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Ces versets constituent la conclusion de l’épître. Paul y résume à nouveau l’ensemble de ses pensées et termine par une courte salutation.
Contrairement à son habitude, il n’avait pas dicté cette lettre à quelqu’un d’autre, mais l’avait rédigée lui-même, sans doute en gros caractères1. La raison pour laquelle Paul trouva bon d’écrire lui-même cette lettre importante ne nous est pas expressément fournie, mais nous pouvons comprendre qu’elle lui a demandé un effort particulier, qui prouve l’importance et l’urgence de son message, ainsi que son ardente affection pour les Galates.
Paul a mentionné plusieurs fois l’activité néfaste de personnes qui voulaient ramener les croyants aux ordonnances de la loi et donner ainsi une certaine importance à ce que l’homme fait par lui-même, c’est-à-dire à la chair. En terminant sa lettre, l’apôtre doit dénoncer les motifs réels de ces faux docteurs : ils recherchent une belle apparence dans la chair et craignent d’être persécutés à cause de la croix de Christ. On comprend ces deux choses en se plaçant du point de vue des Juifs. Nous avions vu au chapitre 2. 11 comment le désir d’être bien considéré avait conduit même Pierre à dissimuler sa conduite devant les frères venus de Jérusalem.
Par contre, c’est de la part des Juifs incrédules que les chrétiens avaient à craindre la persécution à cause de la croix de Christ. En effet, les Juifs savaient pertinemment que la foi en celui qu’ils avaient rejeté et crucifié remettait en question la spécificité et l’unicité de leur culte à Dieu. Mais si les chrétiens observaient aussi la loi et la circoncision, alors les Juifs auraient pu les admettre comme étant une de leurs “sectes” Actes 24. 5, 14.
La forme verbale de l’expression “ceux qui sont circoncis” (verset 13) indique ce qui les caractérise : ils appartiennent au parti de la circoncision. Mais ils ne respectent même pas la loi, nous dit Paul à leur sujet. Ils ne sont donc pas sincères dans leur façon d’agir, mais ils recherchent un succès mondain et sectaire. En amenant d’autres personnes à se faire circoncire, c’est leur prestige personnel auprès des Juifs et de certains croyants juifs qu’ils cherchent à accroître. Mais c’est aux dépens des Galates qu’ils le font “afin de se glorifier dans votre chair”. Les judaïsants voulaient se glorifier du nombre de Galates circoncis. Il ne s’agissait pas du salut ou du bien-être de leur âme, mais seulement de leur renommée personnelle. Plus ils auraient d’adeptes, plus ils en seraient fiers.
Auparavant, Paul avait également recherché – et obtenu – honneurs et gloire sur le plan religieux. Mais depuis sa conversion devant les portes de Damas, il avait été entièrement transformé. Ceci ne signifie pas qu’il n’attendait plus aucune gloire, mais uniquement de la part de son Sauveur et Seigneur. Ainsi, il était parfaitement en droit de dire : “Qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre seigneur Jésus Christ”. C’est la croix qui est, pour le croyant, la source de toute bénédiction, de toute joie et donc aussi de toute gloire. Mais la croix est également la pierre de touche de l’humanité. Là, Dieu a rendu son juste jugement sur les hommes pécheurs et sur le système qu’ils avaient établi sous la direction de Satan. En crucifiant le Seigneur Jésus, le monde a prononcé sa propre condamnation1 Jean 5. 19.
Pour cette raison, l’apôtre ajoute que le monde lui est crucifié par la croix. La mort de Christ et la mort de Paul avec lui séparaient définitivement ce dernier du monde. Y aurait-il encore un lien quelconque, serait-ce même sur le plan religieux, qui puisse subsister entre le monde, condamné par Dieu, et celui qui a accepté par la foi l’œuvre rédemptrice de la croix ? Impossible ! Paul ajoute que lui aussi est crucifié au monde. Ainsi, il n’attend ni ne souhaite plus rien du monde, et ce dernier n’a également plus aucun droit sur lui. Remarquons que Paul n’énonce pas comme vérité générale que le monde est crucifié au croyant et le croyant au monde. En effet, bien que ce soit vrai en principe pour tous à cause de notre identification avec Christ, c’est ici la réalisation pratique qui est en vue. Paul le réalisait pleinement dans l’énergie de la foi par l’Esprit. Où en suis-je personnellement dans les liens avec ce monde ? Telle est la question qui se pose à chacun.
Comme la loi (4. 3), l’incirconcision, symbole de l’homme naturel, fait aussi partie des éléments du monde. C’est pourquoi Paul en conclut que “ni la circoncision, ni l’incirconcision n’ont de valeur…” La croix de notre Sauveur a établi une telle séparation que dans le domaine de la foi, toutes les différences ont entièrement disparuColossiens 3. 11. A la croix, où Dieu a jugé le vieil homme, le Seigneur a posé la base d’une nouvelle création à laquelle participe déjà toute personne qui croit en lui. Certes, les croyants, qui ont dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveauÉphésiens 4. 22-24 ; Colossiens 3. 9, 10, vivent encore dans l’ancienne création. Mais le moment approche où toute la création elle-même sera entièrement renouvelée ; l’ancienne création disparaîtra pour faire place à la nouvelle. “Et je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés et la mer n’est plus… Et celui qui était assis sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles” Apocalypse 21. 1-5.
Paul termine ses explications en exprimant une bénédiction (verset 16). Puisque les Galates recherchent une règle à suivre dans leur vie, Paul leur en présente une : il existe maintenant une nouvelle création, par la croix de notre Seigneur Jésus, et tout ce qui appartient à l’ancienne et au monde est arrivé à son terme. Ceux qui font partie de la nouvelle création peuvent se glorifier de la croix de notre Seigneur Jésus Christ, qui est devenue la base de toute bénédiction. Paul souhaite alors la paix et la miséricorde à tous ceux qui marcheront selon cette règle.
L’Israël de Dieu désigne ici ceux d’entre les Juifs qui acceptent maintenant, pendant le temps de la grâce, l’évangile de Jésus Christ par la foi et qui vivent selon la règle de la nouvelle création. Selon le conseil de Dieu, ces croyants ne forment pas pour autant une église à part, ou un groupe spécial dans son Assemblée2.
Les Galates avaient donné beaucoup de travail à Paul par leur tendance à suivre les doctrines et les pratiques juives (comp. 4. 11-19) ! Ils avaient bien commencé à vivre par l’Esprit, mais étaient en danger de finir de manière charnelle. C’est pourquoi il les prie maintenant de ne plus lui causer du souci et de la peine de cette manière (verset 17). Pour justifier cela, il ajoute qu’il porte en son corps “les marques du Seigneur Jésus”. Il pense sans aucun doute à ses blessures et ses cicatrices, signes visibles des persécutions et des mauvais traitements endurés en tant que serviteur de Christ2 Corinthiens 6. 4-6 ; 11. 23-28 ; Actes 16. 33.
A la fin de cette épître où il est si souvent question de la loi, Paul souhaite pourtant aux croyants galates que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec leur esprit. La grâce, qui apporte le salut en Jésus pour tous les hommes, doit aussi caractériser la vie des enfants de Dieu ainsi que leur comportement l’un envers l’autre. C’était ce qui manquait particulièrement aux Galates.
La lettre se termine aussi abruptement qu’elle avait commencé, sans salutations. Cependant, malgré son souci et sa souffrance, Paul exprime encore une fois, à la fin, son profond amour pour ces croyants égarés, en les appelant “frères” comme il l’a si souvent fait déjà. C’est comme un dernier appel à leurs cœurs.