Cette nouvelle parenthèse présente l’étape intermédiaire entre donner et recevoir. A chaque étape, tout doit être fait dans la crainte du Seigneur et pour sa gloire. L’apôtre avait déjà écrit : “Ce qui est requis dans des administrateurs, c’est qu’un homme soit trouvé fidèle” 1 Corinthiens 4. 2.
Il est plus convenable que celui qui administre ne soit pas seul pour certaines charges. C’est ainsi que l’apôtre Paul va s’adjoindre trois autres frères.
La gestion des choses matérielles est toujours délicate. Il faut que ceux qui s’en occupent jouissent d’un bon témoignage et qu’ils soient remplis du Saint Esprit et de sagesse, comme ceux qui avaient été établis pour servir aux tablesActes 6. 3. Il est essentiel que leur honnêteté soit au-dessus de tout soupçon et qu’il n’y ait aucune crainte de mauvais emplois. Paul rassure les Corinthiens. Suspicion, jalousie, jugement, combien il est triste que ces choses aient pu se manifester au milieu d’eux ! La suite de l’épître nous montrera que certains ne comprenaient pas les motifs de Paul sur d’autres points. Il devra donc en tenir compte.
Tout cela était l’indice d’un commencement de déclin. Au début de la vie de l’assemblée sur la terre, de tels sentiments n’effleuraient même pas les esprits. Les apôtres centralisaient les biens en toute bonne conscience, sans craindre la moindre suspicion. Recevoir, entreposer, puis distribuer, tout se faisait dans une confiance absolue.
Comprenons bien les circonstances de cette épître. Une deuxième visite de Tite aux Corinthiens est envisagée. Il sera accompagné de deux frères. Leur but ne sera pas de convoyer les fonds déjà recueillis par les Macédoniens et les Galates. C’est Paul qui les détiendra encore. Leur visite n’aura pas non plus pour motif de recevoir les dons des Corinthiens, ce sera uniquement pour les aider à se préparer. Ensuite, Paul lui-même viendra et ajoutera leur contribution à celles qu’il a déjà. Et il se chargera d’apporter le tout aux frères de JérusalemRomains 15. 25-28. Même pour cette dernière étape, il envisage la possibilité de ne pas être seul1 Corinthiens 16. 3, 4.
Tite est appelé l’associé et le compagnon d’œuvre de Paul (verset 23). Il va continuer son action pastorale auprès des Corinthiens avec zèle et spontanéité. En même temps ce sera par obéissance à une exhortation, et les deux points ne sont pas contradictoires. Paul rend grâce à Dieu pour ce qu’Il a mis dans le cœur de Tite. Il a toute confiance en lui. Les Corinthiens, eux, le connaissaient déjà en bien. Il était digne d’une telle mission. Il tenait cette responsabilité de Dieu lui-même et il l’avait acceptée volontairement avec joie.
Pour qu’une exhortation ait son effet, il faut que celui qui la donne et celui qui la reçoit aient affaire au Seigneur. Recevons-nous toujours l’exhortation du Seigneur par le moyen d’un frère ? Supportons-nous la parole d’exhortationHébreux 13. 22 ? On comprend que les trois frères envoyés par Paul en précurseurs, étaient porteurs de cette épître (8. 17, 24 ; 9. 3, 5). Tite, bien sûr, n’était pas encore reparti à Corinthe, sinon de cœur, quand l’apôtre écrit ces lignes. Mais quand les Corinthiens liront ce texte, ce sera en présence de Tite et des deux frères qui étaient avec lui.
Le premier des compagnons de voyage de Tite était connu et estimé des assemblées pour son ardeur pour l’évangile. Les assemblées mentionnées étaient fort probablement celles de l’Asie1 Corinthiens 16. 1, qui ont désigné ce frère pour accompagner l’apôtre.
