L’Éternel livre Israël à ses ennemis, car, serviteur aveugle et sourd, il n’a pas voulu marcher dans ses voies. Mais Israël est toujours précieux à ses yeux, car il l’a racheté. Il jugera Babylone et délivrera Israël, car il est le Même, et c’est en grâce qu’il justifiera son peuple.
À cause de sa justice, l’Éternel avait pris son plaisir en Israël, son serviteur Jacob, qu’il avait choisi (41. 8). Mais seul le serviteur parfait (verset 21), Christ, a fait apparaître que la loi est grande et honorable. À la fin du verset 18, la parole prophétique s’adresse à Israël serviteur, à ce peuple qui ne discernait pas sa cécité moraleJean 9. 40. C’est lui encore que nous trouvons au verset 19, aussi incapable d’entendre que de voirÉzéchiel 12. 2. L’Éternel a donc rejeté ce serviteur désobéissant et infidèle. Seul le résidu (verset 24) reconnaît que Jacob a péché contre l’Éternel en n’écoutant pas sa loi. C’est pourquoi l’Éternel l’a châtié ; mais le jour vient où Israël prendra à cœur cette discipline et en tiendra compte.
Car l’Éternel dit à son peuple : “Ne crains point, car je t’ai racheté ; je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi” (verset 1). Combien le résidu sera fortifié par ces paroles ! C’est ce que Dieu est et ce qu’il fait pour lui (et non ce que lui peut faire pour Dieu) qui lui donne l’assurance qu’il sera délivré quand il passera par les eaux et la flamme de l’épreuve. L’Éternel, son Dieu, le Saint d’Israël, son sauveur, le sauvera à cause de lui-même (verset 25), c’est-à-dire à cause de sa bonté et de sa véritéPsaume 115. 1.
Mais comment l’Égypte, Cush et Seba peuvent-elles être une rançon pour Israël ? Il ne s’agit pas ici de racheter les âmes du résidu, ni d’expier ses péchés, car un homme ne peut racheter son frèrePsaume 49. 78, 9. Mais les nations (représentées ici par l’Égypte, Cush et Seba), instruments du jugement de la nation d’Israël sur la terre, seront châtiées à leur tour. Elles recevront la rétribution des souffrances qu’elles auront infligées à Israël2 Thessaloniciens 1. 6, 7, et “le méchant sera une rançon pour le juste” Proverbes 21. 18 ; 11. 8.
Ainsi s’exerce la toute-puissance du Saint d’Israël, ainsi aussi peut-il parler en grâce à ses rachetés et répéter : “Ne crains pas, car je suis avec toi” (verset 5). Sur la foi de cette promesse, l’Éternel fera revenir “ses fils de loin et ses filles du bout de la terre” (verset 6), car ils sont appelés de son nom. Il les a rachetés et appelés par leur nom (verset 1), établissant ainsi ses droits sur eux. Il les a aimés (verset 4) et a donné son propre nom (verset 7) à ceux qu’il a ainsi comme créés à nouveau pour sa gloire. Les croyants aujourd’hui sont “en Christ… une nouvelle création” 2 Corinthiens 5. 17 ; le nom de Christ est invoqué sur euxJacques 2. 7. Ils peuvent bien dire : “voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu” 1 Jean 3. 1.
Les Juifs plongés dans l’idolâtrie étaient “le peuple aveugle qui a des yeux, et les sourds qui ont des oreilles”. Ils étaient pourtant, parmi tous les peuples, le seul témoin de l’Éternel, et son serviteur. Mais ils connaîtront, croiront et comprendront. C’est parce qu’ils s’étaient rebellés contre l’Éternel qu’ils ont été pillés et dépouillés ; c’est à cause de lui qu’ils seront délivrés, pardonnés et bénis. Car, de même que l’Éternel est le seul Dieu, il est aussi le seul Sauveur.
Maintenant les nations et les peuples sont appelés à se réunir et à s’assembler. Leurs prophètes, leurs dieux, ont-ils annoncé les épreuves d’Israël ? Peuvent-ils dire de ce qu’ils ont déclaré : “C’est la vérité” (verset 9) ? L’Éternel produit devant eux ses témoins qui annoncent la résurrection morale du peuple : le résidu fidèle et son serviteur choisi, Christ (verset 10), preuves irréfutables de ce qu’il est, lui, le Même, Dieu de toute éternité, le seul qui déclare à l’avance, qui sauve et qui accomplit sa volonté, afin qu’ils connaissent, croient et comprennent. Et qui sont aujourd’hui les témoins de Dieu (verset 10), sinon ceux qu’il a rachetés (verset 1) et rassemblés (verset 5) autour de son serviteur, Christ (verset 10) ? Nous pouvons donner gloire à Dieu pour ce qu’il est.
C’est encore le rédempteur et le créateur, le Saint d’Israël, qui annonce qu’à cause de son peuple, il a fait des habitants de Babylone des fugitifs, qui utiliseront pour se sauver, les vaisseaux – image de leur prospérité et de leur puissanceApocalypse 18. 11, 17 – dont ils étaient fiers. Dans les desseins de Dieu envers Israël, cet événement apparaît comme une parenthèse entre les deux proclamations de son nom, de sa gloire et de ce qu’il est pour son peuple : le Saint d’Israël, son rédempteur (verset 14), son créateur et son roi (verset 15).
L’Éternel rappelle aussi ce qu’il a fait à l’Égypte, cependant ce n’est pas de cette délivrance que le peuple doit maintenant se souvenir, mais plutôt d’une chose nouvelle, si merveilleuse que même la bête des champs le glorifiera (verset 20) : il va donner des eaux dans le désert, figure, sans doute, du rafraîchissement spirituel dont son peuple jouira plus tard.
Dieu avait formé son peuple pour sa louange, pour lui-même. Mais Jacob, malgré sa faiblesse (41. 14), ne l’a pas invoqué et Israël, oubliant les bénédictions reçuesGenèse 35. 10, 11, s’est lassé de lui. Au lieu d’adorer, Israël a péché et a fatigué son Dieu par ses iniquités (verset 24). Que reste-t-il donc pour lui ? Une seule ressource : la grâce de Dieu. Car c’est à cause de lui-même, parce qu’il trouve dans son invariable amour envers son peupleJérémie 31. 3 le motif de son pardon, qu’il peut lui dire : “C’est moi, c’est moi qui efface tes transgressions…” Comme au commencement du livre, l’Éternel invite son peuple à plaider. Certes, Israël a péché dès le commencement de son histoire et, pour cela, a été livré à la destruction. Mais, pourrions-nous douter que la conclusion de ce nouveau débat soit autre que celle du premier ? “Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige” (1. 18).