Ézéchiel était au bord du fleuve Kebar, au milieu des captifs, quand Dieu lui apparut en vision (1. 1, 3). Or, après avoir reçu son appel, l’Esprit l’enleva et il revint près du même fleuve Kebar (versets 14, 15). Si physiquement le prophète était demeuré en Babylonie, spirituellement il avait été transporté au pays d’Israël pour y voir la tempête venant du nord (symbolisant l’arrivée des armées babyloniennes) (1. 4). Le prophète reçut son appel au service dans le lieu où la gloire de l’Éternel habitait, c’est-à-dire à Jérusalem (verset 12), le lieu choisi par Dieu pour y faire habiter son nom1. Plus tard, il serait encore transporté en esprit à Jérusalem pour y voir l’abomination des hommes de Juda (8. 3).
Après avoir eu cette vision extraordinaire, Ézéchiel dut finalement rentrer vers les exilés, en Babylonie. Sans doute ce retour lui fut-il pénible. Mais sa mission était dans le pays de ses ennemis. Il n’est pas facile de discerner les raisons de l’amertume d’Ézéchiel (verset 14) ; peut-être le prophète était-il irrité contre le peuple rebelle vers lequel l’Éternel l’envoyait et qui refusait d’écouter un Dieu aussi glorieux. Plus tard, le Seigneur aussi regardera les Juifs “avec colère, étant attristé de l’endurcissement de leur cœur” Marc 3. 5.
Ézéchiel eut besoin de sept jours pour repasser dans son esprit cette vision de la gloire du Seigneur. Ne nous précipitons pas pour faire part aux autres de ce que nous venons à peine de comprendre, ni pour raconter nos expériences profondes avec le Seigneur. Laissons au contraire à l’Esprit le temps de nous pénétrer du sens profond du message que Dieu nous a donné.
D’une façon surprenante, c’est “au milieu” des transportés – ces hommes dont beaucoup étaient pourtant tellement éloignés de la gloire de Dieu – que le prophète médita sur la vision et l’appel qu’il avait reçus (verset 15). Nous avons à vivre “au milieu” de ceux qui ne connaissent pas le Sauveur et qui “n’atteignent pas à la gloire de Dieu” Romains 3. 23. Car ainsi nous entrerons dans leurs difficultés, nous comprendrons leurs vrais besoins, pour leur apporter “l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux” 1 Timothée 1. 11. De plus, cette place nous indique la manière de présenter le message que Dieu nous confie : s’il nous a révélé quelque aspect de la gloire de son Être, ce n’est pas une raison pour nous placer au-dessus des autres. L’humilité envers notre prochain va de pair avec l’humilité devant Dieu (1. 28b). A l’image de l’apôtre Paul1 Corinthiens 9. 20-23 et dans la soumission à Christ, un messager doit se mettre à la portée de ses auditeurs, qui seront d’autant plus réceptifs qu’il ne se placera pas au-dessus d’eux. Il en va d’ailleurs de même pour le service parmi les croyants d’une Église en ruine.
Au bout d’une semaine, Dieu vint montrer à Ézéchiel combien était solennelle sa responsabilité. Cette exhortation était d’autant plus importante qu’elle lui fut répétée presque mot pour mot au début de la troisième section du livre (33. 1-9). Quatre cas sont présentés dans les quatre versets 18 à 21. Deux concernent un méchant (versets 18, 19), deux autres un juste qui se détourne (versets 20, 21). Pour chacun, Dieu présente successivement :
La même responsabilité se retrouve dans le N.T. pour le messager négligent : “Je suis net du sang de tous”, dit Paul aux anciens d’Éphèse, “car je n’ai mis aucune réserve à vous annoncer tout le conseil de Dieu” Actes 20. 26, 273. Ailleurs, Paul s’écrie : “Malheur à moi si je n’évangélise pas !” 1 Corinthiens 9. 16 Bien sûr, le premier motif de notre témoignage est “l’amour de Christ” qui doit nous “étreindre” 2 Corinthiens 5. 14. Mais si cet amour faiblit dans notre cœur, notre conscience a besoin d’être tenue en éveil comme peuvent le faire de tels passages.
Que faire, lorsque nous avons failli à notre responsabilité d’avertir les pécheurs et que nous sommes alors devenus coupables de leur sang ? Dans ce cas aussi, le pardon nous est assuré si nous confessons ce péché1 Jean 1. 9 : si nos péchés sont “rouges comme l’écarlate” (la couleur du sang), ils peuvent devenir blancs comme la laineÉsaïe 1. 18.
Avant de commencer son service, Ézéchiel vit une nouvelle fois la gloire de l’Éternel. Émerveillé par elle, il se prosterna de nouveau devant le Tout-Puissant (versets 22, 23). Comme la première fois, le Saint Esprit lui donna la force de se lever pour accomplir son service envers les hommes (verset 24 ; 2. 2). Il ne suffit pas que la majesté du Seigneur Jésus nous ait touchés dans une occasion déterminée ; cette expérience doit se renouveler tout au long de notre service pour qu’il soit à la gloire de Dieu.
Ézéchiel présenterait l’essentiel de son message chez lui, contrairement à Jérémie qui prêchait sur la place publiqueJérémie 19. 14. Suivant notre position, notre don ou notre âge, nous serons amenés à parler de Dieu dans le privé ou en public ; mais dans tous les cas, le Seigneur nous demande d’être des sentinelles fidèles.
Ézéchiel devait aussi rester entièrement muet (versets 24-27). Il n’était autorisé à parler que lorsque Dieu lui donnait un message (verset 27) 4. Cette manière de faire aurait semblé étrange dans des conditions normales. Mais dans cette situation de rébellion du peuple (verset 26), le mutisme faisait d’autant plus ressortir la solennité du message d’Ézéchiel. Ce n’est qu’après la destruction de Jérusalem qu’Ézéchiel changea d’attitude sur l’ordre de Dieu (24. 25-27 ; 33. 21, 22). Ainsi notre service pour Dieu peut varier et ne suit pas des règles immuablesActes 8. 26. Laissons-nous conduire par l’Esprit, qui “souffle où il veut” Jean 3. 8 ; 1 Corinthiens 2. 15, comme le vent dont la direction ne peut être déterminée à l’avance.