Ce chapitre se lie étroitement au chapitre 1. Nous y retrouvons le char vivant qui porte le trône de Dieu. Plusieurs détails sont répétés, avec des informations supplémentaires.
Par exemple, il est clairement dit ici que ces “êtres vivants” sont des “chérubins” (verset 20). A première vue, leurs visages semblent différents : les êtres vivants avaient sur une de leurs quatre faces le visage d’un bœuf (1. 10), alors qu’ici ils avaient une face de chérubin (verset 14). Mais le verset 22 donne l’explication : les visages étaient exactement les mêmes ; le visage de chérubin correspondait donc à un visage de bœuf.
De même, non seulement les jantes étaient pleines d’yeux (1. 18), mais tout était plein d’yeux (verset 12) ; le chapitre 10 insiste encore davantage sur l’omniscience de Dieu. Cela fait d’autant plus ressortir la folie des soixante-dix anciens qui disaient : “L’Éternel ne nous voit pas” (8. 12). Le jugement qui allait s’exécuter sur le peuple n’était ni une sentence arbitraire, ni une fatalité aveugle ; Dieu juge selon sa vérité et sa parfaite connaissance de l’état de chacun.
Ézéchiel vit encore l’homme vêtu de lin. Ce dernier devait aller à l’intérieur de ce char composé de chérubins pour y chercher des charbons de feu brûlants. Il devait ensuite les répandre sur la ville (versets 1, 2). Dans les versets 6 à 8, nous le voyons commencer à obéir à cet ordre de Dieu1.
La même personne qui avait agi en grâce vis-à-vis des fidèles (chapitre 9) dut accomplir ce signe de jugement de la part de Dieu sur Jérusalem.
Une scène analogue est décrite dans l’Apocalypse. Comme dans notre chapitre, le même messager qui rend efficace les prières des saints prend du feu sur l’autel pour le jeter en jugement sur la terreApocalypse 8. 5. Cet “autre ange” est sans doute Christ. A son travail en rédemption et en secours pour les siens succédera son terrible travail en jugement contre les impies. Dieu est à la fois “amour” et “lumière” 1 Jean 4. 8 ; 1. 5.
Ce chapitre montre comment Dieu se retira de Jérusalem peu avant la destruction du temple. Quelle profonde douleur pour l’Éternel de s’éloigner de son peuple élu et de ce lieu qu’il avait choisi pour y faire habiter son nomDeutéronome 12. 5 !
Le feu (verset 7) et la nuée (verset 3) rappelaient la colonne qui avait guidé les Israélites dans le désert ; mais du temps d’Ézéchiel, les Juifs refusaient de se laisser diriger par l’Éternel.
Lors de l’inauguration du temple de Salomon, le feu était descendu et la nuée de la gloire de Dieu avait rempli la maison2 Chroniques 5. 13, 14 ; 7. 1-3. En dépit de toutes les infidélités qui avaient marqué l’histoire d’Israël et de Juda depuis ce jour glorieux, la présence de Dieu était restée là. L’Éternel avait supporté les idoles de Salomon, les crimes d’Athalie, les abominations de Manassé. Mais désormais l’iniquité avait atteint son comble. Dans ce temple auquel est liée la saintetéPsaume 93. 5, la souillure était telle que Dieu était pour ainsi dire forcé de partir (8. 6).
Ce départ se déroula en plusieurs phases. Dieu est comme réticent à rejeter son peuple en dépit de toute sa désobéissance et de toute sa dureté de cœur. Combien la « lenteur à la colère » et la « longue patience » de Dieu se montrent dans ces chapitres !
Le départ de la gloire de l’Éternel est un événement d’une portée considérable. A ce moment s’accomplit la terrible prophétie prononcée environ 150 ans auparavant par Osée : Dieu avait annoncé qu’il ne considérerait plus le peuple d’Israël comme son peuple, il serait “Lo-Ammi” (ce qui signifie “pas mon peuple”) Osée 1. 9. Après l’exil babylonien, les Juifs ont reconstruit le templeEsdras 3-6, mais la nuée de la gloire de Dieu n’y est plus jamais retournée. Jusqu’à aujourd’hui, le peuple juif est resté sans la gloire de l’Éternel dans le templeOsée 3. 4.
Plus tard, la gloire de l’Éternel apparut à nouveau sur la terre d’Israël sous l’humble forme de Jésus de Nazareth. Venu à Jérusalem, celui qui est “le resplendissement de la gloire de Dieu” Hébreux 1. 3 entra dans le temple, mais ne voyant rien qui puisse lui plaire, “il sortit” Marc 11. 11. Après avoir été rejeté par la masse de son peuple, Jésus ressuscité sortit de la ville et monta au ciel du même mont des Oliviers d’où la gloire était partie 600 ans plus tôtActes 1. 9-12 ; Luc 24. 50, 51.
Mais le livre d’Ézéchiel se termine sur une vision profondément consolante : la nuée retournera dans le temple au début du règne millénaire du Messie (43. 1-6). Elle viendra de l’orient et entrera par la même porte que celle par laquelle elle partit autrefois. Israël sera à nouveau pleinement reconnu comme le peuple de Dieu. Israël ne sera plus “Lo-Ammi”, mais “Ammi” (ce qui signifie “mon peuple”) Osée 1. 10 ; 2. 1, 23. D’ailleurs, comme la nuée glorieuse retournera de l’orient, depuis la montagne des Oliviers, c’est toujours à ce même endroit que le Seigneur Jésus se tiendra comme homme lors de son retour glorieux pour régner sur son peupleZacharie 14. 3, 4 ; Actes 1. 11, 12.
Ainsi, cette section des chapitres 8 à 11 d’Ézéchiel marque le début d’une période tragique de 2600 ans environ pendant laquelle Israël est privé du signe glorieux et visible de la présence de l’Éternel.