Nous avons ici le premier des quatre psaumes d’instruction de ce livre1. Ce sont des paroles données aux “sages” pour instruire les fidèles dans la détresse.
A qui le croyant pourrait-il demander pourquoi il est affligé, sinon à Dieu ? Asaph lui demande donc la raison de la longue épreuve de son peuple et de sa colère contre le troupeau qui lui appartient et qu’il avait si fidèlement soigné.
Mais déjà, sans doute, le psalmiste a dans son cœur la réponse à ces questions. Le peuple est sous la colère gouvernementale de Dieu à cause de ses péchés. Le fidèle peut-il alors plaider sa cause ?
Souviens-toi, poursuit le psalmiste, du prix qu’a pour toi ton assemblée2 ; elle t’appartient en propreDeutéronome 32. 9, pour ton repos et pour ta gloire.
Pourrais-tu alors rester indifférent devant tout le mal que l’ennemi de ton peuple se plaît à faire jusque dans le lieu saint ?
Car de tout temps, l’ennemi s’est efforcé de détruire le peuple et la maison de Dieu ; ainsi, c’est à Dieu lui-même qu’il fait la guerre, et c’est son nom qu’il méprise. Cet ennemi est Satan, le lion rugissant (verset 4) ; il agit par le moyen d’hommes impies, et telle est la détresse des fidèles qu’ils n’ont plus de prophète pour supplier Dieu et pour leur annoncer la délivranceÉsaïe 37. 4, 5-7.
Au début du psaume, le peuple demandait à Dieu : “Pourquoi nous as-tu rejetés ?” parce qu’il pensait d’abord à son état et à sa détresse.
Maintenant le peuple affligé ne demande plus quel sera le terme de son épreuve, mais combien de temps encore Dieu supportera d’être outragé et méprisé.
Le fidèle a appris que les outrages de l’ennemi sont premièrement des outrages contre Dieu. Il s’étonne que Dieu n’agisse pas pour détruire ses ennemis. Et n’est-ce pas aussi aujourd’hui pour le croyant un sujet d’étonnement que l’immense patience de Dieu envers un monde rempli de violence et de corruption, indifférent à sa grâce ?
Le psalmiste trouve maintenant sa consolation dans l’assurance que, dès les temps anciens, Dieu est son roi.
L’histoire de son peuple, commencée par une délivrance, est jalonnée par les actes de la puissance de Dieu. Nous trouvons en effet une allusion à la traversée de la mer Rouge, et à la défaite du Pharaon (versets 13 et 14), puis le souvenir des soins de Dieu envers son peuple dans le désert et enfin un rappel de la traversée du Jourdain.
Le psalmiste reconnaît enfin la puissance de Dieu, manifestée dans la création. Or, ce Dieu créateur est le Dieu d’Israël. “Qui a créé ces choses, faisant sortir par nombre leur armée ?” Ésaïe 40. 26-28
La cause de son peuple ne lui est pas cachée, et il fait travailler toutes choses pour le bien de ceux qui l’aimentRomains 8. 28.
Cette dernière partie du psaume est une supplication adressée à l’Éternel, afin qu’il se souvienne du mépris du peuple apostat, et qu’il n’oublie pas ses affligés. Cette prière fait appel à la fidélité de l’Éternel, qui ne peut manquer d’honorer l’alliance inconditionnelle faite avec Abram, car elle est fondée sur le sacrifice de ChristGenèse 15. 7-21.
Alors la violence qui remplit encore la terre est rappelée devant Dieu, et devient un motif de supplication en faveur des affligés.
Que Dieu, donc, prenne en main sa cause, et qu’il agisse pour la gloire de son nom !
Nous avons remarqué que l’expression “Souviens-toi” se trouve trois fois dans ce psaume, et qu’à deux reprises, le fidèle lui dit : “N’oublie pas”.
“Souviens-toi” est l’expression de la foi dans la fidélité des promesses parfaites de Dieu. Les croyants en sont les gardiens : placés par Dieu sur la muraille, ils sont ceux qui font se ressouvenir l’ÉternelÉsaïe 62, 6-8.
“N’oublie pas” trouve sa réponse dans l’amour de Christ : Il se peut qu’une femme oublie son nourrisson, mais, dit le Seigneur à Sion, “Moi, je ne t’oublierai pas. Voici, je t’ai gravée sur les paumes de mes mains” Ésaïe 49. 14-16.
Ainsi, la prière de la foi, adressée à un Dieu fidèle qui aime les siens et ne les oublie pas, est la ressource donnée à l’homme pieux, même dans la plus grande détresse.