Dans ce chapitre, l’Éternel appelle à la barre les nations, “les peuples” : “qu’ils s’approchent… qu’ils parlent” (verset 1). “Produisez votre cause” (verset 21). Il leur pose une série de questions qui démontrent leur impuissance, leur incapacité à prévoir l’avenir. Le dernier verset conclut ce puissant plaidoyer : “Voici, tous sont la vanité, leurs œuvres sont un néant, leurs images de fonte sont le vent et le vide”. Mais, merveille de la miséricorde de Dieu, au milieu de ce réquisitoire, l’Éternel parle à son peuple par des paroles pleines d’amour (versets 8-20).
L’Éternel engage donc un débat avec les peuples, il leur donne la parole : alors, qu’ils parlent ! … Qui, du levant, réveilla celui dont la justice accompagne les pas ? … Qui a opéré et fait cela ? Un seul peut répondre : “Moi, l’Éternel” (verset 4). Nous apprendrons (44. 28-45. 1), que Cyrus est celui que l’Éternel réveilla du levant, pour détruire les idoles de Babylone et pour accomplir ses desseins envers JérusalemEsdras 1. 2, 3 ; 2 Chroniques 36. 23, plus d’un siècle et demi après la prophétie d’Ésaïe. Ainsi est préfigurée la venue de Christ pour délivrer son peuple et établir son règne.
Et que font les nations ? Elles s’entraident, s’encouragent mutuellement (versets 6, 7) et s’efforcent d’affermir leur œuvre précaire (verset 7).
Combien saisissante, en contraste avec les vains efforts des hommes, est la souveraine déclaration divine : “Moi, l’Éternel… Je suis le Même”.
L’Éternel adresse ici à son peuple les paroles d’affection et d’encouragement : “Je t’ai choisi (verset 9) ; ne crains point, car je suis avec toi… je te fortifierai” (verset 10). Ne crains point, moi je t’aiderai (verset 14). Son nom de “Saint d’Israël” s’y trouve trois fois (versets 14, 16, 20), comme pour ponctuer les promesses faites à Jacob. Nous trouvons ce même nom dans trois psaumesPsaume 71. 22 ; 78. 41 ; 89. 20, en relation avec sa puissance pour délivrer et protéger son peuple2 Rois 19. 22. Ici, le Saint d’Israël promet premièrement son aide à Israël (verset 14). Deuxièmement, il lui révèle qu’il sera un instrument pour subjuguer les nations (verset 14 à 16). Troisièmement, il annonce un renouvellement pour toute la terre d’Israël, une véritable régénération, symbolisée par l’abondance des eaux là où tout était aride, et par la croissance d’arbres qui témoigneront de ce que la main de l’Éternel aura fait pour son peuple (versets 17-20).
L’Éternel s’adresse à nouveau aux nations en prenant le titre de “roi de Jacob” (verset 21). Les nations méprisaient sans doute le peuple qui porte ce nom, mais elles ne peuvent opposer à son roi que leurs idoles pour soutenir leur cause et apporter leurs arguments. Êtes-vous capables d’annoncer ce qui va arriver ? leur demande l’Éternel qui répond pour elles : “Voici, vous êtes moins que rien” (verset 24).
Sans transition, il annonce celui qu’il a préparé, qui va venir “du lever du soleil, celui qui invoquera son nom” (verset 25). Nous avons déjà remarqué qu’il s’agit de Cyrus, dont le nom n’est pas encore révélé. Ses rapides conquêtes sont annoncées, ainsi qu’un message de bonnes nouvelles pour JérusalemEsdras 1. 1-4.
Le roi de Jacob a alors regardé : personne, parmi les nations, ne peut lui répondre. Tous sont vanité, leurs idoles sont le vent et le vide.
Dans le chapitre 41, l’Éternel avait annoncé Cyrus qui “marcherait sur les princes comme sur de la boue”. Le chapitre 42 présente le vrai serviteur de l’Éternel, son élu, “débonnaire et humble de cœur” (versets 1-18) Matthieu 11. 29. Quel contraste ! Parmi les nombreux passages de l’A.T. présentant le Seigneur sous les quatre caractères correspondant aux quatre évangiles, on peut relever les suivants qui annoncent sa venue au peuple d’Israël :
Voici enfin le serviteur de l’ÉternelMatthieu 12. 18-21, son élu en qui son âme trouve son plaisir. Quelques siècles plus tard, la voix de Dieu se fera entendre à nouveau, disant les mêmes paroles (au sujet de ce même et parfait serviteur) Matthieu 3. 17 ; 17. 5. La grâce, la miséricorde, la patience de Christ sont dépeintes ici. Il sera grand, avait dit l’angeLuc 1. 32. Il avait été dit de Cyrus que la justice accompagnerait ses pas (41. 2). Mais, du serviteur parfait, il est dit que l’Éternel l’a “appelé en justice” (verset 6) et qu’il tiendra sa main. Lui sera alors la lumière et la délivrance des opprimés (verset 7). L’apôtre Pierre résume ce que nous dit ici Ésaïe : il “a passé de lieu en lieu faisant du bien… car Dieu était avec lui” Actes 10. 38. Les premières choses, à savoir le serviteur humilié, sont aujourd’hui arrivées : le Seigneur Jésus, né dans l’étable de Bethléem, a été crucifié. Il est maintenant ressuscité. Les choses nouvelles, déclarées “avant qu’elles germent” (verset 9), concernent le jugement que Christ exercera bientôt pour délivrer le résidu.
Le résidu célèbre les gloires nouvelles de Christ et invite toute la terre à se joindre au cantique que le Seigneur lui-même a chanté au jour de sa résurrectionPsaume 40. 4. Aucun des habitants de la terre ne pourra garder le silence. Alors prendra fin l’apparent triomphe des idolâtres (verset 17), car l’Éternel, longtemps resté tranquille et silencieux (18. 4 ; 42. 2, 14), fera entendre le cri du combat (verset 13). Il délivrera le résidu (verset 16), le mènera à la victoire et couvrira de honte ses adversaires.