Le retour de David à Jérusalem aurait dû se passer dans la joie de la paix retrouvée, après le dénouement de la grave conspiration d’Absalom. Hélas, de nouvelles difficultés et de nouvelles douleurs vont surgir jusqu’à la fin du règne. L’unité même du royaume sera menacée. Ce n’était pas là le plan de Dieu, dont le propos demeurait, mais les conséquences durables de la grave défaillance morale de David.
D’une part, les dix tribus d’Israël, coupables de trahison en se joignant à Absalom, étaient revenues les premières vers le roi David ; mais leur retour était plus en paroles, que de cœur et en action. D’autre part Juda, quoique resté fidèle au roi, avait été très lent avant de se ressaisir et de lui manifester sa fidélité.
Une première question posée au roi par les hommes d’Israël au sujet de Juda révèle l’état de leurs cœurs ; leur ton agressif cache mal leur jalousie (verset 42).
En présence du roi David qui garde le silence, les hommes de Juda eux-mêmes se permettent de répondre, et d’une façon peu apaisante. Ils se prévalent de leurs liens familiaux plus étroits avec David, et rappellent leur conduite désintéressée envers le roi.
Israël répond, estimant avoir dix parts en David et le privilège d’avoir été le premier à ramener le roi.
La jalousie et le désir de domination des deux parties s’affrontent pour alimenter la querelle. Finalement, les dures paroles de Juda prévalent, mais rien n’est réglé. Pourtant, une parole calme et affectueuse aurait facilement arrêté cette dispute : “Une réponse douce détourne la fureur” Proverbes 15. 1. Au contraire, l’événement heureux du retour du roi, est changé en tristesse, en grande partie à cause de l’attitude orgueilleuse de Juda1. David, malheureusement, reste silencieux, bien que cette dispute se passe devant lui.
Une jalousie, une ambition personnelle, un amour-propre blessé, suffisent souvent à faire éclater les disputes entre frères, et à produire des racines d’amertume qui bourgeonneront plus tard en fruits amers. La suite de l’histoire du peuple d’Israël le prouve (chapitre 21). Que nos paroles soient plutôt empreintes de la douceur de Christ !
Les conditions sont propices pour produire une division parmi le peuple. Satan suscite un homme de mal, Shéba (encore un Benjaminite) pour prêcher la révolte contre David.
D’un côté, il y avait Israël offensé ; et “un frère offensé est plus difficile à gagner qu’une ville forte” Proverbes 18. 19. De l’autre côté, Juda et son orgueilProverbes 13. 10. Sans être meilleur que ses frères, Juda prend le bon parti de s’attacher à David et de l’accompagner du Jourdain à Jérusalem (symboliquement de la mort à la gloire). Quant à Israël, il répond à l’appel de la trompette de Shéba et abandonne David. Après avoir proclamé avoir dix parts en lui (19. 44), il déclare maintenant n’en avoir plus aucune (20. 1). Avaient-ils été vraiment attachés à la personne du roi ? Mais quelle inconstance dans la nature humaine !
David retrouve alors sa maison à Jérusalem (20. 3). Il sait qu’il est l’objet d’une grâce surabondante, car le péché de l’homme repentant avait été effacé. Mais le souvenir de sa faute le maintient dans l’humilité. Il purifie sa maison de l’impureté dont il avait été responsable à l’origine. C’était à lui d’opérer personnellement et publiquement cette purification. Il est contraint de se séparer de toutes ces femmes qui n’auraient jamais dû pénétrer dans sa maison.
Cette question personnelle étant réglée, David se retrouve en face de la sédition de Shéba (20. 4-7) ; mais il ne semble pas rechercher la pensée de l’Éternel. Il avait déjà établi son neveu Amasa chef de l’armée, à la place de Joab (19. 14) ; il le charge maintenant de mobiliser les hommes de Juda. Voulait-il mettre à l’épreuve son dévouement ou ses capacités ?
Devant la lenteur d’Amasa et l’urgence d’écraser la rébellion, David est contraint de se remettre entre les mains des fils de Tséruïa. Il confie le commandement à Abishaï plutôt qu’à l’arrogant Joab. Mais pratiquement ce dernier prend quand même la direction de l’armée, et ce sont ses propres hommes qui entrent en campagne, avec les Kéréthiens, les Péléthiens et tous les hommes forts. C’était toute l’élite de l’armée1 Rois 1. 8 ; 1 Chroniques 11. 11.
La nomination d’Amasa à la tête de l’armée avait été pour Joab une intolérable insulte. Il avait suivi David en exil, alors qu’Amasa était resté à Jérusalem avec Absalom. Rusé, intrigant et ambitieux, il venait de prendre la tête de l’armée en dépit des nominations d’Amasa puis d’Abishaï. Il lui restait encore à exercer sa vengeance impitoyable envers Amasa, pour reconquérir officiellement tout son pouvoir. Usant d’un stratagème hypocrite et indigne d’un soldat, il assassine Amasa.
En agissant ainsi, Joab mesurait toute la faiblesse du roi. Comment David pourrait-il sanctionner un meurtre commis par Joab, alors qu’il était lui-même un meurtrier avec la complicité de celui-ci ?
Shéba se réfugie dans la ville d’Abel, réputée pour sa science et son autorité morale. Il était de coutume de la consulter pour mettre un terme à toute discussion (verset 18).
Interpellé par une femme sage et sincère de la ville, Joab déclare clairement que le conflit était entre Shéba et David (versets 20, 21). La femme, dont le nom n’est pas donné, comprend que seul le coupable, Shéba, devait être jugé, pour que la paix soit rétablie. Elle persuade tout le peuple de la ville de retrancher celui qui avait levé sa main contre le roi, et la paix en Israël est enfin rétablie. Mais combien le royaume de David ressortait affaibli de tous ces conflits !
Pour que la paix règne entre les frères, rappelons que nous devons nous séparer de tous ceux qui propagent des doctrines perverses, et qui s’attaquent à la personne de Christ.
Cette période de la vie de David se termine par une liste de certains dignitaires. Cet état de l’organisation du royaume ne fait pas double emploi avec le précédent (8. 15) 2.
La première liste des dignitaires correspondait à la première et glorieuse partie du règne de David. La deuxième liste porte davantage le reflet de la faiblesse du roi et de son royaume à la fin.
Tous les deux mentionnent sept fonctions, mais les différences dans l’ordre de leur énumération sont significatives :
Enfin, deux nouveaux noms et fonctions sont mentionnés : Adoram qui a connu une fin tragique (1 Rois 12. 18). Sa fonction de lever les impôts n’apparaissait pas dans la première liste. Ira enfin (à la septième place) était officier, c’est-à-dire conseiller de David en remplacement des fils du roi, déchus ou disparus.