Jusque-là, le lépreux demeurait dans le camp (l’habitation du peuple d’Israël) ; mais, bien que purifié, il était encore hors de sa tente (l’habitation de sa famille), et ses relations avec Dieu n’étaient pas pleinement rétablies.
Le huitième jour, un jour nouveau et attendu, la réintégration se concluait par des sacrifices et des rites d’onction. Cette cérémonie rappelle celle décrite en Exode 29 et en Lévitique 8, même si certains aspects diffèrent.
L’importance de ce rituel est soulignée par le nombre des sacrifices, tous présentés, à l’exception du sacrifice de paix (dont le caractère volontaire fortement marqué ne convient pas à cette scène).
L’offrande pour le délit est mentionnée d’abord. En l’offrant, le lépreux reconnaissait, même si des péchés spécifiques ne sont pas mentionnés dans ces chapitres, que sa conduite relevait d’un des cas cités en Lévitique 5, ou d’une conduite sacrilège identique à celles d’autres cas de “lèpre” Nombres 12. 9 ; 2 Rois 5. 27 ; 2 Chroniques 26. 17. Il pouvait aussi désirer offrir une “réparation” à la perte éprouvée par l’Éternel pendant sa maladie. En effet, pendant ce temps, il n’avait pu, ni offrir les sacrifices, ni apporter les dîmes et les premiers fruits.
Le rôle du sang, dans ce sacrifice, mérite d’être souligné. Le lépreux avait déjà été aspergé sept jours auparavant, à sept reprises. Cette purification parfaite, symbolisée par le chiffre sept, avait rétabli sa relation avec l’Éternel. Et le huitième jour, le sang du sacrifice pour le délit, qui efface les transgressions, est mis sur le lobe de l’oreille, le pouce et le gros orteil droit ; précisément là où la maladie laisse des traces particulièrement laides.
Les extrémités du corps humain marquées par le sang signifiaient la purification de l’homme tout entier. Désormais, dans ses pensées, dans ses actions, dans tout ce que sa main saisirait et partout où il irait, le lépreux se conduirait selon le prix de cette purification : le sang versé.
Alors le sacrificateur prend dans sa main un peu d’huile. Il en fait aspersion sept fois “devant l’Éternel”. Le reste est mis sur le sang qui avait été appliqué sur l’oreille, le pouce, et l’orteil (versets 15-17, 26-29). Le lépreux était ainsi élevé symboliquement à la plus haute place en Israël puisque l’huile de l’onction était réservée aux rois, aux sacrificateurs et aux prophètes (un seul cas est mentionné dans la Bible). Le verset 18 conclut le rituel de cette offrande et souligne la perfection de ce qui vient d’être fait.
Le sacrificateur offre ensuite un sacrifice pour le péché (verset 19), par lequel le lépreux reconnaît la nécessité de l’expiation. L’holocauste et l’offrande de gâteau complètent ce rituel. Pourquoi l’Israélite est-il conduit à apporter ces offrandes ? L’holocauste évoque la réconciliation avec Dieu, après que le péché a été ôtéJean 1. 29. L’offrande de gâteau est une preuve de fidélité envers le Dieu de l’alliance, si l’on retient le sens usuel du mot (selon le sens donné en Lévitique 2. 2). Désormais, le lépreux peut regagner sa tente, reprendre pleinement sa place dans le peuple de Dieu et vaquer au service qui lui revient. Enfin, des instructions particulières sont données au lépreux démuni (versets 21-32). Avec compassion, Dieu tient compte des moyens de l’intéressé, afin que sa pauvreté ne soit pas un obstacle à son rétablissement.
Pour le chrétien, cette scène peut se résumer ainsi : la mort et la résurrection de Christ (l’oiseau égorgé et l’oiseau vivant) sont la base de notre réhabilitation dans le peuple de Dieu (le camp), et dans la proximité de Dieu. Mais nous ne jouissons de nos privilèges d’enfants de Dieu, de notre part d’héritage (notre tente), que lorsque nous travaillons avec crainte et tremblement à notre propre salutPhilippiens 2. 12 (le lépreux rendu pur se lave lui-même), en nous appropriant la plénitude des grâces qui découlent de la croix (les sacrifices) par la puissance du Saint Esprit (l’huile).
Dieu ne veut pas que le croyant agisse selon un principe légal de séparation pour arriver à une sainteté personnelle. Mais purifié (versets 2-6), le chrétien, parce qu’il abandonne de plein gré ce qui était une source d’impureté, reçoit de Dieu seul la force de se séparer de toutes les impuretés qui, autrefois, le souillaient (versets 7-9).
Cette loi concerne l’époque où Israël habitera en Canaan (versets 33, 34). Il est question des maisons (verset 35), dont la souillure doit être jetée hors de la ville (versets 40, 45). Les mêmes épreuves que pour un individu sont appliquées pour diagnostiquer l’impureté d’une maison : coloration, profondeur de la “lèpre”, période éventuelle d’attente, pour discerner l’extension du mal ou sa récidive (versets 37, 38, 39, 43).
S’il y a “guérison”, le rituel des deux oiseaux est accompli (versets 49-53). Il n’est pas exigé d’autres sacrifices, car ici il est question de purification des lieux et non de communion avec les personnes.
Mais si la lèpre s’est étendue (une lèpre rongeante), la maison est déclarée impure. Le service du sacrificateur cesse et la maison est démolie (il n’est pas déclaré par qui). Le fait demeure : celui qui possédait la maison n’y habite plus.
Quelle signification morale donner à de telles instructions ? Ici, l’Éternel envoie lui-même “une plaie de lèpre dans une maison” (verset 34) pour montrer l’interaction entre l’homme et son environnement. Les lèpres ont pu se développer dans une atmosphère qui leur convient. L’Israélite devait être vigilant pour que, dans sa maison, elles ne trouvent pas un terrain favorable. C’est aussi pour nous un avertissement à veiller sur les habitudes de vie de nos familles1.
En résumé :
Ce sujet a déjà été abordé au chapitre 12. Depuis le chapitre 11 jusqu’au chapitre 16, la durée d’impureté se réduit progressivement : d’abord permanente (chapitre 11 : animaux impurs), puis de l’ordre de 70 jours et deux semaines (chapitre 12. 5), elle dure une semaine au chapitre 15 et le temps de la purification rituelle au chapitre 16.
Le chapitre 15 présente quatre cas d’impureté, classés :
La conclusion (versets 31-33) résume l’intention morale de ces prescriptions : ne pas traiter à la légère une impureté inévitable et en apparence anodine. D’une manière générale, ces impuretés ne conduisent pas l’Israélite hors du camp. Il continue à vivre dans sa tente, mais sa façon d’agir est limitée par la possibilité de contaminer tout ce qu’il touche. A la fin de cette période d’impureté, il doit offrir les sacrifices qui lui permettent de retrouver la relation interrompue avec l’Éternel, car l’Israélite impur ne pouvait adorer.