Cette remarquable vision des ossements est un des épisodes les plus connus de ce livre méconnu. Elle montre que le peuple d’Israël renaîtra comme nation, même si ce rétablissement a longtemps semblé tout à fait impossible à vue humaine.
Le chapitre se divise en trois parties : la vision (versets 1-10), son interprétation donnée par Dieu lui-même (versets 11-14) et des révélations complémentaires sur le rétablissement de l’unité du peuple élu (versets 15-28).
La vision du prophète (verset 2) était impressionnante : la quantité des os (“fort nombreux”) et leur état (“très secs”) l’obligèrent à laisser à la seule souveraineté de Dieu la réponse à la question : “Ces os revivront-ils ?” (verset 3).
Cette question se posait d’autant plus après que l’Éternel eut donné la signification de ces os (verset 11) : ils représentaient le peuple d’Israël1, dispersé dans une mesure telle que le rétablissement d’une vie nationale semblait absolument impossible.
C’est pourtant ce relèvement inespéré que cette vision développe ; il aura lieu en quatre phases, dont trois ont déjà commencé :
L’interprétation de la vision (versets 11-14) contient une illustration complémentaire : le séjour des Juifs parmi les autres nations est comparé à des tombeaux et le regroupement national du peuple élu à une résurrection hors de ces sépulcres. Cette image correspond à une tragique réalité, si l’on pense aux 13 millions de Juifs qui ont été mis à mort entre l’an 70 et 1948, lors d’innombrables persécutions.
Le rétablissement d’Israël sur sa terre (versets 12, 21) ne touchera pas seulement les deux tribus de Juda et Benjamin avec les Lévites, mais aussi les dix tribus3. Ézéchiel symbolisa cette réunification en mettant ensemble deux bâtons4 (versets 15-17). La blessure du schisme intervenu après la mort de Salomon (vers 930 av. J.-C.) 1 Rois 11. 11-13, >ref code="AK011">30-32 ; 12. 20 sera enfin guérie.
Ce chapitre se conclut sur la vision glorieuse et paisible du règne millénaire du Messie, appelé ici “mon serviteur David” 5 (34. 23, 24) ; il dominera sur un Israël réunifié (verset 22), purifié (verset 23) et sanctifié (verset 28). “L’alliance éternelle” (verset 26) que Dieu conclura avec son peuple est fondée sur le sang précieux de Christ2 Samuel 23. 5 ; Hébreux 12. 24 ; 13. 20 ; et celui qui est dès aujourd’hui notre “grand pasteur”, sera alors le “pasteur” de son peuple terrestre au milieu duquel Dieu habitera.
Si le sens direct de ce chapitre concerne Israël, on peut aussi y voir en figure la vivification opérée par Dieu en notre faveur : il prend des mortsRomains 4. 17 ; Éphésiens 2. 1 pour les ressusciter et les rassembler en un peuple de combattants (verset 10), uni par son Esprit (verset 14) Romains 4. 17 ; Éphésiens 2. 1.
L’action conjointe de l’Éternel et d’Ézéchiel pour ramener à la vie les ossements desséchés présente les deux côtés de l’évangélisation : l’initiative et la puissance de vie viennent de Dieu (“je fais venir en vous le souffle”, verset 5) ; mais il utilise souvent un instrument humain (le prophète devait prophétiser pour que le souffle vienne, verset 10). Si le monde nous apparaissait davantage comme un immense cimetière, nous serions sans doute plus zélés pour y proclamer l’évangileRomains 10. 14, 15.
Sous un autre angle, la vision des ossements nous rappelle l’infidélité de notre témoignage comme corps de Christ. Si l’unité du corps demeure, sa représentation pratique ressemble plutôt à ces ossements, disjoints et sans force. Faut-il alors désespérer (verset 11) ? Non. D’une part, cherchons dans toute la mesure du possible à témoigner de l’unité des saints ; aimons-nous cette unité ? – et, jusqu’à présent, avons-nous œuvré concrètement pour réunir les saints sur la seule base de l’unité du corps de Christ ? D’autre part, le jour vient où l’unité et la beauté de l’Église seront visibles à tousJean 17. 22, 23 ; 2 Thessaloniciens 1. 10.