Le premier psaume de ce livre est une prière de Moïse. Cet “homme de Dieu” 1 prie, non comme le législateur, mais comme un homme qui connaît le cœur de Dieu. Il y exprime la confiance et le bonheur de celui qui a appris à goûter les soins d’un Dieu fidèle, source de toute vraie joie.
Cette prière évoque toute l’histoire des relations de l’homme avec Dieu et, en même temps, envisage la bénédiction finale d’Israël.
Le sujet du psaume est la souveraineté du Seigneur. Par sa grâce, le Seigneur a réuni autour de lui, au cours des âges, ceux qui sont sortis vers lui, obéissant à son appel. Ceux-ci sont devenus “étrangers et forains sur la terre” et leur patrie est célesteHébreux 11. 13-16. Tel était Israël, sorti d’Égypte sous la conduite de l’auteur de ce psaume.
Et pourtant Israël, groupé autour du tabernacle dans le désert, fut, dans son ensemble, “désobéissant et contredisant” Romains 10. 21, car il n’avait pas reçu avec foi la Parole de DieuHébreux 4. 2.
Mais ici, à la fin de sa vie, Moïse tourne son regard vers le Dieu d’ancienneté, demeure et soutien de son peupleDeutéronome 32. 1-27, dès le début de son histoire et jusqu’au règne du Messie. Au cours des siècles, tous les fidèles ont eu et auront le privilège de trouver leur demeure dans le SeigneurJean 15. 4. Cela est vrai “de génération en génération”.
Dieu avait révélé à Moïse son nom qui exprime sa puissance éternelle et sa divinitéRomains 1. 20. Par sa Parole, les mondes ont été appelés à l’existenceHébreux 11. 3.
Qu’est donc l’homme devant Dieu ? La durée de sa vie, si brève, dépend de la volonté de Dieu qui vit éternellementDeutéronome 32. 35-40. Pour lui, le temps ne compte pas2 Pierre 3. 8 ; il “habite l’éternité” Ésaïe 57. 15 et il embrasse tout, du commencement à la fin.
Même les plus éminents croyants de l’A.T. attendaient d’être pris auprès de Dieu. Ainsi, par exemple, Joseph avait gouverné tout le pays d’Égypte ; mais “il mourut […] et on le mit dans un cercueil en Égypte” Genèse 45. 8 ; 50. 26. Notre vie n’est qu’une vapeurJacques 4. 14, elle est comme la fleur de l’herbe1 Pierre 1. 24. Rien sur terre n’est vraiment durable.
Pourquoi l’homme est-il mortel ? Le péché est entré dans le monde à cause d’un seul homme, Adam, et le péché a apporté “la mort, qui a passé à tous les hommes en ce que tous ont péché” Romains 5. 12. La
Moïse confesse ses iniquités et celles d’Israël et reconnaît l’exercice du
Par ces choses pourtant, nous sommes enseignés à apprendre la crainte de Dieu, qui est “le commencement de la sagesse” (111. 10) Proverbes 9. 10. Si nous réalisons ce qu’est la sainteté de Dieu, nous comprendrons mieux sa colère contre le péché. Quand la crainte de Dieu est entrée dans le cœur du brigand crucifié, il a confessé recevoir une sentence méritée, mais aussitôt après il a fait appel à la grâce du Seigneur et a reçu l’assurance du bonheur éternelLuc 23. 39-43.
C’est à 80 ans, l’âge fixé ici comme limite à la vigueur de l’homme, que Moïse a commencé son service en faveur du peuple. N’est-ce pas pour nous rappeler que ce service ne devait rien à la force de l’homme ? En même temps, l’homme de Dieu nous invite à “compter nos jours”, autrement dit à être conscients de l’importance de chacune de nos journées, ramenées à la brièveté de notre passage sur la terre. Ainsi, nous ferons preuve de sagesseÉphésiens 5. 16.
La sagesse, fruit de la crainte de Dieu, produit aussi dans le cœur la confiance en lui. Moïse l’exprime dans le reste de ce psaume, où il demande au Dieu de l’alliance de donner aux fidèles éprouvés la joie de la délivrance. L’expression “jusques à quand” est la supplication du
“Repens-toi”, implore Moïse ; c’est-à-dire : que ta bonté et la joie de ta faveur remplacent l’affliction de la détresse de JacobJérémie 30. 7. Fais-nous voir ton œuvre, et la grandeur de celui qui l’a accomplie (verset 16) ! Sans doute Moïse pense-t-il à ce qu’il a vu sur la montagneHébreux 8. 5, à la demeure de l’Éternel dans le désert, au milieu de son peuple, à ce travail magnifique qu’il avait achevéExode 40. 33.
“L’œuvre de nos mains, établis-la” : Moïse voit, par la foi, le sanctuaire comme déjà établi par les mains de DieuExode 15. 17. Et Dieu, dans sa grâce, le considère comme l’œuvre des mains de son peuple délivré.
Ce psaume nous présente donc à la fois ce qu’est Dieu et ce qu’est l’homme. Dieu est le même (verset 1), éternel (versets 2, 4), juste et saint (versets 7-11), mais aussi plein de bonté (verset 14) et de grâce (verset 17). Quel contraste avec notre vie humaine, si fugitive (versets 5, 6, 9, 10) et empreinte de tellement de fautes (verset 8) ! Puisque nos jours sont si brefs, utilisons-les donc pour servir le Seigneur, en comptant sur lui et en commençant “au matin” de notre vie.
Le titre “d’homme de Dieu” est donné à sept hommes de l’A.T. : Moïse (Deutéronome 33. 1 ; Josué 14. 6 ; 1 Chroniques 23. 14) ; Shémaïa (1 Rois 12. 22) ; Élisée (2 Rois 5. 8, 20) ; David (2 Chroniques 8. 14 ; Néhémie 12. 24) ; Jigdalia (Jérémie 35. 4) ; Élie, indirectement (2 Rois 1. 9) ; Samuel, indirectement (1 Samuel 9. 6).
De plus, quatre “hommes de Dieu” sont mentionnés sans être nommés (Juges 13. 6 ; 1 Samuel 2. 27 ; 1 Rois 13. 1 ; 2 Chroniques 25. 7).
Dans le N.T., seul Timothée est désigné ainsi (1 Timothée 6. 11).