Il est difficile à la fois de bien commencer, de bien poursuivre et de bien achever sa course !
Gédéon avait fait beaucoup de bien à Israël. Après la victoire contre les ennemis, il avait su éviter le conflit avec Éphraïm par une parole douce (8. 2, 3), comme Phinées, à l’occasion de l’autel de Hed1Josué 22. 31, 33. Pourtant, la fin de sa vie a été ternie par la présence d’un éphod dans sa maison, un piège pour lui et pour le peuple qui est retombé dans l’idolâtrie (8. 27, 33).
Ici, Jephté assombrit le terme de son service, mais pour d’autres causes. Il échappe, lui, au danger de l’idolâtrie, qu’il combat au travers des ennemis (11. 24). Mais il cède devant l’attrait du pouvoir, entraîné par son caractère impétueux : le sacrifice inutile de sa fille est suivi par la guerre civile parmi le peuple. La Parole nous entretient maintenant de cette triste circonstance.
Dans les luttes entre frères, tous sont coupables, et il n’y a ni vainqueur, ni vaincu. Jephté manque de grâce et d’humilité, mais l’état d’Éphraïm était très affligeant.
Le déclin de cette tribu est saisissant :
On comprend bien ainsi que toutes les conditions s’étaient accumulées pour qu’Éphraïm commence la lutte contre ses frères.
“Une réponse douce détourne la fureur, mais la parole blessante excite la colère” Proverbes 15. 1. Gédéon avait mis en pratique le premier proverbe pour son bien. Jephté, au contraire, tombe dans le piège dénoncé par le second, pour son malheur et celui du peuple d’Israël. Auparavant, Jephté avait défendu la cause du peuple “de l’Éternel, le Dieu d’Israël” (11. 23) en face des fils d’Ammon. Maintenant, Israël est devenu le propre peuple de Jephté : “moi, et mon peuple” (verset 2).
Alors, le juge entreprend de se défendre lui-même devant ses propres frères.
Éphraïm avait accusé Galaad de n’être que des réfugiés au milieu des tribus de Joseph (verset 4). L’orgueil blessé de Jephté lui fait prendre les armes pour commencer le conflit.
La bataille se porte aux gués du Jourdain. Auparavant, ils avaient été enlevés aux Moabites (avec l’aide d’Éphraïm) pour protéger le pays contre l’invasion des ennemis (3. 28). Plus tard, la contribution d’Éphraïm au combat contre Madian avait été de contrôler le passage des eaux, pour couper la retraite de l’ennemi (7. 24).
Quelle aberration de voir maintenant Jephté et Galaad enlever les gués du Jourdain à leurs propres frères, et faire mourir là quarante-deux mille d’entre eux. Pourtant, aucun principe fondamental n’était en jeu dans cette lutte mortelle : un simple défaut de langage décide qui devait mourir ! A quelle extrémité Satan peut-il conduire des frères aveuglés par le sentiment de leur propre importance !
L’apôtre Paul nous met en garde contre ce terrible danger de l’orgueil et des susceptibilités charnelles dans nos relations fraternelles : “Si vous vous mordez et vous dévorez l’un l’autre, prenez garde que vous ne soyez consumés l’un par l’autre” Galates 5. 15. Que le Seigneur nous garde plutôt dans un esprit de grâce et de support mutuel dans l’amour !
Le service de ce juge a été court, six ans seulement. Tout en retenant la leçon d’humilité que nous donne la triste affaire de Shiboleth, nous ne devons pas oublier le bien que Jephté a fait au peuple de Dieu.
La courte description du service des trois juges suivants montre que Dieu n’oublie jamais son peuple, malgré les fautes graves des instruments employés à sa délivrance. Il ne s’agit pas d’engager de nouveaux combats, mais de jouir des fruits paisibles des victoires déjà acquises, pendant vingt-sept ans de repos. Auparavant, il s’agissait de “surmonter” la puissance des ennemis. Maintenant, il faut “tenir ferme” devant euxÉphésiens 6. 13.
Ibtsan était de Bethléem, la maison du pain. C’est là qu’il a vécu, jusqu’à sa mort. Sachons l’imiter, en restant auprès des sources de la nourriture de nos âmes, Christ et sa Parole. L’exemple d’Élimélec, lui aussi de Bethléem de JudaRuth 1. 2, montre le danger de quitter ce lieu de la vraie bénédiction pour le mirage des plaines de Moab.
Ibtsan (verset 9) partage avec Jaïr (10. 4) le privilège d’une nombreuse famille, un signe de la faveur de Dieu en IsraëlPsaume 127. 3. Peut-être ne retrouve-t-on plus la même énergie de foi en Ibtsan qui avait fait “se lever” Jaïr autrefois ?
Élon était de la tribu de Zabulon dont on se rappelle le dévouement et l’abnégation (5. 14, 18). Aucun détail n’est donné sur lui, sauf le lieu de sa sépulture, Ajalon, qui signifie “endroits des cerfs”. Le cerf et la biche étaient des animaux pursDeutéronome 12. 15, symbole dans la Parole de l’âme qui crie à DieuPsaume 42. 2, de légèreté et de grâce moralesÉsaïe 35. 6 ; Proverbes 5. 19.
Que notre vie chrétienne soit empreinte de tels caractères !
Ce juge, onzième et avant-dernier, appartenait à la tribu d’Éphraïm. Moins de vingt ans séparaient le massacre des gués du Jourdain du début de son service2. L’unité extérieure du peuple n’avait donc pas été profondément altérée, contrairement à l’affaire de Guibha de Benjamin (21. 3). Le lieu d’origine et de sépulture d’Abdon, Pirathon, dans la montagne d’Éphraïm, signifie “élévation”.
Sous ces trois derniers juges, les fils d’Israël ont goûté le repos. Ont-ils profité de ce temps de tranquillité pour refaire leurs forces avant de nouveaux combats ? C’est ce que nous devrions faire spirituellement.
La suite de l’histoire montre qu’Israël ne l’a pas fait.