A partir du chapitre 4 commence le service public d’Ézéchiel. Dieu lui demanda de se livrer à plusieurs actes symboliques pour illustrer son message. Ces signes préfiguraient les circonstances qu’allait connaître le peuple d’Israël.
Ils avaient un double but :
Le premier signe annonçait le siège final de Jérusalem, qui eut lieu en 586 av. J.-C. et s’acheva par la destruction totale de la ville. Mais si le message d’Ézéchiel dut commencer par la destruction de Jérusalem, souvenons-nous qu’il finira par la vision de la gloire finale de cette même cité (48. 35).
La plaque de fer dressée entre la brique (symbolisant la ville) et le prophète rappelait l’avertissement déjà donné par Ésaïe : “Vos iniquités ont fait séparation entre vous et votre Dieu” Ésaïe 59. 2.
Dans le deuxième signe, Ézéchiel s’impliquait davantage. Il devait rester couché pendant une durée déterminée pour “porter l’iniquité” de son peuple. Bien entendu, il s’agissait ici d’un acte purement symbolique et non pas substitutif. Mais il préfigure le sacrifice du Seigneur sur qui “l’Éternel a fait tomber l’iniquité de nous tous” Ésaïe 53. 6.
Deux périodes successives sont mentionnées :
Une relation étroite existe entre les deux destructions de Jérusalem en 586 av. J.-C. et en 70 ap. J.-C., comme le montre la suite du livre.
Le troisième acte annonçait la famine qui aurait lieu lors du siège de Jérusalem (“briser le bâton du pain”, 4. 16, 17 ; 5. 16 ; 14. 13). Le froment donnait le meilleur pain. Mais lorsqu’il manquait, on était forcé d’y ajouter d’autres ingrédients de qualité inférieure (verset 9). La ration de 20 sicles de pain (environ 200 g) (4. 10) et d’un sixième de hin d’eau (6 dl) était bien inférieure à la ration normale pour une journée au Proche-Orient.
Ézéchiel aurait dû manger du pain rendu impur par son mode de cuisson (4. 12). De même, dans leur exil, tant à Babylone qu’après l’an 70, les Juifs seraient souvent forcés de manger de la nourriture impure selon les lois rituellesOsée 9. 3, 4. En Juif pieux (4. 14), le prophète refusa de s’alimenter ainsiActes 10. 14, bien qu’il s’agisse d’un commandement divin, car il contrevenait à tout ce qu’il avait fait dans le passé. Alors le Seigneur lui permit de modifier son mode de cuisson (verset 15). Il est touchant de voir combien Dieu respecte notre conscience. Il sait que nous avons besoin de temps pour changer notre manière de voir. Cette délicatesse divine nous est en exemple dans nos relations avec nos frèresRomains 14. 1-23 ; 15. 1-7.
Ézéchiel dut s’impliquer plus encore : Dieu lui prescrivit de couper ses cheveux et sa barbe. Il dut ensuite en faire trois tas.
L’explication du signe est donnée au verset 12 :
Déjà Moïse avait annoncé ces châtimentsLévitique 26. 14-33 ; Deutéronome 28. 15 et l’histoire d’Israël depuis ces prophéties a confirmé que Dieu a bien exécuté sa Parole.
Dieu justifie son jugement (“c’est pourquoi”, 5. 7, 10, 11) et pèse la responsabilité de chacun (5. 1). Ces calamités viendraient sur Jérusalem parce que ses habitants avaient agi d’une façon plus immorale encore que les païens qui les entouraient. Pourtant ils jouissaient de l’immense privilège de faire partie du peuple élu de Dieu.
Notre position comme chrétiens est encore plus privilégiée que celle du peuple terrestre de Dieu. Alors n’oublions pas que cette noblesse nous oblige à vivre en mettant en pratique les enseignements de la Bible.
Des explications diverses ont été avancées concernant les deux périodes de 390 ans et de 40 ans, mais elles paraissent moins convaincantes. En voici quelques exemples :
a) Les 390 et les 40 ans rappelleraient les 430 ans de séjour en Égypte (Exode 12. 40-41). Objection : ces 430 ans s’appliquent au peuple entier, alors qu’Ézéchiel distingue entre “Israël” (390 ans) et “Juda” (40 ans).
b) Les 390 ans correspondraient à la période allant du schisme qui suivit la mort de Salomon jusqu’à la destruction de Jérusalem, tandis que les 40 ans se référeraient au temps du règne de Salomon. Objection : la période allant de la mort de Salomon jusqu’à la destruction de Jérusalem est en réalité plus courte que 390 ans (de 931 av. J.-C. à 586 av. J.-C., soit 345 ans) ; de plus, le règne de Salomon fut pour sa plus grande partie une période de bénédiction et seule sa fin fut marquée par l’idolâtrie du roi.
c) Les 390 ans correspondraient à 10x39 ans, allusion à la punition de “quarante coups moins un” (2 Corinthiens 11. 24) pour les 10 tribus. 1x40 coups parleraient de la punition totale (Deutéronome 25. 3) pour la tribu de Juda, plus responsable que les autres à cause de sa position royale et messianique. Objection : le texte ne parle pas de “coups”, mais de jours et d’années.