Ce psaume est encore un cantique de louange préparé pour le royaume ; il est centré sur la reconstruction de Jérusalem, la ville royale. En le lisant, on ne peut s’empêcher d’évoquer la restauration du résidu de Juda, revenu de Babylone sous Esdras et Néhémie : la reconstruction du sanctuaire et des murailles, la renaissance des campagnes environnantes, la joie exprimée par les chœurs. Ce n’avait été cependant qu’une faible anticipation de l’essor du royaume millénaire.
En première lecture, qui n’est pas surpris par l’alternance de tableaux dont il ne saisit pas toujours le lien ? Le psalmiste passe de la construction de Jérusalem aux compassions de l’Éternel pour les affligés, de la contemplation des merveilles de la création divine aux soins vigilants de l’Éternel pour les petits du corbeau, etc.
La réalité est plus profonde, car ce psaume présente une gradation spirituelle dans les thèmes de louange qu’il aborde.
Tout commence par une invitation adressée au peuple ramené dans sa patrie à se préparer pour célébrer l’Éternel. Chanter des cantiques au Dieu d’Israël (“notre Dieu”) qui a délivré et rassemblé les douze tribus, est une chose bonne, agréable et bienséante.
Suivent trois strophes, chacune d’elles étant introduite par une invitation à la louange : verset 2 à 6 ; 7 à 11 ; 12 à 20.
Notre plan suivra l’enchaînement des thèmes de louange pour en dégager la gradation remarquable (plutôt que de suivre verset par verset).
Le bâtisseur de la ville sainte est le créateur des cieux : la voûte céleste témoigne de son infinie grandeurÉsaïe 40. 26 et de son intelligence. Il a décoré le ciel d’étoiles dont il a fixé le nombre et qu’il a disposées une à une.
Pourtant, Dieu s’abaisse aussi à prendre soin de la terre et de tous les êtres vivants qu’il y a placés ; il règle le mouvement des nuages, envoie la pluie pour faire germer l’herbe et donner de la nourriture aux troupeaux. C’est lui qui commande le cycle des saisons, la direction et la force du ventJob 28. 25 ; 37. 21 ; Psaume 104. 3, couvre la terre d’un manteau de neige qu’il fera fondre en son temps, envoie la grêle pour éprouver les hommes, ne reste pas indifférent au cri du petit du corbeauJob 39. 3 ; Luc 12. 24. Dans sa providence, il s’occupe de tout ce qui concerne cette terre qu’il a créée et qu’il aime.
Comment Dieu, si puissant et pourtant attentif aux besoins des plus petites de ses créatures, ne viendrait-il pas en aide à son peuple bien-aimé ? Comment pourrait-il ignorer les souffrances d’un seul de ses fidèles pour lesquels il a préparé une cité ?
C’est lui qui, comme le bon Samaritain, bande la plaie du malheureux ; les meurtrissures morales qui brisent le cœur sont souvent plus profondes que les atteintes du corps, mais Dieu les surveille avec compassion jusqu’à ce qu’il les ait guéries (verset 3). Les débonnaires avaient eu leur lot de souffrances, à cause de l’action des méchants ; maintenant, ils sont affermisPsaume 37. 11 et les méchants sont renversés (verset 6). “Bienheureux les débonnaires, car c’est eux qui hériteront de la terre” Matthieu 5. 5, avait annoncé Jésus dans son sermon sur la montagne ; ils sont là, en effet, rassasiés de la moelle du froment, ce pain merveilleux que Dieu distribue libéralement (verset 14).
Mais le cantique qui se prépare et sera chanté dans peu de temps, ne célébrera pas seulement le Dieu qui gouverne le ciel et la terre, le Dieu de providence et de compassion. Il y aura d’autres motifs de louange.