L’œuvre de Christ à la croix a donc opéré une seconde réconciliation, celle de créatures humaines, mais non celles d’êtres célestes ou infernaux. C’est la réconciliation des croyants, qui ôte leur inimitié contre Dieu, leur accorde le pardon de leurs péchés et les purifie de toute leur souillure, pour les introduire dans la nouvelle création.
Auparavant, nous étions, comme les croyants à Colosses, étrangers et ennemis. Souillés et coupables, nous avions toutefois un entendement1, la faculté morale qui distingue l’homme de la bête et qui nous aurait permis d’être en relation avec Dieu. Mais le péché nous avait éloigné de Dieu (étrangers), nous opposait à lui (ennemis) ; toutes nos capacités naturelles étaient au service du mal pour produire des œuvres mauvaises. Triste tableau des ténèbres morales d’où Dieu nous a tirés !
Mais maintenant, nous sommes réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils incarné (verset 22) Romains 5. 10. Désormais, Dieu nous confie le service de la réconciliation, le thème et la bénédiction les plus élevés de l’Évangile2 Corinthiens 5. 18, 19.
Selon les desseins éternels de Dieu, nous sommes déjà en Christ “saints et irréprochables devant lui en amour” Éphésiens 1. 4. Mais ici l’apôtre présente le but final que Dieu s’est proposé pour nous, qui est de nous placer devant lui dans sa propre gloire, revêtus des caractères et des perfections de Christ : 1. saints (purs et sans tache) ; 2. irréprochables (ou sans reproche) ; 3. irrépréhensibles, qui ne méritent plus les répréhensions de la discipline.
Ce qui est dit de chaque croyant sera vrai aussi de l’assemblée dans la gloireÉphésiens 5. 27 ; Jude 24.
Les “si” soulignent donc notre responsabilité comme chrétiens sur la terre, afin que notre conduite soit en accord avec les pensées de Dieu à notre égardPhilippiens 2. 15. Pour cela, nous sommes gardés par la puissance de Dieu par la foi1 Pierre 1. 5 ; maintenus dans la dépendance de Dieu, nous avons pleine confiance en sa fidélité pour le faire. Nous devons d’abord être fondés dans la foi, comme un arbre dont les racines profondes s’étendent vers le courantJérémie 17. 8 ou comme une maison bâtie sur le rocMatthieu 7. 24, 25. Mais il faut aussi tenir ferme, pour ne pas se laisser emporter par toutes les doctrines perverses qui circulent dans le monde, aujourd’hui plus que jamais. La conscience de notre union avec Christ et de la valeur de son œuvre est essentielle dans notre vie pratique.
A la seule mention de l’évangile prêché aux Colossiens, les pensées de l’apôtre s’élargissent aux dimensions de la sphère où s’exerce la puissance de Christ : “toute la création qui est sous le ciel”, c’est-à-dire le monde entier (versets 6, 23).
Au moment où Paul écrivait, l’évangile, annoncé premièrement à JérusalemLuc 24. 47, avait déjà franchi les étroites limites de la terre d’Israël. : L’Asie mineure, le monde grec (Corinthe et Thessalonique), puis le monde latin (Rome) étaient déjà sous le son de cette bonne nouvelle, annoncée à toutes les nations. Toute barrière entre Juifs et nations était à jamais abolie dans le christianisme.
Paul avait reçu directement de Christ le service d’annoncer l’évangile à Israël comme aux nationsActes 9. 15, 16 ; et, par la grâce de Dieu, il s’en était acquitté fidèlementActes 26. 20, au prix de grandes souffrances, et même de sa liberté. Il était maintenant prisonnier du Christ Jésus pour les croyants d’entre les nationsÉphésiens 3. 1.
De la part de Christ, son Maître, l’apôtre était ainsi devenu le serviteur de l’évangile prêché dans la première création. Il s’était identifié à son œuvre dans une mesure telle qu’il peut parler en toute humilité de “mon évangile” 2 Timothée 2. 8. Cette œuvre s’est accompagnée pour Paul de beaucoup de persécutions de la part des Juifs, comme des nations1 Thessaloniciens 2. 15, 16 ; 2 Timothée 3. 11. A la fin de sa vie, il engage alors son enfant Timothée à poursuivre le travail d’évangéliste, et à accepter à son tour de prendre part aux souffrances qui s’y rattachent2 Timothée 1. 8 ; 2. 3 ; 4. 5.
L’entendement exprime, pour l’homme, la faculté de penser, grâce à l’intelligence de son esprit. L’entendement des incrédules est corrompu (1 Timothée 6. 3 ; 2 Timothée 3. 3) et obscurci (Éphésiens 4. 3), alors que celui des croyants est renouvelé (Éphésiens 4. 3).
L’entendement signifie aussi simplement les pensées de l’homme (2 Corinthiens 3. 3) ou la source profonde de celles-ci (Romains 12. 3).