L’homme qui s’en va hors du pays est le Seigneur rejeté ; il est monté au ciel et reviendra “longtemps après” (verset 19). Ceux qui lui appartiennent sont laissés ici-bas pour le servir et l’attendre1 Thessaloniciens 1. 9. Cette attente a été considérée dans la parabole des dix vierges, et le service l’est maintenant dans la parabole des talents. Dans l’enseignement que Jésus donne ici, la durée de son absence n’est pas précisée : il peut revenir d’un moment à l’autre. Son absence peut ne pas être prolongée au-delà de la durée de vie de ses esclaves. En tout temps, ils doivent être prêts à rendre compte ; la valeur de leur service sera appréciée en rapport avec “leur propre capacité” et en fonction de leur diligence.
Le maître remet ses biens à ses esclaves ; c’est un homme riche, qui compte par talents1. A chaque époque, le Seigneur confie à ceux qui sont placés dans le champ du service quelque chose à faire fructifier, à savoir, des privilèges liés à la responsabilité du serviteur. Ce sont en particulier des dons spirituels qui doivent être exercés selon l’enseignement de la Parole de Dieu et sous la direction de l’Esprit Saint, ensuite des dons naturels : mémoire, intelligence, qualités de cœur ; ou même des biens matériels et du temps disponible. Tout ceci doit être géré avec sagesse à la satisfaction du Maître.
Notons bien que ce n’est pas à l’esclave de choisir s’il prend cinq, deux, ou un talent, ou même aucun s’il se juge incompétent pour tout service. Le maître donne “à chacun selon sa propre capacité”. Seul, il sait quel travail l’esclave peut effectuer, mais aucun d’eux n’est privé d’activité, ni n’est chargé outre mesure. Chacun doit accomplir la tâche confiée par le maître, et demeure responsable de l’emploi de ses talents. Le maître appréciera à son retour le fruit produit par la diligence du serviteur.
Deux esclaves ont fait valoir leurs talents et ont doublé la valeur des biens confiés. De fait, ils ont travaillé avec autant d’ardeur l’un que l’autre. C’est ce que le maître apprécie, car il leur donne une même récompense. Le Seigneur regarde au zèle et à la fidélité des siens qui travaillent pour lui1 Corinthiens 4. 2. Il se fait connaître à eux comme un bon maître en qui ils peuvent avoir confiance, et qui saura rendre “à chacun selon que sera son œuvre” Apocalypse 22. 12. Nous, croyants, avons tous le même motif d’être actifs et diligents ; notre Maître ne fait pas de préférence. Pensons avant tout à lui être agréables, et écoutons l’exhortation de l’apôtre : “Quant à l’activité, pas paresseux ; fervents en esprit ; servant le Seigneur” Romains 12. 11. Bien souvent, il pourrait dire à l’un de nous comme à Archippe : “Prends garde au service que tu as reçu dans le Seigneur, afin que tu l’accomplisses” Colossiens 4. 17.
A son retour, le maître récompense ses serviteurs ; ce qu’il leur accorde s’allie au sentiment de sa grâce, et dépasse infiniment les services rendus : ils ont été fidèles “en peu de choses” (litt. sur peu de choses), ils sont établis “sur beaucoup”. Cette première récompense est en relation avec l’administration future du royaume qui sera confiée aux saints célestes, sous l’autorité du roi1 Corinthiens 6. 2, 3 ; 2 Timothée 2. 12.
La deuxième récompense : “entre dans la joie de ton maître”, plus précieuse encore, est tout entière pour le cœur. Jésus avait devant lui, pendant le temps de son service dans le monde, une joie qui l’a soutenu dans son chemin de souffrance jusqu’à la croixHébreux 12. 2. Le fidèle disciple du Christ est encouragé de la même manière, quelles que soient les difficultés du service. Demain il sera dans le repos et le bonheur parfait avec son Maître, et partagera avec lui la jouissance du “fruit du travail de son âme” Ésaïe 53. 11.
Il prétend connaître son maître ; c’est pourtant le seul des trois qui ne le connaît pas. Il le qualifie d’homme dur, n’agissant que dans son propre intérêt et s’appropriant ce que d’autres ont péniblement récolté. Telle a été, dès le commencement de l’histoire de l’homme, l’insulte faite à Dieu. Satan a introduit la méfiance dans le cœur du premier homme ; il a insinué que, par l’interdiction de prendre du fruit défendu, Dieu s’était réservé pour lui-même un bonheur dont l’homme serait privé. L’homme a écouté le diable, il est devenu méchant comme lui.
Le maître ne cherche pas à rétablir la vérité dans l’esprit de son esclave, mais le prend sur sa propre parole pour lui prouver sa paresse et sa méchanceté. Si vraiment son maître était dur, il avait d’autant plus de raison de faire un bon usage de son talent, quitte à le placer à la banque pour en donner l’intérêt à son retour. Il aurait pu ainsi échapper à toute sanction.
En réalité cet esclave est méchant ; il n’aime pas son maître, il le craint. Il est paresseux et ne veut pas travailler pour lui ; il cache son talent dans la terre. Que de talents divers, correspondant ici à des privilèges chrétiens, sont enfouis dans les activités et les passions du domaine terrestre, par des hommes responsables mais qui n’ont pas la vie divine. Ils se trouveront dépouillés de tout au jour du jugement (verset 28) !
En résumé, tous les chrétiens ont été placés dans la lumière de l’évangile. Celui-ci exalte la pure grâce de Dieu qui offre un salut gratuit, en vertu de l’œuvre expiatoire de Christ à la croix. Les œuvres ne sont pas préparées par Dieu pour obtenir le salut ou y contribuer, mais pour manifester la foiÉphésiens 2. 8-10 ; Jacques 2. 18. Ceux qui entendent la parole de l’évangile sont responsables de connaître le Seigneur, de l’accepter comme leur Sauveur et Maître, puis de travailler pour lui. Les chrétiens fidèles le font ; ils en reçoivent une riche bénédiction, pour l’éternité. Les infidèles, quelle que soit leur prétention, sont des esclaves improductifs. Non seulement ils seront privés de ce qu’ils pensaient avoir, mais ils connaîtront un terrible sort éternel (verset 30).