Ce psaume est la prière d’un homme pieux persécuté par des méchants. La malédiction est prononcée sur ceux-ci parce qu’ils ont “fait la guerre” au juste pour le faire mourir, alors qu’il était “l’affligé et le pauvre et celui qui a le cœur brisé” (versets 16, 22). Cette page de l’Écriture est solennelle ; les imprécations à l’adresse des méchants sont plus fortes que celles des Psaumes 35 (versets 4-8) et 69 (versets 22-29).
Derrière les méchants de ce psaume, on peut voir :
Il n’y a pas là, à proprement parler, une révélation prophétique concernant le disciple de Jésus, Judas, car l’évangile ne dit pas que Judas ait eu une famille (versets 9-15). Cependant, ce disciple a eu, vis-à-vis de son Maître, le comportement décrit ici ; d’autre part, Pierre fait référence au verset 8 pour nommer un douzième apôtre qui prendrait la charge de JudasActes 1. 20.
Qui est cet homme pieux, affligé et pauvre, qui s’en remet uniquement à la bonté de Dieu pour qu’il le délivre ?
En face de la méchanceté des hommes, Christ a accepté d’entrer, par amour, dans des abîmes de souffrances, souvent secrètes, et c’est ce qui donne son véritable caractère au face à face que nous trouvons ici : la haine et la fraude devant l’amour et la droiture. Même à l’heure de son supplice, Jésus entendra ses ennemis reconnaître : “Il a sauvé les autres” Matthieu 27. 42 ; Marc 15. 31 ; Luc 23. 35, alors qu’ils le cloueront sur une croix.
Les imprécations proférées contre le méchant ont ici une portée générale ; elles visent ceux qui ont manifesté ce caractère de façon outrageante à l’égard du juste. Dans sa requête, l’offensé assigne ses persécuteurs à comparaître au tribunal de Dieu, demande au souverain Juge que Satan lui-même (l’adversaire du verset 6), instigateur des actes des méchants, se tienne à leur droite.
Le croyant, au temps de la grâce, n’est pas appelé à demander vengeance, même contre un ennemi (“Priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent”, dit l’évangile) Matthieu 5. 44. Cependant ceux qui auront volontairement méprisé le salut, “foulant aux pieds le Fils de Dieu”, “outrageant l’Esprit de grâce”, seront aussi dans une “attente terrible de jugement” Hébreux 10. 26-31.
Il y avait eu un temps où la prière de l’affligé s’était exprimée, silencieuse, dans son cœur (verset 4). Maintenant, elle devient un cri, un appel fervent à celui qui peut délivrer. On y retrouve beaucoup d’expressions déjà relevées dans d’autres psaumes qui parlent de Christ souffrant.
Que Jésus soit entré dans tout cela, par amour pour les pécheurs, lui qui était sans péché, étreint profondément nos cœurs. “Seigneur ! agis pour moi à cause de ton nom… délivre-moi… aide-moi, Éternel, mon Dieu ! Sauve-moi selon ta bonté” (versets 21, 26) ; c’était le sens de sa prière en Gethsémané, mais il n’a été sauvé qu’après l’abandon de Golgotha et à travers les douleurs de la mort dont Dieu l’a déliéActes 2. 24. Quel racheté pourrait l’oublier ?
Dieu s’est tenu à la droite du pauvre et l’a délivré. C’est pourquoi les appels pressants qui précédaient font place à la louange, maintenant que la réponse divine est digne de celui qui l’envoie.
Ce psaume s’impose à la méditation des croyants de tous les temps. Quand un fidèle, injustement persécuté, met une entière confiance dans la bonté et dans la puissance de Dieu, il n’est pas laissé sans secours. Ceux qui, pour leur foi, ont subi le martyre, en ont fait l’expérience. Notre Seigneur l’a éprouvé en perfection dans son chemin ici-bas quand il subissait “la contradiction de la part des pécheurs contre lui-même” Hébreux 12. 3. Il y a une même promesse aujourd’hui pour le chrétien : “Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ? Christ… intercède pour nous ; qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ ?” Romains 8. 33-35