La crainte d’avoir travaillé en vain parmi eux amène Paul à leur lancer ensuite un vibrant appel pour toucher leur cœur. Il leur demande d’abord (il les prie même) d’être (ou de devenir) comme lui, c’est-à-dire libérés de la loi. Eux qui, en tant que païens, n’avaient autrefois rien à faire avec la loi, voulaient s’y soumettre après avoir cru au Seigneur Jésus ! Mais Paul, qui avait grandi sous la loi, en avait été libéré par la foi en Jésus. C’est pour cela qu’il leur enjoint d’être comme lui. Car lui aussi est comme eux, ajoute-t-il ; il était à l’origine sous la loi, mais était devenu comme eux auparavant : libre de ses commandements. En se plaçant sous la loi, les Galates agissaient en contradiction avec l’évangile de la grâce auquel ils avaient cru, ce qui est un grand tort. Mais ce n’est pas à Paul qu’ils ont causé du tort. Même s’il a beaucoup de peine de les voir se détourner de la bonne nouvelle qu’il leur avait annoncée, il ne prend pas leur attitude comme une attaque personnelle contre lui.
Paul rappelle les conditions dans lesquelles il leur avait auparavant apporté l’évangile, le temps passé avec eux, quand les rapports entre eux et lui étaient tout autres.
Beaucoup d’hypothèses ont été formulées au sujet de l’infirmité mentionnée au verset 13, mais la parole de Dieu ne donne visiblement aucun renseignement là-dessus. On peut penser à l’ “écharde pour la chair” 2 Corinthiens 12. 7, 9, que Paul avait reçue après avoir été ravi dans le paradis. En tout cas, cette maladie de l’apôtre devait avoir un côté repoussant quand on le regardait, ou bien engendrer un sentiment de mépris. C’était une épreuve, ou une tentation. Malgré cela, les Galates avaient reçu Paul avec une très grande joie, car il apportait à ces hommes prisonniers de leurs idoles la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. Ils ne l’avaient donc pas reçu seulement comme un messager de Dieu – car c’est bien ce qu’il était – mais même comme un être surnaturel, comme un ange de Dieu, oui, comme Christ lui-même, dont il était l’imitateur.
Entendre, puis recevoir l’évangile de Paul par la foi leur avait procuré un bonheur si grand qu’ils s’en seraient arraché les yeux, si cela avait été possible, et les auraient donnés à l’apôtre1. Qu’était donc devenue cette grande joie des premiers temps ? Elle avait été remplacée par de la méfiance et de la suspicion envers l’apôtre. Peut-être pensaient-ils que Paul ne leur avait pas tout dit, qu’il leur avait même causé du tort en ne mentionnant pas la nécessité d’observer la loi de Moïse. En conclusion, Paul leur demande s’il est devenu leur ennemi en leur disant la vérité. Il supportait encore qu’ils ne lui témoignent plus le même amour qu’auparavant. Mais eux devaient quand même se poser la question : comment pouvaient-ils maintenant traiter en ennemi celui qui leur avait annoncé la vérité ?
Les judaïsants voulaient amener les Galates à garder la loi. Pour ce faire, tous les moyens leur étaient bons. En isolant Paul des Galates, ils cherchaient à les détourner de la doctrine qu’il leur avait annoncée, selon laquelle ce n’est que par la grâce que l’homme est justifié et qu’il peut se tenir devant Dieu (5. 4). Paul s’était beaucoup donné pour le bien spirituel de ces croyants. Mais ceux qui cherchaient à les convaincre le faisaient pour des motifs peu avouables, car ils voulaient les entraîner après eux.
L’apôtre n’a rien à reprocher à ceux qui sont animés d’un grand zèle, si c’est pour le bien, pour servir Dieu selon sa volonté, comme c’était le cas pour Paul et les Galates auparavant, quand il était avec eux. Maintenant qu’il était parti, de faux frères déployaient beaucoup d’efforts pour amener les croyants à manifester un zèle partisan pour la loi. Paul presse les Galates de continuer à faire en son absence, ce qu’ils faisaient lorsqu’il était avec eux : montrer un grand zèle, mais pour le bien.
L’attention, le soin de Paul pour toutes les assemblées2 Corinthiens 11. 28, avait un motif particulier à l’égard des Galates. En effet, il leur avait auparavant décrit d’une manière si vivante Christ crucifié qu’ils l’avaient reçu joyeusement dans leur cœur. Paul était ainsi devenu leur père spirituel, car il les avait engendrés en Jésus Christ par l’évangile1 Corinthiens 4. 15 ; Philémon 10. C’est pour cela qu’il les nomme ici ses enfants. Il était rempli d’un amour vrai, qui venait de Dieu, envers ses enfants dans la foi, à un point tel que c’était comme s’il ressentait une seconde fois les douleurs de l’enfantement à cause d’eux. Mais cette fois-ci, il ne s’agissait plus de la nouvelle naissance. Ils étaient en grand danger de perdre de vue le Seigneur Jésus pour se tourner vers les misérables éléments du monde. Que Christ soit formé en eux, voilà ce que Paul recherchait, ce pour quoi il souffrait.
Cela n’a-t-il pas une grande valeur pour chaque enfant de Dieu, de désirer que Christ soit formé en lui ? Pour cela, le seul moyen est de regarder à Christ, et de lui faire confiance, à lui, et non aux faux docteurs, à la loi ou à nos œuvres. Il faut que nous apprenions toujours mieux à connaître le Christ de l’Écriture, ce qu’il est, son œuvre et ses merveilleuses conséquences, comme elles nous sont présentées dans la parole de Dieu. Alors nous pourrons dire comme Paul : “je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi” (2. 20).
Paul était loin des Galates lorsqu’il écrivait cette lettre. Mais il souhaitait être près d’eux, de manière à pouvoir leur dire oralement tout ce qui l’inquiétait à leur égard, pour pouvoir aussi, mieux que dans une lettre, changer de ton, leur parler sévèrement ou de façon amicale, selon ce qu’il avait à leur dire. Mais il est en perplexité à leur sujet. Il ne sait s’il a trouvé les mots appropriés, le ton juste, pour leur aller droit au cœur. S’il était près deux, il verrait leur réaction face à ses paroles et il pourrait modifier sa manière de parler en conséquence.