Quand il s’agit d’un service à caractère matériel, service de confiance, les assemblées sont habilitées à choisir le frère qualifié. Ainsi, pour régler le cas des murmures des Hellénistes contre les Hébreux, les apôtres ont dit aux disciples : “Jetez les yeux, frères, sur sept hommes d’entre vous qui aient un bon témoignage…” Actes 6. 3 C’est une charge rattachée à une assemblée locale.
Il n’en est pas de même pour les dons spirituels. Ils viennent directement du Saint Esprit1 Corinthiens 12. 4, et du SeigneurÉphésiens 4. 8. Ces dons sont pour le corps de Christ tout entier.
Ni le nom de ce premier frère, ni celui du second, mentionné au verset 22, ne sont donnés. Ce n’est certainement pas Timothée, cosignataire de la lettre, ni un frère de Macédoine. Ce n’est que lorsque Paul se rendra à Corinthe que la venue d’un ou plusieurs Macédoniens est envisagée (9. 4). Les deux frères en question sont donc d’Asie.
Paul tient à être secondé pour la gestion de cette grande contribution, appelée encore une fois “grâce” (verset 19) et “abondance” (verset 20). L’intérêt de cette forte somme était double :
Si Paul désire ne pas être seul à gérer tous ces dons, ce n’est pas que sa conscience soit mal à l’aise devant le Seigneur. Il attache de l’importance, et ce n’est pas la seule fois, à n’être l’objet d’aucun soupçon. Ne voyons pas là une question d’amour-propre. Mais il ne veut pas qu’on lui fasse confiance de force ; il veut être contrôlable et contrôlé. Il travaille en pleine lumière et veut éviter toute défiance à son égard, à cause du témoignage et de son propre ministère.
C’est dans un tel esprit que les frères chargés, dans les rassemblements, de la répartition des dons font périodiquement le point devant tous de leur gestion financière.
Voici les qualités de ce deuxième frère qui accompagnera Tite. Il avait, en plusieurs occasions, montré à l’apôtre sa fidélité et son dévouement. De plus, ce frère était encouragé dans ses motivations et ses activités par la confiance qu’il avait lui-même dans les Corinthiens.
Néanmoins, c’est Tite qui avait la prééminence. Il était le délégué direct de Paul, à la différence des deux autres qui étaient ceux des assemblées (verset 23). Tite est appelé ici : compagnon d’œuvre de l’apôtre, comme Prisca, Aquilas, Urbain et TimothéeRomains 16. 3, 9, 21. Être plusieurs dans le service spirituel n’est pas une obligation ; par exemple, Philippe l’évangéliste est seul pour rencontrer l’ÉthiopienActes 8. 26. Mais c’est un encouragement et une joie de pouvoir ensemble coopérer à l’œuvre du Seigneur.
Les deux autres frères étaient des compagnons de voyage (verset 9), comme Gaïus et AristarqueActes 19. 29. Ils resteront effacés et méconnus, mais combien estimés du Seigneur ! Être nommés “gloire de Christ”, quel honneur pour eux et pour leur service qui, en effet, devait concourir à cette gloire. Ils ne perdront pas leur récompense. “Ceux qui m’honorent, je les honorerai”, dit l’Éternel1 Samuel 2. 30.
Après avoir parlé des modalités pratiques de la collecte des dons (verset 23), Paul encourage une fois de plus les Corinthiens à montrer la réalité de leur amour. Jean écrira à ce sujet : “Enfants, n’aimons pas de parole ni de langue, mais en action et en vérité” 1 Jean 3. 18. L’amour se montre sous deux aspects complémentaires : les paroles et les actes. L’amour doit être “en vérité”, donc sans hypocrisie. Dieu sait ce qu’il en est. Il doit être aussi “en action”. Cela l’imposera à la conscience des frères. Il était essentiel que les Corinthiens soient prêts. Paul leur rappelle qu’il s’était glorifié de la sincérité de leur amour et s’en était en quelque sorte porté garant. Si les trois frères qu’il leur envoyait constataient eux-mêmes leur droiture, ils pourraient, à leur tour, en porter le témoignage devant leurs assemblées locales respectives.