ne seras pas oublié de moi” (verset 21). “J’ai effacé… tes transgressions… reviens à moi, car je t’ai racheté” (verset 22).
Nous entendons maintenant le cantique de la rédemption : les cieux et la terre se réjouissent, celui qui a seul déployé les cieux a promis délivrance et bénédiction à Jérusalem. “Toutes choses le servent” Psaume 119. 91 ; il a appelé Cyrus pour accomplir son bon plaisir, “disant à Jérusalem : Tu seras bâtie, et au temple : tes fondements seront posés” (verset 28).
Pensons-nous, en lisant ces versets, qu’au moment où Ésaïe les écrivait, Jérusalem et le temple existaient encore, solides en apparence et bien fondés ? Babylone, qui devait détruire Jérusalem et le temple et déporter son peuple2 Chroniques 36. 19 avant d’être prise par les MèdesDaniel 5. 28, 6. 1, n’était alors qu’une puissance de second ordre. Et pourtant, plus d’un siècle et demi à l’avance, l’Éternel, à cause d’Israël, appelle Cyrus2 Chroniques 36. 22 par son nom et le nomme “mon berger”. Ce titre peut surprendre, s’appliquant à un homme des nations. Mais c’est “l’Éternel qui fait toutes choses” (verset 24) ; il est souverain. Cyrus est donc l’instrument de Dieu pour revêtir le caractère de berger et pour accomplir sa volonté de rétablir Jérusalem. Notons que Cyrus n’est pas appelé “berger d’Israël”, de même que, si l’Éternel le suscite comme son “oint” (mot traduit aussi par messie) pour détruire les idoles, il n’est jamais appelé serviteur.
Peut-être enfin pouvons-nous voir, dans ces titres de dignité conférés par Dieu à un monarque étranger, une annonce du “temps des nations”, pendant lequel Israël est mis de côté à cause de son infidélité, jusqu’au règne de Christ.