Qui sont ces vingt-quatre anciens assis sur vingt-quatre trônes groupés autour du trône central ? Ce ne sont pas des anges, qui ne sont jamais représentés assis sur des trônes, ni couronnés. Les anges ne chantent pas – comme le font les anciens – le cantique de la rédemption. Il n’y a qu’une signification possible : ces anciens représentent les saints glorifiés.
Ils sont vêtus de blanc, le vêtement caractéristique des rachetés, un signe de pureté et de sainteté (3. 5, 18 ; 6. 11 ; 7. 9) 1. Ce sont des rois : ils portent des couronnes d’or. On pense tout naturellement aux couronnes promises aux croyants appartenant à l’Église (2. 10 ; 3. 11) 2 Timothée 4. 8 ; Jacques 1. 12 ; 1 Pierre 5. 4. S’ils sont couronnés, c’est que le temps de leur service est achevé et qu’ils ont reçu leur récompense. Leur dignité royale est associée à la justice divine. Ils régneront sur la terre (3. 21 ; 5. 10) 1 Corinthiens 6. 2.
Cette compagnie céleste de rois et sacrificateurs entoure celui qui est assis sur le trône. Elle est mentionnée de cette manière à douze reprises (4. 4, 10 ; 5. 5, 6, 8, 11, 14 ; 7. 11, 13 ; 11. 16 ; 14. 3 ; 19. 4).
Pourquoi sont-ils vingt-quatre ? Ce chiffre rappelle les dispositions prises par David, désignant les classes de sacrificateurs appelées à se succéder pour assurer le service dans le temple1 Chroniques 24. 4, 7-18. Deux fois douze : ce chiffre suggère qu’il pourrait s’agir de l’ensemble des saints de l’A.T. et du N.T. jusqu’à la venue de Christ.
Devant le trône se trouvent sept lampes de feu, une plénitude de l’Esprit (1. 4), image des pensées et des voies parfaites de Dieu en gouvernement. Ces lampes sont dans le ciel, elles ne sont plus sur la terre, car le Saint Esprit, “celui qui retient”, a quitté celle-ci pour l’abandonner aux ténèbres morales du “mystère d’iniquité” 2 Thessaloniciens 2. 7. Ce n’est pas non plus, comme maintenant pour l’Église, le Saint Esprit dans ses caractères “de puissance, d’amour et de conseil” 2 Timothée 1. 7.
Cet ensemble décrit le trône de Dieu sous son aspect judiciaire.
La mer de verre rappelle la mer de fonte, dans le temple de Salomon2 Chroniques 4. 2, 6, où les sacrificateurs devaient se laver. Mais ici cette mer est de verre, sa pureté est immuable, comme définitivement figée. En contraste avec la déclaration du prophète autrefois, où la mer continuellement en mouvement est un symbole d’agitationÉsaïe 57. 20, ici tout est calme et clarté. Il n’est plus besoin d’eau pour la purification des saints. Lavés dans le sang de l’Agneau, ils peuvent désormais marcher dans la rue de la sainte cité sans risque de se souiller (21. 21).
Dans le cercle immédiat du trône et autour de celui-ci se tiennent ensuite quatre “animaux” (ou “vivants”). Ils ne représentent pas l’Église ou une classe particulière de saints. Ce sont les symboles des attributs du jugement et du gouvernement divins, et comme tels, ils participent à la fois du caractère des chérubins, des séraphins et des anges.
Ils rappellent les chérubins de l’A.T. qui sont vus, soit à l’entrée du jardin d’Éden fermé à AdamGenèse 3. 24, soit dans les grandes visions d’ÉzéchielÉzéchiel 1. 5 ; 10. 20-22. Ils exercent la puissance judiciaire dans le gouvernement de Dieu envers le monde et envers les hommes.
Mais, comme les séraphinsÉsaïe 6. 2, ils ont six ailes. De deux, ils se couvrent la face, ne pouvant regarder la sainteté divine en Christ. De deux, ils se couvrent les pieds, n’osant se tenir devant lui, et de deux, ils volent, pour proclamer partout sa sainteté absolue. Ainsi, ils répètent constamment devant Dieu : “Saint, saint, saint”, comme l’expression de la nature même de son Être. Leur adoration s’élève vers le “Seigneur, Dieu, Tout-puissant, celui qui était, qui est et qui vient” (verset 8).
Les quatre “vivants” sont chargés d’exécuter les jugements divins. Selon qu’ils sont semblables à un lion, à un veau, à un homme ou à un aigle, ils représentent la force du jugement, sa fermeté et sa patience, son intelligence ou sa rapidité d’action.
Ils portent aussi certains caractères qui sont ailleurs ceux des angesÉzéchiel 1. 5, 10-12 ; 10. 14 ; Ésaïe 6. 2. Ils sont “pleins d’yeux” : d’abord “devant et derrière” (verset 6), puis “tout autour”, et enfin “au dedans” (verset 8). Ainsi, leur connaissance et leur discernement sont parfaits, tant du passé que du futur. Ils ont aussi une perception intérieure parfaite de ce qui est normalement caché, sinon à Dieu seul2 Chroniques 16. 9 ; Jérémie 23. 24 ; Proverbes 15. 3 ; Zacharie 4. 10. Les prérogatives des vivants dépassent donc celles des chérubins agissant dans le char du gouvernement divin de la vision d’Ézéchiel.
Dans cette scène (chapitre 4), les anges ne sont pas nommément désignés, tandis que les vivants et les anciens sont nettement distingués les uns des autres. Dans la scène suivante (chapitre 5), au contraire, les vivants sont étroitement associés aux anciens. Ensemble, ils se prosternent et chantent le même cantique ; mais ils sont nettement distingués des anges. Dans l’histoire du monde, jusqu’à l’enlèvement de l’Église, les anges ont accompli le rôle des vivants comme instruments du gouvernement divin. Il n’en sera pas ainsi dans le monde à venirHébreux 2. 5. Les saints célestes (figurés par les anciens) régneront avec Christ pour exercer le jugement (confié jusque-là aux vivants). C’est un véritable changement de dynastie.
Les vingt-quatre anciens possèdent la sagesse et le discernement spirituels. Ils ont une compréhension profonde des choses. Ils jettent leurs couronnes devant le trône. Ils ne les gardent pas pour eux, comme le font trop souvent les hommes de ce monde. Toute gloire revient à Christ. Lui seul est digne de louange en tant que Créateur (verset 11) et Rédempteur (5. 9). Aurons-nous des couronnes à jeter à ses pieds ?
Alors que les anciens étaient restés en apparence impassibles devant les signes effrayants de puissance issus du trône, ils tombent maintenant sur leurs faces et se prosternent devant “celui qui est assis sur le trône” (verset 10), dès que l’hommage des vivants lui est rendu.
Dans ce chapitre 4 c’est Dieu lui-mêmeRomains 11. 36 qui est à l’origine de l’œuvre créatrice “à cause de sa volonté” (verset 11) Jacques 1. 18 ; Jean 1. 13. Par contraste, au chapitre 5, l’œuvre de la rédemption est présentée comme la conséquence de la victoire du lion de la tribu de Juda (verset 5).