Après les quarante ans de repos, Othniel meurt et Israël retourne au mal, en abandonnant son Dieu.
Au temps de la délivrance, l’Éternel avait fortifié la main d’Othniel contre les ennemis d’Israël. Mais maintenant, l’Éternel fortifie la main des ennemis contre son peuple pour le châtier. C’est une chose solennelle de penser que Dieu se sert des instruments de son choix (Satan même, l’ennemi de nos âmes) pour nous discipliner. Le cas de Job est exemplaire à cet égard.
Moab s’associe donc les fils d’Ammon et Amalek pour frapper Israël de la part de Dieu. Ces trois peuples, qui étaient les plus proches d’Israël par leur origine, sont devenus plus tard ses ennemis les plus implacables. Moab et les fils d’Ammon descendaient de Lot, neveu d’AbrahamGenèse 19. 37, 38 ; Amalek était issu d’Ésaü, frère jumeau de JacobGenèse 36. 12.
Ensemble, ces trois nations montrent l’opposition de Satan et de la puissance du mal au peuple de Dieu. Elles sont aussi pour le croyant le symbole de l’homme naturel et de la chair, ce principe mauvais qui est en lui jusqu’à la fin de sa vie sur la terre. Rien ne peut être amélioré de l’homme naturel, comme le confirme la déclaration du prophète sur Moab : “Moab a été à son aise dès sa jeunesse, et tranquille sur sa lie ; il n’a pas été versé de vase en vase, et il n’est pas allé en captivité ; c’est pourquoi son goût lui est demeuré, et son parfum ne s’est point changé” Jérémie 48. 11. L’apôtre Paul le confirme à tous les chrétiens : “Car je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien” Romains 7. 18.
Moab, toutefois, habitait un pays de champs fertilesJérémie 48. 33, un pays de vignesÉsaïe 16. 8-10 et de pâturages pour de nombreux troupeaux2 Rois 3. 4. Mais quand Moab se tourne contre Israël, il lui ôte la possession de ses bénédictions, symbolisées par la ville des palmiers, Jéricho1.
Malgré cela, Israël, inconscient de son état, se cherche les faveurs du roi de Moab qui l’opprimait et lui envoie un présent. Chercher à se rendre le monde propice, ne fera qu’ajouter à la domination du monde sur les chrétiens.
Dans sa détresse, le peuple crie à l’Éternel, qui suscite un sauveur, Éhud, fils de Guéra, de la tribu de Benjamin. Plusieurs détails touchant ce juge doivent retenir l’attention :
Dans la tribu issue du dernier fils de Jacob, Guéra, le père d’Éhud, portait le nom de la plus petite unité de poids, le guéra2.
Éhud est probablement la contraction de Abihud, qui signifie “dont la louange est le Père”. Les chrétiens seront fortifiés dans leurs combats (contre les ennemis spirituels) dans la mesure où ils réalisent leur place de sacrificateurs devant Dieu pour lui présenter la louange. Un remarquable fils d’Ammon et Ésaü. Lorsque le peuple commence le chant de triomphe et la louange, l’Éternel intervient en délivrance2 Chroniques 20. 22.
Éhud était “gaucher” (verset 15), bien que descendant de Benjamin, le “fils de la droite” de JacobGenèse 35. 18. La Parole ne veut-elle pas par là nous enseigner que si nous sommes affermis en Christ, nous avons à réaliser notre propre faiblesse (quant à notre vie pratique) ? La déclaration de l’apôtre : “La faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes” 1 Corinthiens 1. 25, est confirmée par sa propre expérience : “Car quand je suis faible, alors je suis fort” 2 Corinthiens 12. 10.
La courte épée du juge (une petite coudée seulement), à deux tranchants, est une figure connue pour nous de la Parole de DieuHébreux 4. 12, arme offensive du chrétien qu’il faut revêtir avec les autres pièces de l’armure complète de DieuÉphésiens 6. 13, 17. Éhud portait son épée sous ses vêtements, et sur sa hanche droite. Invisible pour le monde, l’épée de l’Esprit doit habiter notre cœur avant de se diriger contre les ennemis. La faiblesse naturelle du juge (il était gaucher) le conduit, en outre, à reporter son épée sur sa droite, le côté de la puissance divinePsaume 17. 7 ; 18. 32-35 ; 45. 3, 4.
Israël avait, dans son ensemble, abandonné Guilgal (2. 1) ; néanmoins, c’est là que le sauveur envoyé par Dieu commence son service. L’infidélité collective ne doit jamais être un obstacle à l’énergie individuelle de la foi.
Ainsi préparé, Éhud entreprend un combat solitaire contre le roi des ennemis du peuple. L’obésité d’Eglon, assis à son aise dans sa chambre de rafraîchissement, décrit la masse inerte de l’énergie humaine méprisable de ceux qui, dans leur orgueil, ont abandonné DieuPsaume 17. 10 ; 73. 7.
Éhud rencontre Eglon seul à seul. La parole secrète du juge (verset 19) était en fait une parole de jugement de la part de Dieu (verset 20). Comme le Seigneur Jésus a rencontré Satan seul au désert, nous avons aussi à faire face à nos ennemis dans des scènes qui n’ont pas de témoins. La victoire contre le roi de Moab est acquise dans le silence et sans gloire extérieure, par celui que Dieu avait envoyé.
La victoire publique sur les ennemis suit le jugement secret de leur roi.
Après la mort d’Eglon, Éhud sonne de la trompette pour rassembler Israël, selon le commandement de l’Éternel à MoïseNombres 10. 9. C’est une autre belle image de la Parole qui rassemble le peuple de Dieu pour le combat, comme pour les fêtes solennelles.
Éhud prend alors la tête des armées d’Israël : “Suivez-moi” (verset 28). L’ennemi est complètement détruit et le territoire qu’il avait ravi lui est repris ; enfin le passage du Jourdain est fermé à Moab.
Rappelons-nous que Moab était établi de l’autre côté du Jourdain, de sorte que le contrôle des gués du fleuve préservait maintenant Israël de nouvelles incursions de ses ennemis. C’est une importante leçon morale pour nous. Nos conflits doivent produire une réelle séparation du monde, faute de quoi nous risquons d’avoir souffert en vainGalates 3. 4. Reprendre à l’ennemi les gués du Jourdain, c’est réaliser que la croix de Christ nous sépare du monde pour nous garder de ses dangersGalates 6. 14.