Après avoir exhorté les croyants à “garder l’unité de l’Esprit”, l’apôtre développe les divers points de vue sous lesquels l’unité1 peut être envisagée, en rapport avec les trois personnes divines, l’Esprit, le Seigneur et Dieu le Père.
L’apôtre revient sur l’enseignement des premiers chapitres, sur la révélation du mystère qui avait été caché jusque là : “Il y a un seul corps et un seul Esprit”. Le corps de Christ formé par le Saint Esprit (1. 13, 23 ; 2. 16, 18 ; 3. 3-6) est animé par “le seul et même Esprit” 1 Corinthiens 12. 11-13 qui met en relation les membres sur la terre et la tête, ou le chef, Christ dans le ciel. Il est ajouté : “comme aussi vous avez été appelés pour une seule espérance de votre appel”. L’appel céleste est, dans cette épître, le fondement de la doctrine et celui de la marche pratique. Paul priait ardemment pour que les Éphésiens sachent quelle est l’espérance de l’appel de Dieu et il en fait le motif de son exhortation (4. 1). L’unité du corps de Christ, celle des membres liés à la tête, est une réalité sur la terre (là où sont les membres) et dans le ciel (là où est la tête). Toute notre vie doit la montrer sur la terre.
Si Dieu forme une telle unité, il en est nécessairement le centre. Il ne donne pas sa gloire à un autre. Et puisqu’il en est le centre, chacune des personnes divines y contribue. La foi chrétienne est la foi au Seigneur Jésus ; c’est aussi l’ensemble de la vérité révélée par lui. Il n’y a pas plusieurs objets de foi différents, ni plusieurs doctrines concurrentes ou apparentées : “vous avez été instruits selon que la vérité est en Jésus” (verset 21). On est baptisé pour le nom du Seigneur et il n’y a pas d’autre baptême que celui-là dans la période actuelle. Le baptême pour Moïse1 Corinthiens 10. 1, 2, le baptême de Jean ont eu leur place dans le passé.
Tous les croyants de la période actuelle sont des enfants de Dieu : ils connaissent le Père et font partie de la même famille. C’est aussi de lui que toutes choses procèdent ; il est au-dessus de tout et de tous les hommes ; il est partout et habite dans les croyants (nous tous).
Dieu, dans les trois personnes divines, est le centre de l’unité. Les trois aspects de cette unité sont révélés aux croyants, qui ont accès au Père par Christ et par un seul Esprit (2. 18). C’est leur part bénie. Toutefois, à ces trois aspects de l’unité se lient trois sphères dont l’étendue va en croissant.
Seuls ceux qui ont cru et qui ont été scellés du Saint Esprit font partie du corps de Christ1 Corinthiens 12. 13.
Le Seigneur Jésus est annoncé au monde, mais ce ne sont pas tous ceux qui disent “Seigneur, Seigneur” qui seront reconnus par lui comme lui appartenantMatthieu 7. 21. L’ensemble de tous ceux qui sont baptisés au nom du Seigneur constitue la chrétienté. Dans cette sphère, plus étendue que le corps de Christ, se trouvent mélangées des personnes vraiment croyantes et d’autres qui ne sont attachées qu’extérieurement au Seigneur.
Dieu est le Père de tous ceux qui ont accepté Christ. Ils sont devenus ses enfants, nés de DieuJean 1. 12, 13, et son Esprit habite en euxRomains 8. 11. Mais tous les hommes ont été créés par lui à son image. “Car aussi nous sommes sa race” Actes 17. 28. De plus, en se faisant connaître comme Père par l’évangile, Dieu a fait connaître à tous les hommes qu’il les aime et qu’il les considère comme des enfants égarés dont il attend le retourLuc 15. 20. Ne l’avait-il pas déjà déclaré aux fils d’Israël éloignés de luiÉsaïe 63. 16 ? Il n’y a pas d’autre Père aimant ainsi ses créatures vers lequel on puisse se tourner. Cette troisième sphère d’unité englobe tous les hommes, même ceux qui n’en profitent pas.
Dieu nous a comblés, collectivement, de “bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ” (1. 3). Tous les croyants, Juifs et nations sont liés en un seul corps à Christ élevé au ciel. Mais chacun de nous a reçu de Christ un don de grâce. Sa mesure est adaptée à celui qui le reçoit et son emploi contribue au bien de tout le corps.
Paul cite un passage du psaume 68 pour montrer que ces dons avaient été annoncés à l’avance comme une conséquence de l’élévation de Christ, homme glorifié, après son triomphe sur l’Ennemi qui tenait les hommes captifs sous son pouvoirHébreux 2. 16. Plusieurs pensées s’enchaînent alors quand nous contemplons le chemin parcouru par celui qui fait de tels dons, Christ lui-même. Sa grandeur éclate dans ce triomphe : Dieu “l’a fait asseoir à sa droite… au-dessus de toute principauté et autorité et puissance et domination… non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir” (1. 20, 21) 2.
Mais celui qui est monté n’est pas un homme qui a été élevé au-dessus de sa condition naturelle. C’est celui à qui cette place est éternellement due, mais qui en est volontairement descendu. Non seulement il s’est anéanti en devenant un homme sur la terre, mais il s’est abaissé jusqu’à la mortPhilippiens 2. 7, 8, “dans les parties inférieures de la terre”, dans la tombe. Et c’est d’entre les morts que Dieu l’a ressuscité pour l’élever dans la gloire. L’Esprit de Dieu nous amène une fois encore à nous arrêter en présence de ce qu’il a dû traverser. Cette épître qui développe les glorieux résultats de l’œuvre de Christ, ne mentionne pas explicitement ses souffrances, mais elle parle de son abaissement, de son sacrifice, pour faire ressortir :
C’est donc le même qui est descendu et qui est aussi monté, non seulement “au ciel” 1 Pierre 3. 22, mais “au-dessus de tous les cieux”. C’est la place de celui qui remplit toutes choses3. Et il l’a reçue comme conséquence de l’accomplissement de l’œuvre de la rédemption.