Paul adresse successivement ses exhortations à trois groupes de personnes à l’intérieur de la maison : femmes et maris, enfants et parents, serviteurs et maîtres. Il commence chaque fois par s’adresser à ceux qui sont placés dans une position de subordination. C’est une marque d’intérêt en faveur de ceux qui peuvent trouver difficile d’accepter l’autorité à laquelle ils doivent être soumis. Et l’exhortation à ceux qui disposent de cette autorité tend toujours à prévenir l’abus qu’ils pourraient en faire, touchante marque de la sollicitude de Dieu pour ceux qui sont abaissés.
“Enfants, obéissez à vos parents”, telle est l’injonction divine qui subsiste à travers les âges. C’est juste devant Dieu qui a créé cette relation. Les enfants de parents chrétiens vivent cette relation “dans le Seigneur”, placés avec eux sous cette autorité, dans l’amour. Ils ont donc un motif bien plus élevé que l’obéissance à une loi. Cependant Paul rappelle ici le commandement de la loi de Sinaï : “Honore ton père et ta mère”. Il ne veut pas mettre les enfants sous la loi, mais il veut montrer l’importance que Dieu a toujours attachée à l’obéissance aux parents. Elle ordonnait à tous, à tout âge, d’honorer leur père et leur mère. Reconnaître le devoir d’obéissance et de respect envers les parents est aussi une des prescriptions de la loi que “les nations qui n’ont pas de loi font naturellement” Romains 2. 14. C’est un devoir qui découle de la condition naturelle de l’homme ; de plus, ce n’est pas une défense, comme la plupart des commandements qui répriment le péché, c’est un commandement positif assorti d’une promesse. Il ne suppose pas le mal, mais décrit ce qui conduit au bonheur sur la terre.
Les enfants sont supposés entendre la lettre lue dans l’assemblée réunie. Ils ont là leur place : c’est un encouragement et un stimulant pour tous les parents à amener leurs enfants aux réunions de l’assemblée. Sans que nous nous en rendions toujours compte, ils y recevront bien des enseignements qui leur seront profitables. Ce passage est aussi un exemple de paroles à la portée des plus jeunes, qui leur sont directement adressées.
Les pères ont à élever leurs enfants “sous la discipline et les avertissements du Seigneur”. C’est une immense grâce de savoir qu’ils ne sont pas livrés sans protection au monde et à son influence. Nous pouvons et nous devons, dès leur jeune âge, les mettre en contact direct avec la Parole, leur enseigner ce que nous avons appris du Seigneur par elle et les discipliner comme lui le fait pour nous. Nous le faisons imparfaitement, mais le Seigneur reconnaît ce service et lui donne son efficacitéHébreux 12. 9, 10. Ne nous laissons pas séduire par ceux qui prétendent que l’enfant doit s’épanouir sans les contraintes qu’impose la parole de Dieu et qu’il choisira plus tard librement sa voie.
La mention du nom du Seigneur aux versets 1 et 4 nous confirme que les enfants d’un croyant lui sont étroitement associés sous l’autorité du Seigneur. Le salut est individuel et ne peut être reçu qu’en croyant personnellement au Seigneur Jésus. Mais l’enfant d’un chrétien n’est jamais considéré comme un païen, il est placé dans la position chrétienne extérieure. Il est “saint”, mis à part1 Corinthiens 7. 14 et doit être instruit, élevé comme tel. Toute la Parole, ses enseignements positifsGenèse 18. 19 ; Proverbes 6. 20, 23, ainsi que les défaillances de nombreux pères1 Samuel 3. 13 ; 1 Rois 1. 6 nous confirment que telle est la volonté de Dieu à l’égard des enfants qu’il confie aux croyants.
Mais cette discipline doit s’exercer dans l’amour. Elle ne conduira pas à exiger de l’enfant le respect d’une volonté humaine qui s’oppose à la sienne, ce qui aurait pour effet de l’irriterColossiens 3. 21 et d’altérer la confiance. Au contraire, toute l’attitude du père doit faire éprouver à son enfant que parents et enfants sont ensemble soumis au Seigneur et qu’il bénéficie de ses tendres soins par leur moyen. N’a-t-il pas dit : “Laissez venir à moi les petits enfants” Matthieu 19. 14 ?
Le grand mobile des exhortations de l’apôtre c’est que nous sommes tous placés sous l’autorité du Seigneur. Cela relève la condition de ceux qui servent, “asservis au Seigneur” et non aux hommes ; cela rappelle à leurs maîtres qu’ils ont eux aussi le même Seigneur et Maître dans les cieux, qui ne fait pas de différence entre eux.
Plusieurs ont taxé de faiblesse l’exhortation à la soumission que Paul adresse aux esclaves. C’est méconnaître entièrement la puissance de la grâce qui peut tout changer dans le cœur sans toucher aux circonstances. L’enseignement de la grâce de notre Dieu sauveurTite 2. 10, 11 transforme entièrement la condition de celui qui sert : au lieu de servir un homme sous la contrainte, il sert Christ en “faisant de cœur la volonté de Dieu”. Christ connaît parfaitement ce chemin difficile, car il a pris “la forme d’esclave” pour devenir l’homme obéissant. Il est à même de le secourir dans les difficultés2. L’obéissance caractérisait sa vie. Certes, il obéissait à Dieu, dont la volonté est parfaite. Mais, dans toute relation sociale où nous pouvons nous trouver, l’obéissance à l’autorité à laquelle on est soumis est le principe divin, sans autre limitation que celle-ci : “Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes” Actes 5. 29 lorsque celui qui dispose de l’autorité prétend contraindre à désobéir à Dieu.
Dans ce domaine particulièrement, la volonté de l’homme et sa prétendue sagesse sont entièrement en défaut. La parole de Dieu lui est folie ; il méprise ce qu’il estime être “la faiblesse de Dieu”. Mais “la folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes… Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes” 1 Corinthiens 1. 25, 27. En contraste, nous pouvons admirer la manière dont Dieu touche par sa parole toutes les relations entre les hommes. Elle ne les bouleverse pas, mais introduit sa grâce dans le cœur de ceux qui s’y trouvent, soit pour l’obéissance, soit pour l’exercice de l’autorité.