La parenthèse introduite par la fin du verset 6 énonce le contraste complet entre le ministère de la lettre qui tue et celui de l’Esprit qui vivifie.
Précisons qu’il ne faut pas appliquer à la parole de Dieu en général ce qui se rapporte à “la lettre”, cette lettre qui tue. Bien au contraire :
“Mes paroles sont esprit et sont vie”, dit le SeigneurJean 6. 63.
“Tu as les paroles de la vie éternelle”, reconnaîtra PierreJean 6. 68.
“Sondez les écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle” Jean 5. 39.
Ici, “la lettre” désigne les dispositions de la loi (de Moïse), et “l’Esprit”, l’enseignement spirituel donné par le Saint Esprit, c’est-à-dire par le Seigneur, car “le Seigneur est l’Esprit” (verset 17).
Quant à nous qui sommes sous la grâce, si nous appliquons d’une manière rigide et sans grâce les enseignements du Seigneur, ceux-ci risquent de devenir “la lettre qui tue”.
L’apôtre compare l’ancienne alliance et l’évangile. Ce sont deux doctrines inconciliables, qui s’opposent point par point.
La grande différence entre l’ancienne (ou première) allianceHébreux 9. 15-18 et la nouvelle, c’est que par la loi (l’ancienne alliance) Dieu exige le bien tout en restant “en dehors” de l’homme. Au contraire, par le Saint Esprit, Dieu agit dans l’homme, lui ayant donné une nouvelle nature. Christ est écrit dans le cœur.
L’apôtre fait manifestement allusion (verset 7) à la deuxième descente de Moïse du mont SinaïExode 34. 29. Il portait les tables de pierre, écrites du doigt de Dieu, comme les premières. Et ce sont les mêmes commandements.
Mais la grande différence, c’est qu’entre la première et la seconde descente de Moïse, la scène du veau d’or avait eu lieu. Ce grave péché était une flagrante transgression des deux premiers commandementsExode 20. 1-6. Et pourtant Dieu n’avait pas détruit le peuple. Moïse avait vu passer devant lui toute la bonté de l’Éternel ; il avait entendu sa voix lui dire : “Éternel, Éternel, Dieu miséricordieux et faisant grâce…” Exode 34. 6 Puis, Moïse était redescendu de la montagne ; alors, à son insu, la peau de son visage rayonnait. Certes, il ne s’agissait pas du reflet de la face de Dieu (sa gloire judiciaire) qu’il n’avait pas vue. C’était le reflet de la gloire de sa bonté et de sa miséricorde. Moïse avait vu Dieu par derrière. Mais il pouvait entrevoir là quelques rayons de la grâce divine, bien qu’elle ne soit pas encore pleinement révélée. Celle-ci ne viendra que par Jésus Christ1.
La grâce de Dieu manifestée pendant la période de la loi, appelée ici le ministère de la condamnation, ne faisait qu’aggraver le cas du pécheur qui désobéissait en dépit de la bonté et de la patience de Dieu. La culpabilité de l’homme n’est pas reniée par la grâce. L’Éternel a épargné son peuple à cause de l’intercession de MoïsePsaume 106. 23. Mais la loi demeurait. C’est pourquoi le rayonnement de la face de Moïse, tout en exprimant la grâce, faisait peur au peuple ; un voile était nécessaire.
Considérons maintenant le contraste entre les deux ministères, dans quatre domaines distincts mais entièrement liés : la justice, la liberté, l’entendement et la gloire.
Le ministère de la loi est un ministère de la condamnation (verset 9). Celle-ci était inéluctable, puisque celui-là exigeait de l’homme une justice pratique parfaite qu’il ne possédait pas. La loi, sainte, juste et bonne en elle-même, au lieu de rendre l’homme parfait, ne pouvait que mettre en évidence la réalité et la gravité de son péchéRomains 7. 13.
Mais maintenant est introduit le ministère appelé “de la justice”. Celle-ci n’est plus exigée de l’homme, mais elle est révélée et manifestée parfaitement par l’homme Christ Jésus, le Saint et le Juste.
Et ce qui nous émerveille et nous remplit de bonheur, c’est que Dieu attribue gratuitement cette justice à tous les croyants. Leur foi leur est “comptée à justice” Romains 4. 22-25. Comment est-ce possible ? La réponse est en Christ et dans l’œuvre de l’expiation : “Celui qui n’a pas connu le péché (Christ), Dieu l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui” (5. 21). C’est à la croix, en effet, que la justice et la paix se sont “embrassées” Psaume 85. 11.
Maintenant, rie n’est plus précaire ou révocable pour le croyant. Sa position est ferme et assurée, car elle repose sur l’œuvre parfaite de Christ.
Après le péché du veau d’or, Moïse avait dit : “Maintenant je monterai vers l’Éternel, peut-être ferai-je propitiation pour votre péché” Exode 32. 30.
En revanche, notre Seigneur, après sa résurrection, a dit à Marie de Magdala : “Je monte vers mon Père et votre Père” Jean 20. 17.
La propitiation est pleinement accomplie, elle est suffisante. La grâce surabondante est proclamée, elle règne par la justiceRomains 5. 20, 21 ; notre heureuse liberté en Christ en découle.
Le triomphe de la grâce. Plusieurs étapes sont à considérer :