Bien des années s’étaient écoulées depuis le jour où David avait fait asseoir Mephibosheth à sa table. Contraint de rester à Jérusalem à cause de son infirmité, et trahi par son serviteur Tsiba, Mephibosheth ne s’était pas joint à Absalom et aux conspirateurs. Il montre au contraire tous les signes d’un deuil authentique : il ne soigne pas sa barbe, et ne lave pas ses vêtements. Il attendait avec confiance le retour du roi à Jérusalem.
David lui adresse un reproche : “Pourquoi n’es-tu pas allé avec moi ?” qui contraste tristement avec les paroles de grâce par lesquelles le roi l’avait accueilli la première fois (9. 6, 7). Avec simplicité, Mephibosheth répond au roi. Son intention avait bien été de suivre le roi, mais il avait été l’objet de tromperie et de calomnie de la part de son serviteur Tsiba. Sans amertume ni esprit de justification, il reconnaît les caractères moraux de David et sa souveraineté et s’en remet à sa sagesse. De toute façon, il n’oubliait pas qu’il était un pur objet de miséricorde et qu’il n’avait aucun droit. Tous les droits étaient à David, même celui de lui ôter la vie : “Fais donc ce qui est bon à tes yeux” (verset 28).
Même s’il est mal compris, la joie de Mephibosheth demeurera à cause du retour du roi. Sa loyauté envers lui brille dans ses paroles : “qu’il prenne même le tout” (verset 30). Qu’importaient pour lui la maison et les champs ! Ce n’était pas dans ses possessions terrestres que résidait sa joie, mais dans son bienfaiteur, son seigneur et son roi, qui était “revenu en paix dans sa maison”. Ainsi, après avoir montré sa séparation d’avec les ennemis de David, il manifeste sa satisfaction de rester avec lui pour toujours.
David, accueilli par Juda et tout Jérusalem, ne semble guère à l’aise dans cette scène. Il avait entendu et cru la version de Tsiba qui était manifestement coupable. Pour éviter de revenir sur son jugement hâtif en sa faveur, il use d’un compromis, et se contente d’une demi-mesure qui ne faisait ni coupable ni innocent. Sa déclaration aux deux parties : “partagez les champs” (verset 31) ne respectait pas sa promesse antérieure à Mephibosheth : “Je te rendrai les champs de Saül ton père” (9. 7). Combien il est difficile, surtout pour ceux qui ont une position en vue, de reconnaître leurs erreurs !
Mephibosheth, par son effacement, sa soumission à l’autorité et son renoncement aux biens de ce monde, reste un bel exemple pour nous. Sachons l’imiter à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, notre SeigneurPhilippiens 3. 8 !
Barzillaï avait déjà apporté à David et au peuple qui le suivait, des biens et de la nourriture (17. 27-29). Puis, il avait mis sa grande fortune à la disposition de David pendant son séjour à Mahanaïm (verset 33). Moralement, Barzillaï nous donne ici une leçon importante. Contrairement au jeune homme riche de l’évangileMatthieu 19. 16-22, son cœur n’était pas attaché aux biens temporels ; il les mettait à la disposition de son maître.
David, profondément touché par tant de sollicitude, lui offre une récompense à la mesure de sa générosité : “Passe avec moi, et je t’entretiendrai auprès de moi à Jérusalem” (verset 34). Sans doute, le roi désirait-il garder auprès de lui ce sage vieillard. Mais Barzillaï décline l’offre de David, et avance pour cela sept motifs1.
S’il n’accepte pas l’offre de David, il pense à son fils Kimham pour prendre sa place. Celui-ci profite immédiatement de la compagnie du roi, avant même d’arriver à Jérusalem. Les descendants de Barzillaï seront plus tard à la table du roi Salomon1 Rois 2. 7. Barzillaï, lui, retourne dans son pays après avoir reçu la preuve de l’attachement de David qui l’embrasse et le bénit.
David doit repasser le Jourdain pour entrer dans la terre d’Israël. Il traverse à nouveau le fleuve de la mort, puis passe à Guilgal, le lieu où l’opprobre de l’Égypte avait été roulé de dessus le peupleJosué 5. 9. Ce n’est qu’ensuite qu’il peut revenir à Jérusalem.
N’est-ce pas le chemin moral que doit suivre tout enfant de Dieu après une chute, pour connaître un plein rétablissement ? Il faut retrouver toute la valeur de la mort de Christ, et connaître “le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ” Colossiens 2. 11. Alors la communion avec le Seigneur est rétablie, et le croyant peut entrer à nouveau par la foi dans les lieux célestes pour y séjourner.
Nous ne devons porter aucun jugement sur la décision de ce noble vieillard ; cependant nous pouvons méditer avec profit les raisons de cette décision, pour que nos cœurs s’attachent toujours plus à Christ !