Après avoir béni le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ et avoir rappelé le caractère de nos bénédictions en Christ, l’apôtre nous fait remonter à leur source (verset 4). Elles ont leur origine avant la fondation du monde. Dieu nous a en effet “élus en Christ” par un choix souverain, et ceci afin de nous avoir éternellement avec lui pour la satisfaction de son propre cœur.
Il n’existe, a-t-on pu dire, qu’un seul domaine dans lequel Dieu ne peut pas se suffire à lui-même, c’est celui de son amour. Celui-ci réclame, de par sa nature même, d’autres êtres pour se porter sur eux et les rendre heureux. Faire partie de ces êtres-là, quelle bénédiction insurpassable !
Une telle part sous-entendait pour nous une condition qui réponde à ce que Dieu est lui-même. Comment pourrions-nous nous tenir devant lui, dans la compagnie de celui qui est le Dieu saint, le Dieu d’amour, si nous n’étions pas nous-mêmes “saints et irréprochables devant lui en amour ?” Comme l’a écrit quelqu’un : « il faut trouver nous-mêmes notre bonheur à être tels. Et ce que nous serons là-haut doit être déjà notre but aujourd’hui sur la terre, non comme une contrainte, mais comme le fruit de l’amour. Ce qui nous a été communiqué n’est rien de moins que la nature divine qui est amour. Elle nous permet de nous tenir devant Dieu dans un état qui correspond au sien. »
Pouvoir nous tenir dans sa proximité et dans une telle condition est déjà une bénédiction immense, et le “Dieu de notre Seigneur Jésus Christ” nous l’a réservée. Mais le “Père de notre Seigneur Jésus Christ” a préparé pour nous plus encore : il nous a adoptés ; il a voulu faire de nous ses enfants. Et cela non seulement en vertu de l’élection souveraine mentionnée au verset 4, mais selon “le bon plaisir de sa volonté”, ce qui met en jeu ses affections les plus profondes.
Sur qui se portent ces affections ? En premier lieu sur son Fils lui-même. A sept reprises, l’évangile selon Jean évoque l’amour du Père pour le Fils3 en particulier par cette mention qu’en fait Jésus dans sa prière du chapitre 17 : “Tu m’as aimé avant la fondation du monde”. C’est en lui que Dieu a trouvé son plaisir, comme il le proclame deux fois dans les évangilesMatthieu 4. 17 ; 17. 5. Et c’est pour lui, pour la joie de son Fils, que Dieu a conçu ce plan dès l’éternité passée.
Ainsi nous ne sommes pas les premiers concernés par ce qui sera appelé au chapitre 3 verset 11 : “le propos des siècles”. Le Bien-aimé en est le centre et c’est par rapport à lui que tout s’explique et se coordonne. Nous lui sommes personnellement donnés par le Père, comme il le dit plusieurs fois dans ce chapitre 17 de Jean. Quand nous pensons à ce que nous sommes, il est particulièrement émouvant qu’il accorde tant de prix à ce don que Dieu lui fait.
Dieu qui voulait nous adopter pour lui par Jésus Christ, voulait en même temps nous donner à Christ comme son épouse. Telle était sa grande pensée. Quant au Seigneur Jésus, la perspective d’avoir cette Église comme objet de ses affections faisait partie, plus encore que la gloire qui l’attendait, de cette joie qui était devant lui et à cause de laquelle il a enduré la croixHébreux 12. 2. Enfin ne pensait-il pas lui aussi à la joie du Père à qui il amènerait une famille d’adorateurs ? “J’annoncerai ton nom à mes frères…” Psaume 22. 23 Portant nos regards en arrière jusque dans l’éternité passée, nous découvrons avec émerveillement que déjà ces êtres finis que nous sommes étaient inclus dans le plan de Dieu, appelés à y entrer en association avec son Fils, pour faire éternellement partie de sa gloire et de son bonheur.
Alors notre œil, éclairé par nos affections (verset 18), peut se diriger vers cet avenir dans lequel nous sommes intégrés en vue de donner dans le concert universel de toutes les créatures de Dieu, une note de louange qu’aucune autre compagnie ne pourra célébrer : la louange de la grâce.
Nous aurons appris à la connaître, cette grâce, par le fait que nous en aurons été les bénéficiaires pendant notre passage sur la terre. Nous aurons été à son école, et même les épreuves (dont il n’est pas question dans notre passage) seront transformées alors en sujets de louange à la gloire de Dieu1 Pierre 1. 7. En effet, à travers elles sa grâce souveraine se sera manifestée.
Oui la grâce de Dieu est glorieuse ! N’est-elle pas venue dans une Personne ? N’a-t-elle pas donné sa suprême mesure dans l’œuvre de la croix ? La louer, c’est exalter Christ lui-même.
Il n’est d’ailleurs question dans cette louange ni de paroles, ni de chants, même si ceux-ci ne sauraient manquer. Mais la seule présence des rachetés dans la compagnie de celui à qui ils doivent tout proclamera l’immensité de cette glorieuse grâce de Dieu.