Ces versets résument le rituel (versets 6-10) qui est ensuite détaillé dans le reste du chapitre. Plusieurs offrandes sont présentées à l’Éternel. La cérémonie commence par les trois sacrifices pour le péché : le premier (le taureau) est offert pour Aaron et sa maison. Aaron jette ensuite le sort sur les deux boucs pour décider lequel doit être sacrifié pour purifier le peuple devant l’Éternel et lequel doit être envoyé au désert (versets 7-10).
Au cours de cette cérémonie, Aaron est le centre de tous les regards du peuple et de la famille sacerdotale. Il apparaît d’abord dans le parvis (versets 7-10, 15). Puis il entre dans le sanctuaire avec le bassin plein du sang du sacrifice pour ses propres péchés. C’est pour le peuple un moment d’attente rempli d’interrogations. L’Éternel acceptera-t-il le sacrifice d’Aaron ? S’il le rejette, la mort ne va-t-elle pas s’ensuivre ?
Aaron sort de la tente, se rend à nouveau à l’autel des holocaustes, où il sacrifie le bouc pour le péché du peuple et entre une seconde fois dans la tente (versets 15-17). Il procède à l’aspersion du sang. Le peuple attend dehors la sortie d’Aaron, dans l’assurance que la propitiation a été faite. Une fois dehors, Aaron asperge l’autel des holocaustes du sang des deux sacrifices (verset 18).
Alors, Aaron présente le bouc vivant (verset 20), confesse sur lui “toutes les iniquités des fils d’Israël…” (verset 21).
Enfin, après avoir changé ses vêtements, il offre les deux béliers de consécration en holocauste (versets 23-28).
Quel contraste entre cette cérémonie, qui nous paraît difficile à suivre dans sa complexité, avec ces allers et retours d’Aaron répétés chaque année et la venue de Jésus qui “a été manifesté une fois pour l’abolition du péché” Hébreux 9. 26 !
La première partie de la cérémonie concernait Aaron (figure de Christ) et sa maison (l’Église vue comme famille sacerdotale). Une fois le taureau égorgé, Aaron, avant de pénétrer dans le lieu très saint avec du sang, devait préparer un encensoir plein de charbons de feu et faire fumer l’encens, parfum réservé à l’Éternel et préparé selon ses instructionsExode 30. 35-37. Ce nuage de fumée couvrait le propitiatoire, faisait un écran, détournait la colère de l’Éternel et préservait Aaron de la mort (versets 12, 13). En présence du Dieu saint, l’homme disparaît. L’encensoir plein de braises était l’image de la sainteté de Dieu sans restriction quelconque. Le feu consumait l’encens qu’Aaron apportait à pleines poignées (verset 12). Alors le parfum de l’encens1 qui s’exhalait sous l’action du feu de l’autel (image des perfections de Christ comme homme), donnait à Dieu une satisfaction infinie. L’entrée du Seigneur dans le ciel, n’est-elle pas, pour Dieu qui le salue en vertu de son obéissance jusqu’à la mort, un parfum d’agréable odeur ?
Aaron portait d’abord le sang du taureau (verset 14), puis ensuite celui du premier bouc à l’intérieur du lieu très saint (verset 15). Il aspergeait de sang le propitiatoire – ce couvercle de l’arche qui contenait les tables de la loi – une fois sur le côté et sept fois devant. Quel geste lourd de sens ! Le symbole de la vie offerte pour le péché est placé là sous le regard de l’Éternel qui habite entre les chérubins (verset 2). Le sang “couvrait” (ou expiait, c’est le même mot) le péché. Le péché de l’homme ne pouvait plus être vu dans le lieu le plus saint de l’univers. Ce rituel rendait possible l’impossible : le Dieu saint pouvait habiter au milieu d’un peuple pécheur (versets 16, 17).
