Les chapitres 35 et 36 forment un ensemble1 :
Ils se placent au temps de la fin (35. 5b), lors du retour d’Israël de sa dispersion mondiale (36. 8, 24). Ils exposent la révolte des nations du Proche Orient contre ce retour au pays (36. 3, 4, 5, 7, 36). Si l’Éternel concentre sa colère sur les Édomites, proches parents d’Israël, c’est que ce peuple est particulièrement coupable : sa haine fratricide n’a cessé de poursuivre le peuple éluAbdias 10, 123.
Le verdict divin tombe sur le pays d’Édom : à une inimitié perpétuelle (35. 5), Dieu répondra par une désolation perpétuelle (35. 9). Selon cette prophétie, le sud de la Jordanie deviendra une “désolation”, un lieu de terreur (35. 3, 4, 7, 9, 14, 15) 4. De plus, des carnages effroyables s’y dérouleront (35. 6, 8) 5.
Comme dans tout le livre, Dieu prend soin de préciser les attendus du jugement, car il n’agit jamais de façon arbitraire. Les péchés d’Édom étaient multiples :
1. la haine (verset 11), traduite par son “inimitié perpétuelle” contre le peuple d’Israël (verset 5a) ;
2. l’esprit de vengeance, qui l’a conduit à livrer des Israélites à la mort au temps de leur détresse (verset 5b) ;
3. la convoitise, puisqu’il voulait s’approprier le pays d’Israël (verset 10) 6 ;
4. la jalousie envers Israël, le peuple élu de Dieu (verset 11) ;
5. les paroles outrageantes envers le pays promis (verset 12) ;
6. le blasphème, exprimé par ses paroles contre l’Éternel, le Dieu d’Israël (verset 13) : en refusant à Israël la possession de sa terre, il s’élevait en fait contre l’Éternel lui-même.
L’inimitié perpétuelle des Édomites contre Israël prit naissance dans la haine de leur ancêtre Ésaü contre Jacob son frèreGenèse 27. 41. Elle se poursuivit pendant toute la période bibliqueNombres 20. 14-21 ; 1 Samuel 14. 47 ; 1 Rois 11. 14 ; 2 Chroniques 20. 10, 11 ; Amos 1. 11, 12 jusqu’au 20e siècle. Pendant la Seconde guerre mondiale, “Édom” et “le reste des nations qui sont tout alentour” (36. 4, 5), que nous désignerions aujourd’hui comme les “Arabes”, firent pression sur les Anglais pour empêcher les Juifs qui voulaient fuir les pays totalitaires d’immigrer en Palestine. Ainsi un très grand nombre de Juifs, enfants et adultes, perdirent la vie, comme l’avait prédit Ézéchiel (35. 5).
Le lendemain de la proclamation de l’État moderne d’Israël, le 14 mai 1948, la Jordanie et cinq autres pays arabes attaquèrent la nouvelle nation pour la détruire. Ils conquirent la Samarie et une partie de la Judée, tuèrent ou expulsèrent les Juifs qui y habitaient et pillèrent leurs biens (36. 5). La Jordanie annexa ces deux territoires, exactement selon la prophétie de ce chapitre : “Parce que tu as dit : Les deux nations et les deux pays seront à moi, et nous les posséderons…” (35. 10 ; 36. 2).
Ainsi, les prophéties de ce chapitre se sont-elles déjà partiellement accomplies : toutefois, le jugement total et final d’Édom est encore futur. Cet événement est d’une telle importance qu’un livre entier de la Bible lui est consacré : le prophète Abdias. A la fin des temps, Édom s’attaquera aveuglément à Israël, inconscient de la présence de Dieu au milieu de son peuple : “L’Éternel y était” (35. 10). Édom partagera donc avec l’Assyrien la terrible responsabilité de combattre le peuple élu à un moment (encore futur) où il est déjà reconnu de son Dieu. La ruine de l’une et de l’autre de ces deux nations sera irrémédiable : “Il n’y aura pas de reste de la maison d’Ésaü, car l’Éternel a parlé” Abdias 18.
On peut en relever au moins trois :
Conformément à la malédiction prononcée précédemment (6. 1-14), ces montagnes – et le pays en général7 – furent désolées, non seulement par les guerres babyloniennes du temps d’Ézéchiel, mais surtout au cours des 18 siècles qui suivirent la destruction de Jérusalem en 70 ap. J.-C.
Cette malédiction fut l’occasion pour les ennemis d’Israël de se moquer de lui (versets 2-4). Ils pensaient – et pensent toujours – que la dispersion des Juifs et la destruction du pays qui suivit, prouvent qu’Israël n’a plus aucun droit sur le pays promis. L’homme qui ne se soumet pas à la parole de Dieu croit pouvoir décider le partage de la terre sainte selon ses propres idées. Mais Dieu condamne toutes ces discussions et ces multiples considérations : pour lui, ce ne sont que “bavardage de la langue” et “mauvais propos des hommes” (verset 3), car le pays promis est “son pays” (verset 5 ; 38. 16) Lévitique 25. 23. Étudions-nous à ne pas donner la main à l’ennemi en “bavardant” contre nos frères, ceux que Dieu appelle son peuple.
Mais Dieu promet que le pays d’Israël, autrefois désolé et dévasté, redeviendrait fertile, au point d’être comparé en beauté au “jardin d’Éden” (36. 35). Les anciennes villes détruites seraient reconstruites et le peuple juif s’y multiplierait à grande échelle (36. 10). Les collines, qui étaient autrefois des lieux d’idolâtrie privilégiés (6. 1-6), ne seraient plus une occasion de chute (versets 13-15).
Ces prophéties ont déjà commencé à s’accomplir : depuis le début du retour des Juifs en Palestine en 1882, le pays s’est repeuplé, puisque des millions de personnes y habitent. Les colons ont petit à petit transformé une terre désertique en un pays magnifique, en plantant par exemple plus de 200 millions d’arbres.
L’accomplissement final reste cependant à venir, lorsque la “maison d’Israël tout entière” sera rassemblée (verset 10). De même que la “dernière gloire” du temple dépassera la premièreAggée 2. 9, dans le futur, Dieu bénira davantage la terre d’Israël qu’elle ne l’a jamais été (36. 11). Combien les plans de Dieu sont merveilleux et pleins de grâce !