Que veut dire l’apôtre dans ce verset ?
Du verset 4 au verset 9, il abandonne le singulier pour utiliser le “nous”. Quand il s’agit de son ministère (verset 3), ou du maniement de la verge (verset 10), lui seul est concerné. Mais quand il est question de l’état d’esprit et de cœur du serviteur, il inclut dans sa pensée ses collaborateurs qui marchaient avec lui dans le même esprit et sur les mêmes traces (12. 18). Et ils étaient solidaires dans l’approbation ou la réprobation. Paul demandait à Dieu que les Corinthiens ne fassent aucun mal, mais, au contraire, ce qui est bon. Il importait peu que l’apôtre et ses compagnons paraissent approuvés, ou même, à l’extrême, soient “comme” des réprouvés. L’honneur des serviteurs passait après les intérêts des Corinthiens. Une fois de plus, Paul manifeste l’esprit d’abnégation et de désintéressement le plus complet.
Il ne souhaitait pas être obligé d’affirmer son autorité par l’usage de la verge. Jusqu’alors, il n’avait pas été “éprouvé” à ce titre. Si tout était en ordre chez les Corinthiens, il serait heureux de ne pas avoir à faire cette démonstration de puissance, même si une telle démonstration éliminait tout doute dans l’esprit de certains d’entre eux.
Paul priait donc pour qu’ils soient gardés du mal (verset 7) ; plus loin, il priera pour leur perfectionnement (verset 9). Un principe moral apparaît ici, que l’on retrouve ailleurs : il n’est pas question de faire ce qui est bon si on continue à faire le mal. “Cessez de mal faire et apprenez à bien faire”, avait dit Ésaïe au peupleÉsaïe 1. 16.
Faisons attention à ces deux mots : “paraissions” et “comme”. Ce qui importe, c’est ce qui est vrai. Quoi qu’en pensent les Corinthiens, c’est celui que le Seigneur recommande qui est approuvé de lui (10. 18).
Nous avons vu (verset 7) le renoncement personnel de celui qui porte la vérité. Mais celle-ci est en elle-même invulnérable. Personne ne peut l’annihiler : “L’écriture ne peut être anéantie” Jean 10. 35. Paul était du côté du Seigneur, et son cœur lui interdisait quoi que ce soit contre la vérité qu’il avait fidèlement “manifestée” (4. 2). Elle était, en quelque sorte, plus forte que lui.
C’est l’épée victorieuse qui sort de la bouche du Seigneur. Ceux qui heurtent contre elle rencontreront une pierre d’achoppement et un rocher de chute1 Pierre 2. 8 ; Romains 9. 32, 33.
La faiblesse dont Paul se réjouit, c’est, en fait, de ne pas avoir à utiliser la verge pour juger le mal. La force de Paul en répression n’apparaîtra pas si les Corinthiens sont forts spirituellement. Une seule chose comptait pour lui : leur bien et non sa propre réputation. Combien il diffère en cela d’un Jonas qui en arrivait à regretter la repentance des Ninivites et le pardon de l’Éternel. Au contraire, l’attitude de Paul nous rappelle celle de Moïse qui, dans un élan de cœur qui nous confond, a intercédé pour le peuple en disant : “Efface-moi, je te prie, de ton livre que tu as écrit” Exode 32. 32, pour que ses frères soient épargnés.
Puis nous avons le deuxième sujet de prière de Paul : “leur perfectionnement”. Il ne s’agit pas de la perfection acquise d’une manière totale et définitive par l’œuvre de la croix : “Par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité, ceux qui sont sanctifiés” Hébreux 10. 14. Ce n’est pas non plus la perfection promise dans la gloire future, à laquelle tous ceux qui ont la foi parviendront ensemblePhilippiens 3. 12 ; Hébreux 11. 40.
C’est la perfection requise, qui implique une évolution et un progrès. Le sens est confirmé par l’expression : “perfectionnez-vous” (verset 11). Cela équivaut à cette autre expression : “avancez vers l’état d’hommes faits” Hébreux 6. 1 ; Éphésiens 4. 13. Cette perfection morale doit être recherchée par la prière et l’exercice de la piété.
Une dernière fois l’apôtre confirme son but le plus cher (verset 10). Il ne va pas terminer sa lettre sur le ton sévère qu’il a pris depuis le début du chapitre 11. Si ses lettres ont été graves et même alarmantes, c’est pour qu’il puisse ensuite venir sans sévérité. Si les cœurs et les consciences ont été touchés, il pourra alors manifester sa puissance.
Les dernières paroles sont douces et tendres. Les Corinthiens sont tous des frères dans le Seigneur. Paul leur fait sentir la chaleur de son cœur et la fermeté de ses liens. Ce sont d’abord des exhortations brèves et récapitulatives (verset 11), puis des salutations (versets 12, 13), enfin des supplications (verset 13).
Les cinq exhortations de ce verset supposent de sa part espoir et confiance en eux.
Pour se saluer en Occident, la poignée de main est le symbole habituel de l’amitié fraternelle. Néanmoins, le saint baiser entre enfants de Dieu est conforme à l’ÉcritureActes 20. 37 ; 21. 6 ; 1 Thessaloniciens 5. 25.
Les Corinthiens recevaient les salutations de tous les saints de la Macédoine sans exception : ceux de Philippes, de Thessalonique, de Bérée.
Ces salutations entre croyants qui ne se connaissaient pas et qui peut-être ne se verraient jamais ici-bas, concrétise l’unité de l’Esprit. Tous les croyants, quel que soit leur état, sont appelés des “saints”, séparés du monde par Dieu.
Nous avons pu voir, dans cette lettre, le déploiement des voies de Dieu envers les siens, les caractères d’un serviteur fidèle tel que Paul, les défaillances possibles des saints qui ont toujours la chair en eux mais qui, par une grâce divine surabondante, peuvent être pleinement rétablis.
Quelle abondance de richesses et d’enseignements ! Toute l’Écriture est admirable et “utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre” 2 Timothée 3. 16, 17.
Que ce soit le cas de tous les lecteurs.