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Cette dixième et dernière parabole du royaume des cieux prédit l’état moral de la chrétienté au moment où la venue de Christ est annoncée. Le Seigneur vient de montrer que la fidélité du serviteur est liée à l’attente du retour du Maître. Il souligne maintenant ce que doivent être les affections du cœur dans l’attente de la venue de l’Époux.
Le royaume des cieux a été inauguré lorsque Christ a pris place “à la droite du trône de la majesté dans les cieux” Hébreux 8. 1. Il a envoyé l’Esprit Saint ici-bas en vue du rassemblement des saints célestes, et de leur enlèvement à la rencontre du Seigneur. Les premiers chrétiens étaient préparés à cet événement ; les Thessaloniciens, sortis du paganisme depuis peu, servaient le Dieu vivant et attendaient des cieux son Fils1 Thessaloniciens 1. 9, 10. Au début de la parabole, Jésus évoque cet élan du christianisme initial (verset 1) : détachés d’un système judaïque condamné ou d’un monde idolâtre plongé dans les ténèbres, les croyants des premiers jours étaient sortis à la rencontre du Seigneur.
Le Seigneur, dans cette parabole, ne considère pas directement les liens d’époux qui l’uniront à son assemblée. Il fait allusion à une coutume orientale de l’époque : lors d’un mariage, les noces étaient célébrées dans la fraîcheur de la nuit. L’époux s’avançait vers la salle du festin, escorté par des jeunes filles qui éclairaient son chemin, et lui formaient un cortège d’honneur. Cette figure de l’époux évoque la tendresse des relations entre Christ et les siens, et les jeunes filles vierges symbolisent la pureté de la conduite et des affections des croyants qui portent honneur à Christ.
Les vierges ont pris leurs lampes à huile ; ces flambeaux sont l’image de la profession chrétienne ; elle englobe tous ceux qui se disent chrétiens. Les lampes n’ont aucune utilité si elles ne sont pas alimentées d’huile ; seules, les vierges prudentes en avaient fait provision ; les autres, appelées folles (ou insensées), n’en avaient pas.
L’huile, dans la Parole de Dieu, est une figure du Saint Esprit qui habite dans les croyants. Ceux-ci ont cru au Seigneur Jésus, le Fils de DieuÉphésiens 1. 13 ; 1 Corinthiens 6. 19 ; ils ont reconnu pour eux-mêmes la valeur de son sacrifice à la croix, ils ont été lavés de leurs péchés dans son sang. Par contre, ceux qui portent des lampes sans huile ne sont pas régénérés. Telle est la différence entre les vierges sages et les vierges folles.
“Comme l’époux tardait” dit Jésus. Il n’est toujours pas revenu, cependant il ne tarde pas2 Pierre 3. 9 ; il vient bientôt, selon sa promesse. Mais au cours des siècles, les vierges se sont assoupies, puis endormies. Graduellement le témoignage rendu à la gloire du Seigneur s’est affaibli ; la compromission avec ce monde a fait perdre de vue la proche venue de Christ. La lumière a décru et les chrétiens, dans leur sommeil, se sont confondus avec les incrédules dans leur état de mort spirituelle.
“Au milieu de la nuit, il se fit un cri” (verset 6). L’histoire de l’Église nous apprend que dès le quinzième siècle, la vérité fondamentale du salut par la foi en l’œuvre de Christ à la croix avait été remise en lumière. Mais la venue du Seigneur pour enlever son Église avait été perdue de vue par la plupart des chrétiens jusqu’au début du dix-neuvième siècle. A cette époque, par la grâce de Dieu et la puissance du Saint Esprit, cette “bienheureuse espérance” a revivifié la foi des croyants. Dans le même temps ont été remises à jour certaines vérités fondamentales enseignées dans le N.T. relativement à l’assemblée.
“Voici l’époux ; sortez à sa rencontre”. Depuis ce moment-là, l’Esprit Saint agit pour séparer les croyants de ceux qui sont dans la nuit2 Corinthiens 6. 17 ; 1 Thessaloniciens 5. 4-8 ; il les appelle à sortir à la rencontre de “l’époux”. Le témoignage du Seigneur est devenu plus clair, mais les fidèles sont constamment maintenus en éveil et invités à ne pas s’endormirRomains 13. 11, 12 ; Éphésiens 5. 14.
Les vierges se sont levées et ont apprêté leurs lampes. Celles qui n’ont pas d’huile dans leurs vaisseaux (ou fioles) pour alimenter leurs lampes, les voient s’éteindre avec angoisse (verset 8), mais elles ne peuvent rien attendre des vierges prudentes. C’est de Dieu seul que provient l’huile, et il la “vend” gratuitement ; encore faut-il “l’acheter” à temps1 Les vierges prudentes l’avaient fait, mais elles avaient longtemps omis de s’en servir. Les vierges folles qui l’avaient négligé se rendent compte, mais trop tard, que la lumière qu’elles pensaient avoir était privée de source.
Le Seigneur vient ; il connaît ceux qui sont siens2 Timothée 2. 19, ceux qui ont de l’huile pour tenir la lampe allumée. Il fera lui-même la séparation entre les vierges prudentes et les folles, comme entre le froment et l’ivraie (13. 30), les bons et les mauvais poissons (13. 48).
Dans les pays évangélisés, l’inquiétude croît devant le triste état de la société et la montée irrémédiable de l’iniquité. Mais qui cherche à “acheter de l’huile” à temps ? Qui désire entrer par la porte étroite ? Cependant l’évangile reste en tous lieux une bonne nouvelle : il convie au festin des noces. C’est aujourd’hui qu’il faut croire et ouvrir son cœur ; demain la porte sera fermée (verset 10), comme le fut celle de l’arche devant les insouciants au jour du déluge (24. 38) Genèse 7. 16.
Ce n’est pas la mort ici qui fixe le destin éternel, mais bien la venue de Jésus Christ ; personne n’en connaît le jour ni l’heure (verset 13). Le croyant fidèle veille et attend ; l’incrédule dort, mais il sera laissé ce jour-là ; le chemin de la vie ne lui sera plus jamais offert. Le Seigneur ne connaît que ceux qui n’auront pas pris son nom en vain ; les autres se trouveront derrière une porte fermée, et seront éternellement voués aux ténèbres de dehors (verset 12 ; 7. 23).