L’approche du dénouement final conduit à la manifestation ouverte des puissances sataniques de méchanceté qui représentent une trinité de mal : le dragon, la Bête et le faux prophète. Leur collusion est déjà mentionnée au chapitre 13. Le dragon a donné sa puissance et son trône, et un grand pouvoir à la Bête (verset 2), le chef de l’empire romain reconstitué. La seconde Bête appelée dorénavant le faux prophète, ce qui démontre son caractère religieux, parlait comme un dragon et exerçait tout le pouvoir de la première Bête (versets 11, 12) : c’est l’Antichrist qui exerce sa puissance à Jérusalem. Maintenant, quelle que soit l’apparence extérieure de leur conduite, Dieu dévoile ici la réalité de leur puissance : des esprits de démons sortent de leur bouche comme leurs ambassadeurs pour aller ensemble séduire plus sûrement tous les rois de la terre en vue d’une gigantesque confrontation.
Ces trois puissances ne sont pourtant pas sur le même plan. Le grand ennemi, c’est “le grand dragon… le serpent ancien, celui qui est appelé diable et Satan” (12. 9). La Bête et le faux prophète sont des hommes, des instruments que Satan a suscités et à qui il a donné sa puissance, en cherchant à imiter, si c’était possible, la Trinité divine. Il réussit à les grouper avec lui pour avoir une unité d’action dans le mal : ces trois esprits de démons agissent de concert. Ces puissances ainsi coalisées subiront la même destruction, mais en des temps différents, comme nous le verrons aux chapitres 19 et 20. Quand Christ viendra pour établir son règne de mille ans, la Bête et le faux prophète seront jetés vivants dans l’étang de feu et de soufre. Satan sera alors lié dans l’abîme pendant les mille ans, puis il séduira une dernière fois les nations à la fin du règne avant d’être, lui aussi, jeté dans l’étang de feu et de soufre.
La Bête et le faux prophète exercent leur pouvoir en Occident. Il semble bien que cette entreprise pour rassembler les rois de la terre soit destinée à s’opposer à l’invasion qui déferle de l’Orient (verset 12). Plusieurs passages montrent en effet qu’une puissante confédération conduite par l’Assyrien envahira aux derniers temps la Palestine : “L’Éternel des armées a juré, disant : Pour certain, comme j’ai pensé, ainsi il arrivera, et, comme j’ai pris conseil, la chose s’accomplira, de briser l’Assyrien dans mon pays” Ésaïe 14. 24, 25. La puissance occidentale romaine voudra lui opposer une formidable armée, mais l’affrontement n’aura pas lieu.
Le Seigneur intervient ici pour avertir : “Voici, je viens comme un voleur”, celui qu’on n’attend pas1 Thessaloniciens 5. 2. Alors que, au cours de l’histoire, maintes fois des combats meurtriers ont opposé nation contre nation, le Seigneur se réserve, à la fin, de détruire lui-même ses ennemis rassemblés, chacun à son tour : “Et j’assemblerai toutes les nations contre Jérusalem, pour le combat… Et l’Éternel sortira et combattra contre ces nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille” Zacharie 14. 2, 3.
Comme Dieu avait permis à un mauvais esprit de convaincre le roi Achab d’entrer en guerre contre Ammon pour qu’il y trouve la mort1 Rois 22. 22, Dieu permettra que ces esprits de démons convainquent par des miracles les rois de la terre à se rassembler.
L’annonce de ce combat final est accompagnée d’un dernier avertissement à veiller. La venue du Seigneur comme un voleur sera une terrible surprise pour ceux qui se sont élevés contre lui dans leur impiété orgueilleuse, mais le Seigneur pense à chacun de ceux qui veillent : “Bienheureux celui qui veille et qui garde ses vêtements, afin qu’il ne marche pas nu” (verset 15). Cette sollicitude divine pour le fidèle méprisé et souffrant, au milieu de cette scène terrifiante, est d’un grand réconfort pour la foi dans tous les temps, et particulièrement pour ces derniers jours. Quel changement va tout à coup se produire ! D’immenses armées se mettent en marche pour soutenir la puissance du faux prophète qui opprime les fidèles jusqu’à les faire mourir. Qui pourrait les délivrer ? Mais en lisant ce verset 15, chacun d’eux pourra dire : “Le Seigneur pense à moi. Tu es mon secours et celui qui me délivre. Mon Dieu ! ne tarde pas” Psaume 40. 18.
En poussant les rois de la terre à rassembler leurs armées, Satan se trompe lui-même plus qu’il ne l’a jamais fait. A leur insu, les esprits immondes travailleront au dessein de Dieu qui veut assembler les nations en vue d’un autre combat, “pour le combat de ce grand jour de Dieu le Tout-Puissant” au lieu assigné : Armagédon.
Ce nom paraît devoir être pris au sens littéral pour désigner un emplacement géographique, probablement la plaine de Meguiddo où de grandes batailles ont déjà eu lieu dans le passéJuges 5. 19 ; 2 Rois 23. 29. Seulement, au lieu de s’affronter entre elles, les armées de l’Occident sous l’autorité de la Bête et du faux prophète et celles du Nord et de l’Orient dans la confédération de l’Assyrien seront successivement détruites directement par le Seigneur lui-même.