En présentant Christ aux maris comme modèle, l’apôtre ne peut se borner à mentionner son amour pour l’assemblée ; il développe tout ce que cet amour a entraîné pour Christ et pour l’assemblée. “Il s’est livré lui-même pour elle”. Quel prix a l’assemblée pour le cœur de Christ ! Quelle grâce il déploie en sa faveur ! Quel but il a en vue pour elle ! Son amour pour elle se manifeste en trois temps :
L’amour divin est la source de toute grâce, en salut et bénédictionJean 3. 16 ; Romains 5. 8. Ici, l’accent n’est pas mis sur son efficacité pour sauver ceux qui croient, mais sur le dévouement et l’amour de Christ pour son épouse. Cet amour a été démontré en ce qu’il s’est livré lui-même pour l’acquérir. Il n’a pas seulement laissé tout ce qu’il avait et donné sa propre vie ; il s’est livré lui-même, tout ce qu’il est, pour que l’Église lui soit pleinement associée dans la gloire. Son amour agit actuellement en travaillant par la Parole pour préparer l’Église à être sa compagne dans la gloire. Il la sanctifie ; il la met à part et la forme pour le ciel en lui faisant connaître ses bénédictions célestes par la Parole ; c’est notamment le sujet de cette épître. Et, à cause de son amour pour l’Église il se sert aussi de la Parole pour la purifier en la dépouillant de tout ce qui est contraire à son appel.
Tout ce que l’amour de Christ a en vue pour son Église, toute la satisfaction qu’il se propose et dont il jouira en elle s’exprime ici : il se la présentera “glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable”. Alors que tant de peines et de défaillances la défigurent actuellement sur la terre, il n’en restera aucune trace ; elle reflétera parfaitement la gloire et les caractères de son Époux.
L’amour des maris pour leurs femmes trouve un puissant motif dans le fait que l’époux et l’épouse sont un seul corps. Aimer son épouse, c’est aimer son propre corps. Christ condescend à appliquer à lui-même et à ses soins envers l’assemblée, le fait qu’un homme nourrit sa propre chair et en prend soin. “Nous sommes membres de son corps”. Au verset 31, l’Esprit de Dieu applique à Christ et à l’assemblée ce que Dieu a déclaré à Adam et Ève au sujet du mariageGenèse 2. 24. Il nous montre ainsi qu’en créant l’homme et la femme, Dieu avait en vue Christ et l’assemblée. Il nous rappelle aussi, comme Jésus l’avait faitMatthieu 19. 4-6, que le lien du mariage subsiste devant Dieu tel qu’il l’a institué au commencement.
Paul a fait connaître le “mystère du Christ”, autrefois caché, maintenant révélé (3. 3-6). L’unité de Christ et des croyants comporte deux aspects :
Cette unité se réalise à la fois en Christ et l’Église, selon le dessein de Dieu, et dans le mari et la femme. En présence de cette révélation que nous ne saisissons qu’en partie, nous sommes pénétrés d’admiration : “Ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment” 1 Corinthiens 2. 9. “Ce mystère est grand” 1, admirable dans ce que Dieu a fait pour l’homme et la femme qu’il lui a donnée ; insondable dans sa réalité parfaite en Christ et son Épouse.
C’est bien au sujet de Christ et de l’assemblée que Paul veut nous instruire, mais quel exemple donné aux maris et aux femmes pour qu’ils vivent devant Dieu chacun et ensemble, dans l’attitude qui lui plaît ! C’est le vrai moyen d’être heureux, et Paul ne termine pas le sujet sans rappeler ce qui doit retenir l’attention de chacun.
Deux dangers se présentent, soit de matérialiser le lien du mariage, soit de le spiritualiser. Le premier danger qui consiste à sous-estimer le mariage est sans doute le plus fréquent. Alors on n’y voit pas l’image de l’union de Christ et de l’assemblée, ni l’ordre divin qui s’y rattache et on y recherche surtout des satisfactions égoïstes. Veillons à rechercher un plein accord dans toutes les pensées et les affections sans limiter le mariage à l’union des corps, voire à une association d’intérêts.
L’autre danger consiste à mépriser la réalité corporelle du mariage ou les égards qu’il comporte dans la vie journalière. Or la Parole nous exhorte en détail : “Que le mariage soit tenu en honneur à tous égards, et le lit sans souillure” Hébreux 13. 4. “Que le mari rende à la femme ce qui lui est dû et pareillement la femme au mari” 1 Corinthiens 7. 3. “Maris, demeurez avec vos femmes selon la connaissance, comme avec un vase plus faible, c’est-à-dire féminin, leur portant honneur comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie, afin que vos prières ne soient pas interrompues” 1 Pierre 3. 7. On voit combien la Parole lie, sans amoindrir l’un par l’autre, les divers aspects du lien que Dieu a formé. Jamais un enseignement, si élevé soit-il, ne devrait nous faire négliger le plus simple de nos devoirs dans la vie journalière.