L’apôtre introduit le second objet de son ministère, le service en faveur de l’assemblée du Christ, accompli à travers d’autres souffrances que celles de l’évangile. Car Paul souffrait aussi pour l’assemblée, corps de Christ, ce joyau du dessein éternel de Dieu autrefois caché. La révélation de ce mystère divin par le ministère écrit de l’apôtre en prison devait rendre complète la parole de Dieu.
Sur la croix, Christ a enduré les souffrances de l’expiation par amour pour l’assemblée, afin de la racheter et de sauver tous ses rachetés ; tel est le travail de son âme, dont il goûtera le fruit en gloire.
Mais, “maintenant” (verset 24), pendant toute la période de la grâce, l’Esprit Saint opère dans les croyants et Paul souffrait en coopérant à ce travail, comme serviteur de l’assemblée. Par amour pour Christ et pour son Église, Paul acceptait avec joie ces souffrances, comme s’il les partageait avec son Maître : c’était “les afflictions du Christ”.
Il ne s’agit pas des souffrances de l’expiation, que Christ a supportées absolument seul pendant les heures de ténèbres, et que personne ne peut partager avec lui. Au reste, son œuvre est complète et achevée. Ces afflictions de Christ expriment en perfection l’amour que Christ avait pour son assemblée, celle qu’il aimait, la perle de très grand prix que son cœur désirait. Le Sauveur avait souffert pour Paul, comme pour chacun de nous, ses rachetés.
Mais, maintenant, Christ invitait l’apôtre à partager ses propres afflictions. Paul devait bien souffrir pour le nom de ChristActes 9. 16 ; et, dans une mesure plus ou moins grande, tous les chrétiens fidèles souffrent pour Christ et pour la justice1 Pierre 3. 14 ; 4. 13. Mais les souffrances dont Paul parle ici – les afflictions du Christ – avaient un caractère particulier : elles étaient de même nature que celles que Christ avait supportées sur la terre. Paul souffrait par amour pour Christ et pour son assemblée ; il endurait tout “pour l’amour des élus” 2 Timothée 2. 10.
C’est seulement lorsqu’il reviendra pour prendre son épouse auprès de lui, que les afflictions du Christ seront complètes. Mais l’apôtre travaillait avec ardeur à l’accomplissement du dessein divin. Il souffrait afin que la vérité de l’assemblée soit pleinement révélée ; non seulement comme elle existait aux jours de l’apôtre ou à notre époque, mais l’Église dans son entier, formée au cours des âges : “l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux” Hébreux 12. 23.
Ce travail de l’apôtre ne découlait pas de son initiative personnelle ; il avait reçu de Dieu une administration, une mission spéciale, dont il s’acquittait avec fidélité1 Corinthiens 4. 2. Ce n’était rien de moins que “compléter la parole de Dieu” (verset 25). En exposant le mystère de l’assemblée, Paul ajoutait aux révélations antérieures ce qui manquait encore pour que tous les sujets que Dieu veut faire connaître à l’homme par sa Parole soient traités. Dès lors, il n’y a rien à ajouter.
Il ne s’agit évidemment pas des dates chronologiques des écrits du N.T. En particulier, les écrits de Jean sont postérieurs à ceux de Paul ; l’Apocalypse a été écrite au moins trente ans après les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens. Avant que Paul n’écrive ces dernières, Dieu avait choisi ses instruments pour exposer ses voies envers l’homme, introduire la loi et le royaume. Annoncé depuis longtemps, Christ était venu au temps propre pour accomplir le grand mystère de la piété. Les Évangiles racontaient l’œuvre de la rédemption et le livre des Actes en décrivait les glorieux effets. Mais rien n’était encore connu du mystère divin touchant l’assemblée.
Alors, maintenant, Dieu révèle le plus ancien de ses desseins (dès avant la fondation du monde) par la plume inspirée de l’apôtre Paul en prison. Il n’y aura pas d’autre révélation que celle-là : c’est la dernière. Dieu nous a désormais ouvert la plénitude de son cœur dans son amour envers nous dans le Christ Jésus. Ce mystère maintenant dévoilé contient des richesses de gloire gratuitement données à tous les croyants, particulièrement ceux d’entre les nations.
Toutes les richesses de gloire du mystère de Christ et de l’assemblée sont résumées dans cette expression. Elle contient deux vérités merveilleuses :
Paul annonçait Christ ; il était le thème de toute sa prédication. Dès après sa conversion sur le chemin de Damas, l’apôtre prêchait déjà Jésus comme le Fils de Dieu, le ChristActes 9. 20, 22. Son message, adressé sans distinction à tous les hommes de la terre (Juifs ou nations), n’a pas varié tout au long de son service.
Mais Christ était aussi la substance de sa prédication envers les croyants, pour que chacun d’eux soit instruit par la sagesse divine à discerner les gloires du Seigneur et le connaître toujours mieux. Sous cet aspect de son service, l’apôtre travaillait pour “présenter tout homme parfait en Christ”. Un croyant “parfait” est celui qui a fait des progrès dans la connaissance de Christ, jusqu’à atteindre l’état de maturité d’un homme fait, un adulte dans le sens spirituelÉphésiens 4. 13 ; Philippiens 3. 15. Pour autant, un tel croyant n’est pas encore parvenu à la perfection, c’est-à-dire à la gloirePhilippiens 3. 12. Et précisément, Christ en lui en est l’espérance. Tout croyant parfait en Christ était ainsi “présenté”, d’abord devant les hommes, mais surtout devant Dieu pour la gloire de son FilsHébreux 2. 13.
Pour atteindre ce but, Paul travaillait et combattait avec ardeur, en acceptant toutes les souffrances liées à son service. Thème de sa prédication, Christ était aussi pour l’apôtre la puissance qui lui permettait d’accomplir son travail et de mener ses combats. Ainsi, il n’agissait pas par sa propre énergie, mais Christ opérait à la fois en lui et par lui, dans le but de former les croyants à l’image de Christ, par la contemplation de ses gloires2 Corinthiens 3. 18.
Bien des vérités viennent de nous être révélées en rapport avec les gloires de Christ dans les deux créations. Retenons en particulier ce double aspect du service confié à l’apôtre par son Seigneur dans la gloire, pour que s’accomplisse le dessein divin dans sa plénitude :