Trois chapitres complètent les enseignements sur l’impureté individuelle, que ce soient des maladies de peau appelées “lèpres” 1 (chapitre 13 et 14) ou des impuretés corporelles chez l’homme ou la femme (chapitre 15). Ces chapitres s’ordonnent en quatre séquences :
Cette section présente une approche de la maladie selon un modèle répétitif :
Il s’agit en effet de bien distinguer entre une “lèpre” qui contient de l’impureté et une maladie bénigne qui ne souille pas. L’Israélite qui soupçonnait une maladie de peau devait se montrer au sacrificateur, seul compétent pour affirmer la présence ou l’absence de lèpre.
Le caractère évolutif de la maladie et ses manifestations orientent le diagnostic :
Parfois, il faut encore isoler le malade avant de procéder à un nouvel examen.
La “lèpre” est donc l’image du péché qui conduit à la mort. Ici, il agit dans un homme du peuple et il le prive de sa relation avec l’Éternel.
La maladie se présente sous diverses formes :
Ainsi, sous toutes ses formes, l’activité du péché est dévoilée, mais lorsqu’il s’agit d’imperfections liées à la vieillesse (la calvitie, verset 40), il n’est pas nécessaire de voir le sacrificateur.
On voit donc la différence que fait l’Écriture entre l’activité du péché en nous (source d’impuretés) et la présence inévitable du péché en nous (qui, elle, ne souille pas). Pour éviter cette activité du péché en nous, il faut, par la foi, réaliser notre mort au péché par l’identification à Christ, ayant “crucifié la chair et les passions” Galates 5. 24 ; nous devons porter la mort de Jésus en nous-mêmes2 Corinthiens 4. 10, en portant chaque jour notre croixLuc 9. 23, c’est-à-dire en renonçant à nous-mêmes.
Lorsque la “lèpre” a été découverte, la conduite prescrite est appliquée (versets 45, 46). Impur, le malade doit vivre hors du campNombres 5. 1-4 ; Deutéronome 23. 11. Cette exclusion rappelle celle du jardin d’Éden (le lieu de délices où Dieu rencontrait l’homme). Le péché produit ici les mêmes effets : perte pour l’Israélite des privilèges liés à son identité. Il se retrouvait hors du camp comme ceux des nations et ceux qui sont impurs.
Être placé hors du camp, signifiait aussi être privé des bénédictions de l’alliance. L’Israélite était considéré comme un païen : il habitait seul, c’est-à-dire en dehors de toute relation avec le peuple de DieuNombres 12. 14, 15 ; 2 Rois 7. 3. C’est aussi pour cette raison que l’Israélite lépreux est souvent une image de l’homme pécheur, loin de Dieu, dégradé par la souillure. On peut mesurer, en le voyant, ce que le péché a introduit dans la création de Dieu comme impuretés, déviations morales qui conduisent à la mort physique et spirituelle.
Le lépreux devait aussi découvrir sa tête. L’homme conscient d’avoir péché cherche à fuir le regard de Dieu ou de ses semblables en se couvrantGenèse 3. 10 ; Nombres 5. 13, 18. Mais il devait couvrir sa barbe et crier : “impur !” La bouche couverte devait éviter toute contamination avec le prochain, le cri impur était l’avertissement douloureux de celui qui se trouvait exclu de la présence de Dieu (le camp), hors de tout secours humain, et incapable de se purifier lui-même. Tout devait être fait pour lui. Sa seule ressource était le sacrificateur, image de Jésus Christ.
Un détail remarquable annonce la possibilité de guérir : “la lèpre a couvert toute sa chair ; alors il (le sacrificateur) déclarera pur celui qui a la plaie” (verset 13). Couvert des pieds à la tête, le lépreux doit reconnaître qu’il n’y a en lui aucun bienÉsaïe 1. 5, 6 ; Romains 7. 18. Il pourrait dire, à l’image du fils prodigue de la paraboleLuc 15. 21 : “J’ai péché, je ne suis plus digne d’être en relation avec l’Éternel”.
Ayant reconnu son état, le lépreux attendait tout du sacrificateur dont le rôle était alors déterminant. Ce dernier remplit son service dans le sanctuaire (14. 11, 12, 16, 18, 23, 24, 27, 29, 31). Il sait mieux que quiconque ce qui est compatible avec la présence de l’Éternel. Guidé par la parole de l’Éternel, il fait un diagnostic minutieux de la maladie et n’agit ni à la légère, ni par ouï-dire (noter la fréquence du mot “verra”), ni avec précipitation (versets 5, 6, 21, 26, 31, 50, 54). La vigilance et la grâce étaient les garanties d’un diagnostic juste. Le sacrificateur n’excluait pas pour un motif futile, mais il veillait jalousement à ce que l’impureté dévoilée soit immédiatement éloignée.
L’homme entièrement blanc et lèpre, mais déclaré pur, est l’image d’un croyant qui se reconnaît entièrement pécheur à la suite d’une faute grave et prolongée, et qui ne cherche pas à dissimuler son état. C’est alors le chemin direct pour un rétablissement complet (verset 17).
Le bannissement hors du camp peut correspondre à la sanction que l’église locale est appelée à exercer en cas de conduite dépravée ou de fausse doctrine1 Corinthiens 5. 4-8. Par la suite, il reviendra à un ou plusieurs frères ayant du discernement spirituel, de revoir le croyant pour s’enquérir si le rétablissement a eu lieu (verset 37). C’est le travail délicat, mais si utile du sacrificateur, pour préparer l’assemblée à ratifier son amour envers le coupable repenti.
Sur les habits, l’infection provoque des effets identiques à ceux diagnostiqués sur le malade : des colorations anormales qui changent l’aspect habituel du vêtement. L’examen du sacrificateur conduit, selon le cas, à brûler le vêtement (renoncement absolu à des habitudes de vie), ou à le laver (action de la parole de Dieu, symbolisée par l’eau). Dans ce dernier cas, il convient d’attendre encore pour s’assurer du plein effet du lavage.
Le mot “lèpre” est un terme très général qui désigne, soit un ensemble de maladies de peau évolutives, soit, quand il est question de lèpre dans les maisons comme au chapitre 14, un champignon du type “mérule pleureuse”. Il est difficile d’identifier toutes ces affections avec des maladies actuelles. D’abord, parce que ces textes n’ont pas été donnés pour diagnostiquer une réalité médicale ou biologique, mais pour leur signification morale : “distinguer le pur de l’impur”. Ensuite, on peut penser que des maladies ont évolué au cours de l’histoire, et qu’il a pu exister des formes qui ont disparu de nos jours. Il est aussi possible que certaines maladies aient été plus contagieuses autrefois parce que la population était mal nourrie et peu immunisée.
La lèpre proprement dite, appelée maladie de Hansen paraît attestée au Proche-Orient, dans les symptômes actuels, à partir du quatrième siècle avant Jésus Christ. Dans le texte du Lévitique, aucun symptôme ne décrit le “faciès léonin” si caractéristique de la maladie hansénienne.