L’intention du Saint Esprit, en détaillant les gestes de l’adorateur et du sacrificateur, est de nous présenter d’abord l’excellence de la personne dont la victime n’était qu’une figure. Tout était placé sous le regard divin, “devant l’Éternel” (versets 3, 5, 11). Et chaque détail suggère un aspect de la Personne et de l’œuvre de Jésus Christ. La tête et la graisse (pensées et énergie intérieure), l’intérieur et les jambes (affections, secrets de la vie intérieure, marche), le tout était éprouvé par la Parole de Dieu (l’eau) et pouvait être offert sur l’autel (la croix) et brûlé1 en bonne odeur pour Dieu. Le jugement subi par Jésus à la croix (symbolisé par le feu) mettait en évidence une fidélité qui donne à l’obéissance volontaire de Christ toute sa valeur. En effet, Christ s’offre volontairement au lieu même où le jugement de Dieu s’exerce sur le péché, pour glorifier son Père et pour sauver le pécheur. L’holocauste donc est la figure d’une consécration totale de Christ, la sainte victime, à son Dieu : “Christ… par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache” Hébreux 9. 14. En s’offrant ainsi lui-même, il accomplissait le dessein divin d’éternité : “Voici, je viens, – il est écrit de moi dans le rouleau du livre – pour faire, ô Dieu, ta volonté” Psaume 40. 7-9 ; Hébreux 10. 5-7.
L’Israélite posait la main sur la tête de l’offrande afin qu’elle soit agréée et que propitiation soit faite. Le mot hébreu traduit par “posait”, veut dire “appuyait fortement” Amos 5. 19. Dieu agrée à la fois le sacrifice et celui qui l’offre, identifié à la victime par l’imposition des mains.
L’adorateur n’a pas à craindre de rencontrer Dieu, car l’holocauste apaise la juste colère de Dieu envers l’homme pécheur. Après le déluge, lorsque l’holocauste est mentionné pour la première foisGenèse 8. 20, 21, la Parole dit : “L’Éternel flaira une odeur agréable” ou “de repos”. L’holocauste rend possible la cohabitation entre l’homme et Dieu. Ce même rôle de l’holocauste est souligné lorsque David bâtit l’autel sur la montagne de Morija1 Chroniques 21. 21-27.
Mais l’holocauste signifie davantage encore : l’Israélite qui offrait une victime, témoignait de sa foi et de son obéissance envers Dieu, car Dieu recherchait autre chose que le sacrifice lui-même1 Samuel 15. 22. Cet homme ou cette femme avait éprouvé la fidélité de Dieu dans une circonstance particulière de sa vie : maladie, naissance… Il voulait exprimer publiquement, de façon spontanée, sa reconnaissance.
Nous voyons ainsi ce que Dieu recherche : par la souffrance, ou la maladie, il désire renforcer notre relation avec lui et nous amener à reconnaître avec adoration que nos vies sont dans sa main et qu’il nous aimeDeutéronome 33. 3.
Enfin, la propitiation était faite par le sang versé (versets 4, 5). Bien que l’holocauste ne fasse pas référence directe au péché et que le sang y ait un rôle moins important que dans le sacrifice pour le péché, le sens même de “faire propitiation” souligne l’existence du péché. Ce verbe signifie étymologiquement “couvrir” 2 (17. 11). Celui qui l’offre reconnaît, même en l’absence de péché particulier, son besoin général d’expiationJob 1. 5. Ainsi Dieu, dans sa grâce, offre au pécheur un moyen d’échapper à la mort que ses iniquités méritaient. Il avait alors la paix avec Dieu, il se sentait agréé, c’est-à-dire accepté, pardonné. Ce pardon est un préalable à toute communion avec Dieu.
Aujourd’hui, l’holocauste donne au chrétien l’assurance d’être “rendu agréable dans le Bien-aimé” Éphésiens 1. 6, non en vertu de mérites personnels, mais parce que Dieu, dans sa grâce, lui impute la valeur et les résultats de l’œuvre de Christ à la croix. De même que l’Israélite posait sa main sur la tête de la victime, de même aujourd’hui, par la foi, nous nous identifions avec Christ dans son sacrifice, ainsi nous sommes dans la faveur divine. En Lui, nous recevons une nouvelle identité, une dignité, une gloire que rien ne peut altérer et auxquelles il ne manque rien.
C’est un préalable indispensable à l’adoration. Nous la rendons par l’Esprit, et les sacrifices d’animaux sont désormais caducs. Mais la réalité qu’ils symbolisent, demeure. Ainsi, dans le culte, le croyant ne peut paraître devant Dieu sans apporter quelque chose : un oiseau, un agneau ou un taureau. Sans doute Dieu apprécie-t-il l’humilité de celui qui apporte ce qui correspond vraiment à son état spirituel, mais il apprécie surtout la pleine valeur de l’holocauste – le Bien-aimé du Père – quel que soit le sacrifice présenté, qui est toujours “une odeur agréable à l’Éternel” (versets 9, 13, 17).
Alors, nous contemplons “l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde”. Son excellence personnelle (il est le seul à recevoir ce titre), l’efficacité de son sacrifice (il ôte le péché de façon définitive), l’étendue des résultats de cette œuvre vont bien au-delà de la figure des holocaustes lévitiques (elle ne se limite plus à un peuple, mais s’étend à l’humanité et à la création entières).