La prophétie de Daniel annonçait : “Le Messie sera retranché et n’aura rien” Daniel 9. 26. Christ ici, Messie méconnu et rejeté, a sans doute dans ses pensées ces paroles de l’Esprit prophétique : “J’ai travaillé en vain, j’ai consumé ma force pour le néant et en vain” Ésaïe 49. 4.
Mais alors qu’il vient de s’identifier, comme Messie, aux souffrances de son peuple, le Seigneur parle maintenant de la gloire de l’Éternel, qui interviendra en grâce et en puissance en faveur de Sion. Christ est “l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre confession” :
Dieu est immuable ; fidèle à ses promesses, il va bâtir Sion (verset 14). Si même ses serviteurs pensent à elle (137. 5, 6), combien plus l’Éternel pense au lieu qu’il a choisi pour y habiter ! Déjà l’aube du jour nouveau où la gloire du règne sera manifestée, commence à luire pour l’affligé. Ainsi, au moment de son affliction, Christ a pu trouver une consolation en anticipant la joie des serviteurs de l’Éternel quand Sion sera rétablie, et que les nations se soumettront à lui (verset 16). En vérité “l’abaissement vient devant la gloire” Proverbes 15. 33.
N’en est-il pas ainsi du fidèle aujourd’hui ? Pour le chrétien, c’est le temps de la faiblesse et des souffrances ; c’est aussi le temps où Dieu se révèle comme “le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation” 2 Corinthiens 1. 3. Bientôt nous réaliserons que les souffrances du temps présent n’étaient, en effet, “pas dignes d’être comparées avec la gloire à venir, qui doit nous être révélée” Romains 8. 18.
Sion apparaît pour la deuxième fois dans ce psaume :
Ainsi Dieu donnera la grâce et la gloire promises (84. 12).
La délivrance des affligés, la consolation des désolés (versets 18, 21), sont associées à l’apparition de l’Éternel dans sa gloire. Justice et paix sont les caractères du règne glorieux de ChristRomains 14. 17. Israël a été “un peuple rebelle et contredisant” Romains 10. 21 ; le résidu pieux, au contraire, sera un peuple “affligé et abaissé” Sophonie 3. 12, qui aura appris à se confier au nom de l’Éternel. C’est lui cette “génération à venir”, ce “peuple créé pour louer Jah” (verset 19). Cet aspect de la gloire du millenium correspond à celui du psaume 22 (22. 31, 32).
À la différence de la bénédiction terrestre d’Israël, les saints de la période actuelle sont déjà faits “rois et sacrificateurs” par le sang de Christ. La venue de Christ a inauguré le temps actuel de la grâce. Sa prédication dans la synagogue de NazarethLuc 4. 16-21 a annoncé “de bonnes nouvelles aux pauvres […] et l’an agréable du Seigneur”. Il laissait pour plus tard le jour de la vengeanceÉsaïe 61. 2, qui introduit le règne, la bénédiction d’Israël et celle des peuples et royaumes rassemblés pour servir l’Éternel (verset 23).
La paix et le bonheur à venir, dont vient de parler le psalmiste, reposent sur Christ et sur son œuvre. Ces deux versets montrent Jésus dans sa parfaite et réelle humanité. Ils sont une expression du “mystère de la piété : Dieu a été manifesté en chair” 1 Timothée 3. 16. Cependant n’oublions jamais, en voyant l’homme Christ Jésus dans son extrême affliction, que “personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père” Matthieu 11. 27. Il réunit dans sa personne, d’une manière unique et inscrutable, sa divinité éternelle et l’humanité qu’il a revêtue lorsque “la Parole devint chair”.
Le Seigneur Jésus exprime ici les sentiments d’un homme devant la mort. Celui même dont les années ne cesseront pas a dû dire : “Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours !” 1 Il a ainsi subi le sort qui était réservé au méchant (55. 24). Quel contraste entre la fragilité de la condition humaine que Jésus a priseHébreux 2. 14, et l’immuabilité de Dieu (versets 12, 13).
Ce psaume présente le côté de la substitution : Christ, s’étant mis à la place de son peuple et sous les conséquences de ses crimes, en a subi le châtiment et en a porté tout le poids. Nous les nations, sommes maintenant, comme Israël, au bénéfice de toutes les souffrances et de la mort du Seigneur.
Quelle “grande vision” Exode 3. 3 nous ouvre la réponse divine ! L’homme qui meurt si jeune, le Messie dont la force est abattue au milieu de sa vie (versets 24, 25) est bien “Dieu […] manifesté en chair” ; il n’a jamais cessé d’être le créateur de l’univers, celui par qui Dieu a fait les mondes, celui qui soutient toutes choses par la parole de sa puissanceHébreux 1. 2, 3.
Les pensées de Dieu sont bien au-dessus des pensées des hommesÉsaïe 55. 8, 9 et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes1 Corinthiens 1. 25. Le créateur pourrait-il périr ? Non, certes2, et ce n’est pas sans raison que le Saint Esprit cite, au début de l’épître aux Hébreux, la réponse que Dieu fait entendre à l’affligé qui répand sa plainte devant lui : “Toi, dans les commencements, Seigneur3, tu as fondé la terre, et les cieux sont les œuvres de tes mains : eux, ils périront, mais toi tu demeures […] tu es le même et tes ans ne cesseront point” Hébreux 1. 10-12. L’œuvre accomplie, Jésus vit éternellement ; assis à la droite de Dieu, il attend que ses ennemis soient mis “pour marchepied de ses pieds” (110. 1) Hébreux 1. 13. La création passera (verset 27), mais lui demeurera : “Jésus Christ est le même, hier, aujourd’hui et éternellement” Hébreux 13. 8.
Devenu homme, le Messie, le Seigneur Jésus Christ, s’identifie à son peuple, partage ses souffrances, assure sa bénédiction et l’associe à sa gloire. Le psaume se termine ainsi sur la bénédiction à venir du peuple terrestre (verset 29).
La bénédiction de son peuple céleste, l’Église, est plus élevée encore : collectivement, elle sera éternellement l’épouse, la femme de l’AgneauApocalypse 21. 9 et chaque enfant de Dieu entend le Seigneur monté au ciel lui dire : “Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez” Jean 14. 19. Si lui demeure éternellement, les résultats de son œuvre – tous les croyants – demeureront aussi éternellement, comme « monuments de sa grâce ».