Distinguons bien les deux sens du mot “chair” dans ce verset.
Le premier mot (“en marchant dans la chair”) désigne la nature humaine. Paul avait un corps humain, bien réel, avec ses faiblesses et ses limites. C’est le corps de notre abaissement que nous avons tousPhilippiens 3. 21. Il est susceptible de souffrir et de mourir. Notre Seigneur, quoique sans péché, a accepté de prendre un corps semblable au nôtre pendant “les jours de sa chair” Hébreux 5. 7.
Le second mot (“marcher selon la chair” ou “combattre selon la chair”) désigne le principe moral mauvais qui caractérise le vieil homme et qui habite encore dans le croyant. Ses caractères et ses œuvres sont donnés dans d’autres passagesRomains 8. 12, 13 ; 1 Corinthiens 3. 3 ; Galates 5. 19-21.
L’apôtre Paul, qui avait pu observer les manœuvres exécutées par les soldats romains, utilise souvent l’image de la guerre dans son enseignement (2. 14-16). Voilà une lutte engagée entre deux puissances. Il s’agit d’un combat de forces spirituelles.
Heureuse captivité que celle d’être amené à l’obéissance de Christ, à la simplicité quant au Christ (11. 3) !
Il faudra qu’un jour “les yeux hautains de l’homme soient abaissés et sa hauteur humiliée” Ésaïe 2. 11. Mais, dès maintenant, les armes de Dieu agissent. Ainsi, les âmes sont transformées, les pensées du cœur sont radicalement renouvelées.
Paul compte sur ces derniers avertissements pour que tout soit en ordre chez les Corinthiens à son arrivée (verset 6). Il fera alors nettement la distinction entre les obéissants et ceux qui ne le sont pas. La soumission sera obtenue de force, si elle ne l’a pas été par la douceur. Et les conséquences pourront être graves.
Nous avons là un principe important. La patience s’exerce d’abord pour ramener les cœurs qui reçoivent les remontrances. Mais quand son temps est passé, les rebelles ont affaire à la vengeance de Dieu. L’apôtre a l’autorité pour l’exercer et il le fera, mais en dernier ressort. Néanmoins, le vœu de son cœur reste toujours l’édification et non la destruction (verset 8).
L’apôtre continue à s’adresser à tous les Corinthiens, mais désigne “quelqu’un” en particulier. Plus loin, il parlera d’un “tel homme” (verset 11), évitant l’appellation de “frère” (8. 1).
La mise en garde contre une appréciation fondée seulement sur l’apparence se retrouve plusieurs fois dans les Écritures. Souvenons-nous des paroles de l’Éternel à Samuel qui était impressionné par l’apparence d’Eliab, fils aîné d’Isaï1 Samuel 16. 7. Le Seigneur a pu dire aux Juifs : “Ne jugez pas sur l’apparence, mais portez un jugement juste” Jean 7. 24.
Les détracteurs de Paul se disaient avec assurance être de Christ, mais ils manifestaient un esprit de parti, de vaine prétention et même de supériorité par rapport à d’autres chrétiens1 Corinthiens 1. 12 ; Philippiens 2. 3. Gardons-nous tous de leur ressembler !
L’apôtre affirme être à Christ (verset 7) autant qu’eux et certainement, pouvons-nous ajouter, avec une consécration bien plus réelle. Qui d’entre ses détracteurs aurait pu dire comme lui en toute vérité : “Pour moi, vivre c’est Christ” Philippiens 1. 21 ?
Mais Paul désirait avant tout édifier, c’est-à-dire construire (verset 8). Pour cela, il faut que le terrain soit déblayé et c’est un des buts de cette épître. Il espère arriver avec la truelle plutôt qu’avec la hache. Il répugne à détruire ou à effrayer. L’autorité qu’il possède lui est assurément donnée de la part du Seigneur :
En cela, il est imitateur de DieuÉphésiens 5. 1 ; car, pour l’Éternel, le jugement est son travail inaccoutuméÉsaïe 28. 21.
La médisance (verset 10) était arrivée aux oreilles de Paul, et il la réfute simplement et sereinement (verset 11).
En fait, on cherchait ainsi à émousser le tranchant de l’épée de ses écrits en s’attaquant à sa personne. Comment se pourrait-il que l’humble fabricant de tentes, dont la prédication n’avait pas été en paroles persuasives de sagesse humaine1 Corinthiens 2. 4, soit apte à exécuter les menaces de ses lettres ? On dénigre sa présence personnelle et son élocution.
Quant à Paul, nous pouvons apprécier sa verve s’adressant aux AthéniensActes 17. 22, aux anciens d’ÉphèseActes 20. 17, aux Juifs de JérusalemActes 22. 1 et au roi AgrippaActes 26. 1.
Mais à Corinthe, Paul avait évité volontairement l’excellence de parole qui aurait beaucoup plu à ces gens habitués aux orateurs grecs1 Corinthiens 2. 1. Il leur avait annoncé le témoignage de Dieu dans un langage simple pour ne pas frapper leurs sens ni se faire apprécier pour lui-même. L’apôtre réfute simplement mais fermement ces calomnies : “Non, mes chers frères, les discordances ne sont qu’apparentes et, en tous cas, provisoires”. Il va s’en expliquer.
D’une part, ses lettres ne contiennent pas uniquement des répréhensions et des menaces, mais aussi des encouragements et des accents d’amour. D’autre part, lui, Paul, est le même de loin et de près. Il est porteur de la parole de Dieu qui est immuable.
L’apôtre, donc, ne cache pas aux Corinthiens que sa présence pourrait être aussi grave et aussi forte que ses lettres. Ceux qui contestaient son autorité apostolique feraient l’expérience de l’authenticité de celle-ci, non seulement par ses écrits mais dans les faits.