Les trois paragraphes du chapitre 3 s’ouvrent par une même formule : “Et si son offrande est…” (versets 1, 6, 12) et se terminent par “c’est un sacrifice par feu” (versets 5, 11, 16).
Cette offrande est appelée “sacrifice de prospérités” ou selon d’autres traductions “sacrifice de paix” ou “sacrifice d’actions de grâces” ou encore de “communion”. Ces différences s’expliquent par la difficulté à rendre le sens du mot hébreu “paix” d’où est tiré le nom de ce sacrifice. Ce mot veut dire beaucoup plus qu’absence de conflits. Il signifie santé, prospérité, paix avec Dieu, qui ne peut être effective sans le salut ; il veut aussi dire louange, communion.
Ce chapitre met l’accent sur les sacrifices, comme si Dieu, par son Esprit, voulait nous communiquer d’abord la signification de ce sacrifice : l’offrande de son Fils.
La loi du sacrifice (7. 11-36) montre la part de l’adorateur, du sacrificateur, d’Aaron et de ses fils dans le sacrifice de paix. Il est difficile de dissocier l’étude de ces deux textes.
Comme les deux précédents, ce sacrifice était offert “par feu, en odeur agréable à l’Éternel” (verset 5). L’adorateur apportait l’animal à l’entrée du parvis. Comme dans l’holocauste, l’Israélite posait sa main sur la tête de la victime (versets 2, 8, 13) en donnant, sans doute, les raisons qui l’amenaient à sacrifier cette offrande : le désir de remercier l’Éternel, ou la volonté d’offrir librement un sacrifice ou encore à l’occasion d’un vœu (7. 12, 16). Là aussi, il égorgeait l’animal afin de recueillir le sang que le sacrificateur aspergeait sur l’autel d’airain (versets 2, 8, 13).
Ensuite, le rituel était très différent de celui de l’holocauste. Au lieu de brûler l’animal tout entier, l’adorateur prélevait soigneusement la queue, les rognons1, la graisse couvrant les reins, les intestins, le foie et la queue (qui constitue un véritable réservoir de graisse chez les races ovines orientales versets 3, 4, 9, 10, 14, 15). Le sacrificateur les faisait fumer sur l’autel. Puis, le sacrificateur qui officiait recevait l’épaule droite (7. 32), tandis qu’Aaron et ses fils obtenaient la poitrine (7. 31). La cérémonie se terminait par un repas au cours duquel l’adorateur, sa famille et ses amis mangeaient le reste de la viande. D’ailleurs, toute consommation de viande devait avoir cet aspect de repas sacré (17. 1-9) Deutéronome 12. 7, 15-18.
Quelques précisions complémentaires caractérisaient ce sacrifice :
Plusieurs raisons pouvaient motiver cette offrande volontaire. La main sur la tête du sacrifice signifiait que l’Israélite reconnaissait que la paix avait été faite. Il donnait alors libre cours à sa joie.
Sentait-il, par ailleurs, qu’il était favorisé pour avoir été choisi comme faisant partie du peuple de Dieu, qu’il avait besoin de la miséricorde divine pour garder l’alliance ? Alors il offrait des sacrifices volontairesExode 24. 7 ; Deutéronome 27. 7.
A d’autres moments, dans une situation souvent sans issue à vue humaine, l’Israélite faisait un vœu (7. 16). Par exemple, Elkana, le mari de Anne, venait offrir chaque année à Silo des sacrifices – de paix probablement – 1 Samuel 1. 3-5. A cette occasion, Anne fait le vœu de consacrer à l’Éternel l’enfant qu’il lui donnera. Sa foi n’est pas déçue, l’Éternel répond à sa prière1 Samuel 1. 19-20. Dès que l’enfant est sevré, Anne le mène à la maison de l’Éternel, le “prête” à l’Éternel ; elle apporte probablement un sacrifice de paix de grande valeur1 Samuel 1. 24-28. Un autre exemple est celui de David, qui fait appel à la miséricorde divine pour que l’Éternel épargne le peuple2 Samuel 24. 25.
Enfin, cette offrande pouvait être une manifestation spontanée de reconnaissance. Ainsi, l’Israélite avait offert les plus belles bêtes de son bétail ; en retour, l’Éternel lui donnait la joie de partager avec les siens un repas dans sa présenceDeutéronome 12. 17, 18. Plus encore, la bénédiction divine était promise à ceux qui obéissaient à la loi : une prospérité matérielle qui montrait, aux yeux de tous, que la faveur de l’Éternel demeure sur ceux qui le craignaient (26. 3, 6).
Lorsqu’il était offert collectivement, ce sacrifice symbolisait, en général, la communion du peuple avec son Dieu. Pour cette raison, les occasions au cours desquelles Israël a offert des sacrifices de paix suivent une chronologie très irrégulière :