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Avant d’examiner brièvement ce que sont ces dons, arrêtons-nous encore sur leur source : Christ homme ressuscité et glorifié par Dieu, après son abaissement jusqu’à la mort et sa victoire sur l’ennemi. Quel prix devons-nous attacher à ce qu’il nous donne ainsi d’en haut ! Christ élevé au ciel donne la grâce à chacun des membres de son corps, selon la mesure qu’il juge utile, pour le bien du corps tout entier. Les dons ne sont pas des capacités particulières que Christ a données à certains membres du corps ; ce sont les personnes, les membres du corps que Christ a préparés et qu’il donne au corps. L’apôtre présente ici seulement les dons fondamentaux et permanents qui ont pour but la formation et la croissance du corps jusqu’à ce qu’il soit complet (verset 13). Les dons secondaires, temporaires ou miraculeux mentionnés en Romains 12 et 1 Corinthiens 12, ne sont pas nommés ici.
Les apôtres ont été donnés en vue de poser les fondements de la doctrine chrétienne (2. 20) Actes 2. 42 ; 1 Corinthiens 3. 10, et d’exercer l’autorité de la part du SeigneurActes 5. 3-5 ; 8, 14 ; 2 Corinthiens 13. 10. Le “mystère du Christ”, de l’Assemblée corps de Christ, a été révélé aux “apôtres et prophètes” (3. 5), c’est-à-dire aux apôtres du N.T., à qui Dieu a aussi confié ce service de prophète. La mission des apôtres pour l’Église, corps de Christ, est distincte de celle des douze1 qui ont été avec le Christ pendant sa vie et les témoins de sa résurrection. Paul a été appelé du ciel par le Seigneur, sans l’avoir connu auparavant. Barnabas et d’autres ont été ajoutés aussi. Les écrits des “apôtres et prophètes” qui nous ont été conservés, sont appelés “des écrits prophétiques” Romains 16. 26 et mis au même rang que “les autres écritures” inspirées de Dieu2 Pierre 3. 16 ; 2 Timothée 3. 16. Par ces écrits, leur ministère et leur autorité demeurent1 Jean 4. 6.
Les prophètes parlent de la part de Dieu dans l’assemblée “pour l’édification, l’exhortation et la consolation” 1 Corinthiens 14. 3. Leur message, adapté à l’état et aux circonstances de l’auditoire, atteint le cœur et la conscience par la parole de Dieu, qui est maintenant complèteColossiens 1. 25 ; Apocalypse 22. 18. Cette parole est ouverte et appliquée par le Saint Esprit, sans qu’il y soit ajouté de révélation nouvelle.
Les évangélistes ont pour mission d’annoncer l’évangile, la bonne nouvelle du salut par grâce, partout où le Seigneur qui les a appelés les envoieRomains 10. 15. Ce message s’adresse d’abord aux inconvertis parmi toutes les nations pour les amener à la foi en Christ. Mais “la parole de la vérité de l’évangile” Colossiens 1. 5 comprend toutes les conséquences de la rédemption pour la vie présente et l’espérance céleste. C’est cet évangile que Paul désirait annoncer aux Romains déjà convertisRomains 1. 15.
Les pasteurs et docteurs ont pour rôle de prendre soin du troupeau et de le nourrir. Les pasteurs ont à appliquer l’enseignement de la Parole aux circonstances de la vie présente, souvent au moyen de contacts individuels. C’est pourquoi le don de pasteur est lié ici à celui de docteur. Quand ce dernier est présenté séparémentActes 13. 1 ; 1 Corinthiens 12. 28 il a alors pour objet d’exposer justement la parole, la saine doctrine1 Timothée 1. 10 ; 2 Timothée 4. 3, sans que s’y ajoute le service pastoral plus difficile de l’application pratique aux besoins particuliers.
Le but des dons est clairement indiqué en trois points :
La croissance de tous les membres du corps est présentée avec insistance comme l’effet de l’action des dons. Liés par l’Esprit à Christ, la Tête, ils sont destinés à lui être rendus semblables. Christ a été révélé dans toute sa plénitude et c’est d’après cette révélation qu’ils doivent être formés. Aucun autre objet ne doit les en distraire. L’état d’homme fait consiste à vivre habituellement en ayant ses pensées et son but fixés sur Christ dans la gloirePhilippiens 3. 14 ; Hébreux 5. 14 ; 6. 1. Il n’y a pas de mesure dont Christ se contente pour les siens sinon la conformité à lui-même. Ce but ne sera atteint qu’à sa venue. Alors, même nos corps seront transformés “en la conformité du corps de sa gloire” Philippiens 3. 21, mais ce travail s’accomplit déjà progressivement, en esprit2 Corinthiens 3. 18. Faute de cela, nous resterions de petits enfants sans discernement et exposés au danger de nous laisser entraîner par quelqu’une des doctrines habilement propagées par des séducteurs.
En contraste avec cette tromperie, nous sommes exhortés à être “vrais dans l’amour”. Ce n’est pas seulement que nous aimions vraimentJean 4. 18, mais que nous parlions et vivions à la fois dans la vérité et dans l’amour. L’amour et la vérité trouvent leur parfaite expression en Christ qui en est pour nous la source. Les saisir sans les séparer nous fait croître vers lui. Cela nous fait réaliser que, pour tous les membres du corps, la même grâce découle de lui qui est le Chef, la Tête. Cette grâce se transmet aussi des uns aux autres. Les liens tiennent les membres bien ajustés ensemble et c’est par les jointures que passent tous les canaux de communication et de nourriture2. Chaque partie à sa place fournit sa contribution à l’accroissement du corps. Cette croissance ne s’opère pas d’une façon mécanique ou inconsciente. Quand la grâce de Christ opère pour diriger les affections vers lui, tout est mis à sa place. Et le corps, bien uni, s’édifie en un mouvement où, tout égoïsme ou compétition étant exclus, chacun profite de la grâce apportée par l’autre, ce qui est l’effet pratique de l’amour, sans lequel il n’y a pas de croissance.
Ce merveilleux tableau du fonctionnement harmonieux du corps de Christ peut nous paraître idyllique en présence de toutes nos défaillances. L’Esprit de Dieu décrit ici le résultat de ce que Christ donne à son corps, de ce qui découle de lui. Notre responsabilité d’en user d’une manière qui contribue effectivement au bien de l’ensemble est un autre sujet ; il fait l’objet des exhortations de l’apôtre : “Que tout se fasse pour l’édification” et “dans l’amour” 1 Corinthiens 14. 26 ; 16. 14.