L’apôtre apprécie la délicatesse des Philippiens, leur sympathie pour un prisonnierHébreux 10. 34. Plus de dix ans auparavant, il était passé pour la première fois à Philippes, où il avait rencontré Lydie et celles qui se réunissaient au bord du fleuve pour prier, puis la servante possédée, ensuite le geôlier et sa famille. Ces nouveaux convertis sont le noyau de la jeune assemblée, qu’il doit quitter très vite. L’étape suivante est Thessalonique où, pendant trois sabbats, il annonce Jésus Christ dans la synagogue, avant d’être chassé de la ville. Quelle joie et quel encouragement d’y recevoir, en si peu de temps, deux dons des Philippiens pour ses besoins ! Aucune autre assemblée n’y avait pensé, même pas Antioche, l’assemblée d’origine.
Le Seigneur connaît les besoins de chacun de ses serviteurs et y répond, en inclinant le cœur des siens à la libéralité. Paul n’a pas oublié, Dieu non plus : “Dieu n’est pas injuste pour oublier votre œuvre et l’amour que vous avez montré pour son nom, ayant servi les saints et les servant encore” Hébreux 6. 10. Cet amour en action n’a pas été un feu de paille, puisque longtemps après, les frères de Philippes continuent de l’aider à Corinthe2 Corinthiens 11. 9 et à Rome.
Ce n’est pas le don en lui-même qui intéressait Paul, car il était exempt de convoitiseActes 20. 33. C’est une abomination quand la piété devient une source de gain1 Timothée 6. 5. Ceux qui, sous prétexte de servir Dieu, cherchent à en tirer un bénéfice matériel ou à dominer sur autrui, marchent sur les traces de Balaam, le devin cupideNombres 22-24 ; 2 Pierre 2. 15 ; Jude 11. Cette forme de mal s’est infiltrée dans l’Église dès les originesApocalypse 2. 14.
Ce que Paul recherche dans ses frères, c’est le fruit produit par Dieu dans leur cœur, une vraie consécration au Seigneur. Et une conséquence visible en est l’amour fraternel. Cet amour se manifeste concrètement par différentes aides : faire part de ses biens, prendre du temps pour écrire, etc. C’est la volonté du Seigneur que les croyants prennent soin de ses serviteursLuc 10. 7 ; 1 Corinthiens 9. 14.
Ce don est comme un bénéfice mis à leur actif, comme un placement sur un compte en banque qui produit des intérêts. C’est une façon d’amasser un trésor dans le cielMatthieu 6. 20. A l’opposé, certains amassent des trésors sur la terre et ne sont pas riches quant à DieuLuc 12. 21. Un vrai amour pour Dieu se concrétisera toujours en actes ; c’est tout l’enseignement de l’épître de JacquesJacques 2. 14-18.
Faisant sans doute allusion aux sacrifices de l’A.T., Paul parle de parfum de bonne odeur ; ainsi l’holocauste et l’offrande de gâteau, qui représentaient la perfection de la vie et de l’œuvre de Christ, montaient “en odeur agréable à l’Éternel” Lévitique 1. 9 ; 2. 2, puisqu’il s’est livré lui-même “comme offrande et sacrifice à Dieu en parfum de bonne odeur” Éphésiens 5. 2.
Le don envoyé par les Philippiens a pour Dieu la valeur d’une offrande d’agréable odeur, comme le sacrifice de son propre Fils !
Dieu apprécie tout ce qui est fait pour lui, même un verre d’eau fraîche donné à l’un des siensMatthieu 10. 42.
Ces dons représentaient aussi pour les assemblées de Macédoine de réels sacrifices. Bien que très pauvres, elles étaient très généreuses2 Corinthiens 8. 2. Dieu regarde, non combien nous donnons, mais comment nous le faisonsMarc 12. 41, avec parcimonie ou libéralement et joyeusement2 Corinthiens 9. 7. Donner de son superflu n’a jamais été un sacrifice. L’amour doit être le seul mobile de la bienfaisance.
Les trois sacrifices que le Père agrée de ses enfants sont :
En début de lettre, Paul avait rendu grâces à son Dieu. En fin de lettre, il appelle sur ses frères la bénédiction de son Dieu, Celui dans la proximité duquel il vit. Dieu pourvoit à tout, non pour alimenter la convoitise des siens, mais en réponse à leurs vrais besoins. “Selon ses richesses” : sans limites ; “en gloire” : pour la terre et le ciel. Qui est garant de cette promesse ? Jésus Christ. C’est comme un père qui met un chèque à la disposition de ses enfants :
A lui la gloire !
Saluer chaque saint dans le Christ Jésus, sans en oublier un seul, c’est être conscient que, aux yeux de Dieu, chacun de ses enfants a de la valeur, car il a payé très cher pour l’acquérir, le prix du sang de son Fils unique. Chacun est un saint en Christ, tiré du monde et mis à part pour Dieu. Être dans le Christ Jésus est la plus sûre place, d’où personne ne pourra l’arracherJean 10. 28-30. En Christ, les croyants de Rome, même ceux de la maison de l’empereur, sont liés à ceux de Philippes, et réciproquement, car ils font tous partie de la même famille, celle de Dieu.
L’épître se termine, comme elle avait commencé (1. 2), par la mention de la grâce du Seigneur Jésus Christ, “avec votre esprit”, ce même esprit qui unit les enfants de Dieu dans l’assemblée locale.
On retrouve trois fois cette expression dans les lettres de Paul :