Les trois derniers psaumes de ce quatrième livre (104, 105, 106) se terminent par l’expression : “Louez Jah !” (ou Alléluia1). La première mention de ce nom divin se trouve dans le cantique de la délivrance chanté par Moïse et les fils d’Israël sur le rivage après la traversée de la mer Rouge : “Jah est ma force et mon cantique, et il a été mon salut” Exode 15. 22. La puissance infinie de Dieu se manifeste dans la rédemption de son peuple, qui entre ainsi dans la faveur de Dieu. Israël voit ce que Dieu a été et est pour lui : “Jah” est alors le thème de la louange de ceux qui ont connu son salut.
Au début de son histoire, Israël rend hommage à “Jah”. À la fin de son histoire si mouvementée, au moment où “l’Éternel règne” (97. 1 ; 99. 1), le résidu médite sur sa bonté et sur ses œuvres (100 à 105) et sa louange s’adresse à Dieu dont la puissance l’a racheté dès son origine. C’est pourquoi l’en-tête et la conclusion de ce psaume sont : “Louez Jah !”
La louange que le fidèle peut aujourd’hui présenter à Dieu est toujours fondée sur la mort et la résurrection de Christ, que nous montrent les trois figures de la Pâque, de la mer Rouge et du Jourdain.
Le psaume exprime la louange que les fidèles d’Israël chanteront à l’aube du règne de Christ, au moment où Dieu va enfin les rassembler. L’appel à la louange repose sur la constatation de la fidèle bonté de Dieu (verset 1), manifestée dans ses actes envers son peuple (verset 2). Le résidu comprendra le bonheur que l’on trouve à obéir à son Dieu (verset 3) – cette joie qui a été les délices de leur Messie rejeté (50. 4-9).
Les fidèles désirent alors que Dieu se souvienne d’eux (verset 4) et leur apporte le salut, afin de les faire entrer dans la joie et dans la gloire de son héritage (verset 5).
Le psaume précédent démontrait la souveraine bonté de Dieu dans toutes ses œuvres en faveur de son peuple Israël. Celui-ci reprend la même histoire (à partir de la mer Rouge), mais sous l’aspect de sa responsabilité envers Dieu, et non sous l’aspect de ce que la grâce de Dieu accomplissait dans les siens. C’est pourquoi ce récit commence par ces mots : “Nous avons péché” et ce verset 6 résume et explique ce qui est arrivé à Israël à cause de sa méchanceté.
“Or ces choses arrivèrent comme types de ce qui nous concerne, afin que nous ne convoitions pas des choses mauvaises, comme ceux-là aussi ont convoité […] Or toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints” 1 Corinthiens 10. 6, 11. Ainsi, les expériences d’Israël sont riches d’enseignements et d’avertissements pour nous. Notre histoire a également deux côtés : la grâce de Dieu nous a sauvés et nous conduira jusqu’au butPhilippiens 1. 6 ; mais notre marche montre trop souvent que nous faillissons à notre responsabilité.
Israël avait été témoin des prodiges opérés par la puissance de Dieu en Égypte. Pourtant, arrivé devant la mer Rouge, le peuple a déjà oublié les bontés de Dieu à son égard, et commence à murmurer (verset 7). Face à l’incrédulité de son peuple, Dieu manifeste sa grâce par sa puissance pour deux raisons :
À peine ce cantique chanté, les premiers pas des Israélites dans le désert leur font oublier les œuvres de Dieu. Ils ne veulent plus penser au “dur service” que les Égyptiens leur imposaientDeutéronome 26. 6, pour ne se souvenir que des pots de viande et du pain à satiétéExode 16. 3. Alors le peuple exige de la viande, au lieu de la manneNombres 11. 1-9, et il fait venir sur lui la colère de l’Éternel (verset 15) Nombres 11. 30-35.
L’application morale de cet événement est instructive : Dieu peut accorder à un chrétien la satisfaction d’un désir matériel, mais cela sera à son détriment. Il ne perdra pas le salut de son âme, mais il fera une perte quant au salut de sa course, c’est-à-dire que cette expérience de sa vie aura été sans fruit pour Dieu, et donc sans récompense1 Corinthiens 3. 15.
La convoitise charnelle est suivie chez les “princes de l’assemblée” d’une convoitise d’ordre spirituelNombres 16. 1, dont la source est la jalousie envers Moïse et Aaron. Revendiquant ses droits et sa gloire, l’Éternel accomplit une “chose nouvelle” 3Nombres 16. 30, pour détruire Coré et sa méchante assemblée (versets 16-18).
Le troisième épisode rapporté est l’idolâtrie du veau d’or (versets 19-23). Bien que cet événement se situe chronologiquement avant les faits rapportés en Nombres 16, l’Esprit Saint suit ici un ordre moral, pour montrer comment le mépris pour les serviteurs de Dieu conduit au mépris de Dieu lui-même.
Le peuple revient aux pratiques idolâtres de l’Égypte ; de la misérable image d’un animal domestique, il veut faire une représentation du Dieu dont il vient de voir la gloire sur la montagne de Sinaï. Ce faisant, il renie son caractère de peuple de l’ÉternelExode 24. 16, 17. Il a oublié ce que le Dieu vivant et vrai1 Thessaloniciens 1. 9 avait fait à ceux qui servaient les idoles de l’Égypte (versets 21, 22).
La mention de l’intercession de Moïse, qui détourne la colère de Dieu contre son peuple apostat (verset 23) est remarquable. En réponse à l’intercession de son serviteur, Dieu lui révèle sa bontéExode 33. 17-23 et sa grâce qui épargne le peuple. Mais si le Dieu saint a pu pardonner ainsi, c’est parce qu’il voyait à l’avance l’œuvre de ChristRomains 3. 25.