Aaron entrait avec un sang autre que le sien. En effet, même si le sang des victimes avait une efficacité limitée, Aaron ne pouvait cependant présenter son propre sang comme sang de propitiation, car il était pécheur. Ainsi, au lieu de juger Aaron, sa maison et Israël, l’Éternel, satisfait, demeurait une année encore au milieu de son peuple. Le propitiatoire, “trône de justice” et de jugement, devenait alors un lieu d’acceptation, un “trône de grâce”. Plus encore, la justice absolue de Dieu, son amour parfait et son immense patience s’y révélaient solennellementRomains 3. 25.
Aaron faisait successivement propitiation pour lui-même et pour sa maison, pour le lieu très saint, pour l’autel des holocaustes et pour le peuple (versets 2, 16, 17, 20, 23, 27). Il est l’image de Christ qui, enveloppé de ténèbres, accomplit seul la propitiation à la croix, non pour lui-même mais pour les autres. Christ est devenu ce lieu de rencontre entre Dieu et l’hommeRomains 3. 21. Christ est entré ensuite, avec (ou “par”) son propre sang, dans le sanctuaire céleste, non pas une fois l’an, mais une fois pour toutes. A la différence d’Aaron, il reste dans le sanctuaire, ayant accompli une rédemption éternelleHébreux 9. 7, 12.
Le bouc “azazel” ou qui “s’en va” (sens probable du mot) était chargé de tous les péchés du peuple. Sans doute, Aaron ne pouvait-il tous les nommer, mais le pardon était assuré parce que le sang avait été placé sur le propitiatoire. La confession transférait les péchés sur le bouc (verset 21). Un homme devait ensuite le conduire dans une terre inhabitée, loin du camp, dans un lieu d’où il ne pouvait revenir, voué là à une mort certaine.
Cette image du bouc qui s’en va illustre de façon saisissante le transfert des péchés de celui qui croit à une victime de substitution, Christ, qui les a portés à sa place devant Dieu à la croix. Le pardon est accordé à ceux qui confessent leur état et qui acceptent la nécessité d’une victime capable de répondre aux exigences de Dieu. Le N.T. nous dit clairement que Jésus a porté les péchés de beaucoup2Hébreux 9. 28. Il a souffert hors de la ville, hors du camp, de ce lieu où l’on pouvait rencontrer Dieu. Il a été le Fils de l’homme qui “s’en va” Matthieu 26. 24. Dieu peut dire de ceux qu’il justifie : “Je ne me souviendrai3 plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités” Hébreux 8. 12 ; 10. 17.
Israël l’éprouvera plus tard, quand il reconnaîtra dans le bouc émissaire l’image du Messie qu’il a rejeté.
Afin de prévenir une souillure immédiate du camp et du sanctuaire, les participants devaient se laver (versets 24, 26, 28).
Aaron, revêtu de ses vêtements de sacrificateur, offrait sur l’autel d’airain les deux holocaustes (verset 24), accompagnés de la graisse du premier sacrifice pour le péché (verset 25), et veillait à l’exécution des prescriptions lévitiques (verset 27). Même en un jour aussi solennel, le service quotidien du sacrificateur ne pouvait s’interrompre. Il n’y avait ni dispense, ni pauseHébreux 7. 27a.
L’attention se tournait ensuite vers le peuple qui devait s’affliger et goûter le repos à la fin d’un jour longtemps attendu. C’était un sabbat : le peuple ne faisait rien, Aaron faisait tout.
Il s’agit ici de l’encens des drogues odoriférantes dont la composition (stacte, coquille odorante, galbanum et encens pur) avait été prescrite par Dieu à Moïse. C’est l’image du parfum de Christ et de son œuvre pour Dieu, qui forme la base de l’intercession dans le sanctuaire céleste de Christ pour les siens.
L’encens pur, au contraire, était seul versé sur les offrandes de gâteau (2. 2 ; 6. 8) ou sur les pains de proposition (24. 7).