Dans ce psaume, le Saint Esprit nous parle des souffrances du Seigneur Jésus. En effet, les paroles du psalmiste dépassent de beaucoup les expériences et les sentiments d’un “homme ayant les mêmes passions que nous”. La citation des versets 26 à 28 au début de l’épître aux HébreuxHébreux 1. 10-12 confirme qu’au-delà des circonstances de l’auteur de ce psaume, c’est bien Christ qui parle par l’Esprit de prophétie.
Comme dans d’autres psaumes (22, 40 et 69), nous entendons ici la voix de Jésus affligé. Son amour pour les siens est à la mesure de ses souffrances : “Beaucoup d’eaux ne peuvent éteindre l’amour et des fleuves ne le submergent pas” Cantique des cantiques 8. 7.
Ce psaume présente avant tout les souffrances personnelles du Seigneur dans toute sa vie, souffrances qui culminèrent à Gethsémané et à Golgotha.
Plus tard, le résidu traversera de terribles épreuves, mais il pourra, en lisant ces expressions, sentir que de nombreux siècles auparavant Christ est entré dans toutes leurs détressesÉsaïe 63. 9.
Aujourd’hui aussi, des croyants dans la souffrance peuvent avoir l’assurance de la sympathie du Seigneur qui intercède pour euxRomains 8. 36. Quel encouragement à répandre leur cœur devant un Dieu qui les écoute et qui interviendra pour eux au moment opportunHébreux 4. 16.
Cependant, les souffrances de Christ restent sans égales ; lui, le Fils de Dieu, priait et suppliait et personne n’intercédait pour lui. Finalement, il a été exaucé “à cause de sa piété” Hébreux 5. 7, ce qui ne peut être le cas d’aucun croyant. Toute réponse de Dieu en notre faveur est une pure grâce.
Le titre de ce psaume est particulièrement touchant pour les rachetés de Christ, car il nous le dépeint comme l’homme saint, parfait, placé devant la mort à la fin de sa vie sur la terre. Lui, à la fois l’homme sans péché et le fils de Dieu, est présenté sous trois aspects :
Dès les premiers versets, la Parole dirige nos regards vers une scène extraordinaire : le Fils unique de Dieu, “Dieu sur toutes choses béni éternellement” Romains 9. 5, est devenu homme pour souffrir et mourirHébreux 2. 9, sans cesser d’être Dieu, “le Même”. Et ce seul homme en qui Dieu ait trouvé son plaisirMatthieu 3. 17 ; 17. 5, se trouve dans la plus grande détresse.
Il n’exprime pas un besoin à proprement parler ; il expose plutôt sa faiblesse et la profonde tristesse de son âme. Il demande à être entendu et désire rester sous le regard de Dieu, seul capable de lui répondre au jour de sa détresse.
Il entre ainsi en esprit dans les souffrances des fidèles de son peuple. De même, dans la tribulation, le résidu suppliera l’Éternel de se hâter de le délivrer. En cela aussi, il sera exaucé car les jours de son épreuve seront abrégésMatthieu 24. 22.
Ces versets évoquent Jésus à Gethsémané, saisi de tristesse jusqu’à la mort, allant et priant par trois fois son Père. Il a été exaucé à cause de sa piété, mais il a dû apprendre “l’obéissance par les choses qu’il a souffertes” Hébreux 5. 7. Pensons à ce que Jésus était pour son Père, dans de tels moments ; cela rend d’autant plus frappant le mépris dans lequel les hommes l’ont tenu. Il n’avait pas plus de valeur pour eux qu’un passereau qui se pose un instant sur un toit, s’envole et est aussitôt oublié (verset 8) Luc 12. 6. “Il vint chez soi, et les siens ne l’ont pas reçu” Jean 1. 11 et le résidu repentant dira bientôt : “Nous n’avons eu pour lui aucune estime” Ésaïe 53. 3.
Le cœur de Christ, qui aimait infiniment et parfaitement, connaissait une source supplémentaire d’affliction : son amour était méprisé et rejeté par les hommes. Le monde était alors pour lui comme la demeure du pélican dans le désert (figure de la ruine apportée par le péché) Sophonie 2. 14 ou l’habitation du hibou (allusion aux ténèbres morales du monde).
A leur mépris, les ennemis ajoutent les outrages et la raillerie. Dans leur fureur contre le juste méconnu, ils font de ses souffrances un proverbe, pour souhaiter à ceux qu’ils haïssent de se trouver dans une situation semblable à la sienne. Seule, la foi permet de voir, dans l’homme qui connaît une telle affliction, qui est “jeté en bas”, le glorieux Messie d’Israël.
Le Seigneur ne parle pas de la colère de Dieu “sur” lui ; il n’est pas vu directement ici sous le jugement de Dieu à la croix, mais il se place en sympathie sous l’indignation et la colère divines, que connaîtra la nation2.
Notre Sauveur a éprouvé toutes ces choses dans son âme, avec une incomparable intensitéMatthieu 26. 38 ; Luc 22. 44.
Ces versets nous aident à comprendre jusqu’où peuvent aller les sympathies de “l’homme de douleurs”, pour ceux qui viennent à lui par la foi. “En ce qu’il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés” Hébreux 2. 18.