“Le Christ : en qui vous aussi vous avez espéré”, ajoute l’apôtre qui s’adresse à des croyants d’entre les nations païennes. Ceux-ci rejoignent Israël dans son espérance qui est devenue à son tour l’objet de leur foi. Certes l’A.T. est jalonné de promesses faites aux nations2, mais toujours à travers Israël, et ayant pour objet des bénédictions terrestres qui se réaliseront au moment du règne de Christ. Bien différente est l’espérance de l’Église, comme la suite de l’épître le confirmera. Elle a pour objet un Christ céleste que la foi saisit et dont elle attend le retour. Non pas pour régner sur elle, mais pour régner avec elle.
C’est la foi seule, saisissant la parole de vérité, qui met toute âme, quelle que soit son origine, en possession de l’évangile du salut. Votre salut, insiste l’apôtre, car celui-ci est d’abord personnel, chacun ayant à le recevoir sans priorité de race, de famille ni de culture.
A quoi nous servirait aujourd’hui la possession de l’héritage si nous n’avions pas aussi le moyen d’en jouir ? Cette épître a souvent été rapprochée du livre de Josué, comme cela a été rappelé dans l’introduction. Celui-ci nous montre en effet que Canaan, pays de la promesse expressément donné en héritage à Israël, devait en même temps être conquis, et que c’était l’Éternel qui lui donnait la puissance de le faire. C’est le paradoxe de cette épître et de notre condition chrétienne : dès le verset 3, nous possédons “toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ” et pourtant nous devons quand même en prendre possession.
Or nous recevons à la fois l’héritage et le moyen d’en jouir, et ce moyen divin, c’est le Saint Esprit. Il est rattaché à la promesse que Dieu a faite par la bouche du Seigneur Jésus et qu’il appelle à deux reprises “la promesse de mon Père” Luc 24. 49, “la promesse du Père” Actes 1. 4.
“Vous avez été scellés”, rappelle Paul aux Éphésiens, faisant allusion à l’épisode relaté en Actes 19, où, lors de sa seconde visite à Éphèse, il avait constaté l’ignorance des disciples au sujet du Saint EspritActes 19. 2-6. Celui-ci était alors descendu sur eux, mettant sur leur jeune foi le sceau de l’appartenance à Christ. Scène mémorable qui nous montre ce qu’est le véritable état chrétien, reconnu par Dieu lui-même !
Sous un second aspect, le Saint Esprit est désigné comme les “arrhes de notre héritage”. Il nous permet déjà d’en apprécier les richesses et d’en connaître les joies. Ensuite, comme lorsqu’un acompte est versé pour assurer à quelqu’un la propriété d’un bien immobilier par exemple, les arrhes constituent une garantie de la possession du reste. Si ce que nous connaissons du ciel et de Jésus qui s’y trouve est déjà si merveilleux, que sera-ce quand nous posséderons en totalité cet héritage assuré !
Plus que cela. Non seulement le Saint Esprit nous permet de jouir du ciel sans attendre de nous y trouver, mais il est lui-même les arrhes. Il est une personne divine dont le Seigneur Jésus dit à ses disciples qu’il sera avec eux éternellement. Nous pensons plutôt au ciel comme au lieu bienheureux de la présence du Seigneur Jésus ; mais l’Esprit s’y trouvera lui aussi. Il est actuellement sur la terre, accompagnant et consolant l’Église, et il la quittera avec elle.
Voilà encore une expression d’une grande densité. Par sa croix, Christ s’est acquis le monde qui est dorénavant sa possession. Cette propriété sera bientôt revendiquée, car “nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties” Hébreux 2. 8. Mais elles doivent l’être un jour proche, “à la louange de sa gloire”.
Toutefois, à la différence de l’expression du verset 6, il n’est pas question ici de la grâce. Le jugement devra intervenir avant que la possession acquise soit enfin soumise à celui qui seul a des droits sur elle. On a pu dire en ce qui concerne le monde que si l’évangile est le déploiement de l’achat, l’Apocalypse est le déploiement du rachat. Car la chose achetée n’est pas pleinement délivrée jusqu’à ce que Dieu déploie sa puissance pour l’arracher entièrement des mains de Satan qui la retenait sous son pouvoir.
Ces versets 3 à 14, dont nous terminons la méditation, peuvent être considérés comme un cantique à trois strophes, célébrant respectivement : le Père (versets 3-6), le Fils (versets 6-12), le Saint Esprit (versets 12-14). Chacune de ces strophes s’achève, comme un refrain, sur “la louange de la gloire”. Les versets 3 à 6 révèlent la volonté et l’activité du Père en rapport avec le passé (il est question de l’élection) et avec l’avenir (il est question alors de la prédestination et de l’adoption). Puis l’apôtre conclut avec une louange (verset 6). Les versets 7 à 12 présentent l’œuvre de Christ en rapport avec le passé (la rédemption par son sang…) et avec l’avenir (l’héritage) et l’apôtre conclut à nouveau par une louange (verset 12). Enfin, les versets 13 et 14 présentent le témoignage du Saint Esprit en rapport avec le passé (le sceau) et avec l’avenir (les arrhes) et l’apôtre conclut une troisième fois par une louange (verset 14). En même temps, sans effacer ces trois divisions, remarquons que cette longue phrase ne comporte et ne supporte pas de coupure. Ainsi, dans le plan de Dieu, tout est cohérent, tout se tient, parce que tout se lie à Christ comme commencement, centre et fin de toutes choses. Le dernier mot, c’est la gloire qui recevra son suprême éclat quand s’y ajoutera le rayonnement de la grâce, éternellement admirée en Christ et dans ceux qui sont à lui.
Naaman, étranger, ennemi d’Israël (et de surcroît lépreux), est pris comme exemple par le Seigneur Jésus, en même temps que la veuve de Sarepta (Luc 4. 25-27), pour nous montrer que la foi, dans tous les temps et chez tous les peuples, plaît à Dieu qui la met au bénéfice de la grâce (Hébreux 11. 6).
Toute femme pieuse en Israël souhaitait faire partie de la lignée du Messie ; en ce sens-là, elles “espéraient à l’avance dans le Christ”. N’est-il pas remarquable alors que, sur les quatre femmes mentionnées dans la généalogie du Seigneur Jésus en Matthieu 1 (sans compter Marie), trois d’entre elles : Tamar, Rahab et Ruth soient des étrangères qui n’avaient, de ce fait, aucune promesse “dans le Christ”.