“Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant” 1. Cette déclaration est la clé de toute l’épître. Elle exprime un des grands résultats de l’œuvre de Christ qui est venu “pour publier aux captifs la délivrance” Luc 4. 19. Avant leur conversion, les Galates étaient esclaves du péchéRomains 6. 20 ; Hébreux 2. 15, alors que les Juifs, également pécheurs, étaient sous la servitude de la loi (4. 24, 25). Désormais, tous ceux qui croient à l’évangile, qu’ils soient Juifs ou païens, ont été libérés par Jésus Christ. Paul avait déjà mentionné cette liberté (2. 4), et vigoureusement refusé toute idée qu’on puisse être justifié en obéissant à la loi (2. 16). Il montre maintenant qu’un croyant, justifié par la foi en Christ, ne peut chercher à faire ce qui est juste en obéissance à la loi. Sa vie, c’est Christ lui-même. Christ était libre de tout lien et il nous a rendus tels. Mais lui ne voulait faire que la volonté de Dieu : c’est aussi ce qu’il nous propose.
“Tenez-vous donc fermes” ajoute Paul, en voyant les Galates en grand danger de rejeter cette liberté pour se placer sous un nouveau “joug de servitude”, celui de la loi, que les Juifs n’avaient pas pu porterActes 15. 10. Le disciple du Seigneur n’est pas soumis à la cruelle domination du péché ni à la dure emprise de la loi ; mais nous sommes enclins à nous replacer sous une loi, plutôt que de porter le joug léger et doux de celui qui ne désirait qu’une chose : faire la volonté de son Dieu et PèreMatthieu 11. 29-30.
L’apôtre use de toute son autorité pour montrer aux Galates que Christ ne leur sert de rien s’ils se font circoncire2. En le faisant, ils démontreraient que le travail de Paul envers eux avait été vain (4. 11), et qu’ils se plaçaient sur le faux terrain de la loi et de la propre justice par les œuvres. Dieu met en évidence l’inévitable conséquence d’un acte qui pouvait paraître pieux.
Or, tout homme qui se fait circoncire selon la loi de Moïse se doit alors de respecter la loi tout entière. Il est impossible d’insister sur la validité de certains commandements tout en négligeant les autres. De même, le N.T. ne justifie pas la fréquente distinction que l’on fait actuellement entre loi cérémonielle et loi morale3, car la loi forme un tout. On ne peut pas s’appuyer en partie sur ses œuvres, en partie sur la grâce de ChristRomains 14. 23. Si l’on retourne à la loi, on sort du domaine de la grâce, de “la vraie grâce de Dieu” 1 Pierre 5. 12. On est “déchu de la grâce”. Celui qui le fait abandonne la grâce comme fondement de sa relation pratique avec Dieu. On ne peut pas en tirer argument pour prétendre qu’un chrétien puisse perdre son salut. Le croyant, né de nouveau, est racheté pour toujours et nulle part l’Écriture n’enseigne que, s’il tombe ou s’éloigne de Dieu, il sera perduJean 3. 16 ; 10. 28-29. Bien au contraire, il est impossible de perdre le salut (de l’âme) gratuitement donné par Dieu.
La circoncision était le signe de l’alliance entre l’Éternel et la descendance d’AbrahamGenèse 17. 11, confirmé par la loiNombres 12. 3. Mais les chrétiens ont été “circoncis… par la circoncision du Christ”, en contraste avec celle de la loi, parce qu’ils ont été identifiés avec Christ dans sa mort et dans sa résurrectionColossiens 2. 12. Ils sont désormais la vraie “circoncision” Philippiens 3. 3. C’est donc une absurdité de vouloir appliquer la circoncision aux chrétiens.
Paul présente ensuite la merveilleuse espérance des croyants. Ceux qui s’attachent à la loi espèrent en vain établir leur propre justice. Nous n’espérons pas être justifiés, nous l’avons été par la foi en Jésus ChristRomains 5. 1, 2. Nous attendons maintenant la gloire à la venue du Seigneur pour enlever les siens. Nous serons alors changés et notre corps actuel, ce corps d’abaissement, sera transformé et rendu semblable à son corps de gloirePhilippiens 3. 21 ; 1 Corinthiens 15. 43. Mais comme cette espérance n’est pas encore réalisée, nous l’attendons par la foiHéb 11. 1.
La place merveilleuse que chaque croyant a reçue par la foi s’exprime ainsi : il est “dans le Christ Jésus” (comp. 2. 4 ; 3. 14 ; 26-28). Il est uni à Christ et Dieu le voit en Christ.
Dans cette position bénie et inaltérable seule la foi a de la valeur et de la force. La circoncision ne sert à rien au croyant, et l’incirconcision ne le désavantage pas non plus. Qu’un chrétien soit circoncis ou non, qu’il ait été auparavant juif ou non, n’a aucune espèce d’importance. La seule chose qui compte aux yeux de Dieu, c’est la foi, qui opère par l’amour. C’est par elle qu’on est justifié (2. 16), qu’on reçoit l’Esprit (3. 14), et aussi que l’on peut plaire à DieuHébreux 11. 6. Elle est le fondement de notre espérance (5. 5) et caractérise, avec l’amour, notre vie pratique. La foi n’est donc en aucun cas une simple conviction intellectuelle, mais bien plutôt une réalité vivante et pratique. De la même manière que Jacques explique que toute foi véritable se fait reconnaître par ses œuvresJacques 2. 14 – 26, Paul voit ici l’amour comme l’énergie efficace de la foi. L’amour est en rapport étroit avec les deux autres vertus du christianisme, la foi et l’espérance1 Corinthiens 13. 13 ; Colossiens 1. 4, 5 ; 1 Thessaloniciens 1. 3. Puissions-nous réaliser que l’amour de Dieu, versé dans nos cœurs par l’Esprit SaintRomains 5. 5, est le moteur de la vie pratique du chrétien.