A la fin de sa lettre, l’apôtre reprend le sujet abordé aux versets 9 et 10 mais sous un angle nouveau. Il n’est plus question de ceux qui cherchent à s’enrichir, mais de ceux qui le sont déjà, c’est-à-dire de personnes qui étaient dans cette situation au moment de leur conversion. Il ne les exhorte pas à se séparer de leurs richesses mais leur rappelle leur responsabilité. Dieu nous confie l’administration de biens temporels. La possession de richesses risque cependant de développer l’orgueil, une certaine indépendance vis-à-vis de Dieu. “La convoitise de la chair et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, n’est pas du Père, mais est du monde ; et le monde s’en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement” 1 Jean 2. 16, 17. La prospérité est fréquente de nos jours dans les pays développés, de telles exhortations concernent donc toujours un grand nombre de croyants.
Timothée devait ordonner aux riches de ne pas être hautains. L’homme a un penchant naturel qui tire vanité de tout ce qu’il possède : son intelligence, sa position sociale ou sa richesse, et il nourrit facilement des pensées de supériorité à l’égard de ceux qui ont moins de biens. Ce penchant n’est rien d’autre que de l’orgueil. Quel est le remède ? Tout d’abord fixer le regard sur le Seigneur Jésus, qui s’est abaissé lui-même du plus haut des cieux et s’est anéanti, et ensuite avoir conscience que tous les biens que Dieu lui a confiés doivent être administrés pour sa gloire.
Les richesses, parce qu’elles permettent de répondre à beaucoup de besoins, risquent de faire naître des sentiments de satisfaction, de suffisance. Elles n’offrent, en vérité, qu’une apparence de sécurité (“l’incertitude des richesses”). Bien des personnes, qui ont recherché la réussite matérielle, ont brutalement connu la ruine lors de crises économiques, guerres ou autres. Les biens terrestres n’amènent ni paix, ni stabilité.
En revanche, nous pouvons nous confier en Dieu sans crainte et sans hésitation. Il nous donne toutes choses richement pour en jouir. A lui seul revient toute notre gratitude. Une gratitude qui nous maintient dans sa dépendance, qui nous donne, à nous enfants de Dieu, de jouir de ses dons avec des cœurs heureux. Les premiers chrétiens prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœurActes 2. 46. Cette attitude intérieure nous préserve de ce que nous ne pourrions pas recevoir avec sincérité et gratitude de sa part.
Ne voyons pas dans les versets 18 et 19 des exhortations pratiques adressées seulement aux riches ! L’expression “faire du bien” (en grec “agathos”) implique une action dont les répercussions sont bienfaisantes pour les autres. Les “bonnes œuvres” (en grec “kalos”) renvoient plutôt à des œuvres estimables et dignes de louanges. Ceux qui s’y adonnent (en venant en aide aux nécessiteux, en soutenant les ouvriers du Seigneur…) acquièrent alors une autre richesse. Dieu le relève et les bénira. “L’âme qui bénit sera engraissée, et celui qui arrose sera lui-même arrosé” Proverbes 11. 25.
Aussi les riches doivent-ils être prompts à donner et être libéraux. Il est vrai qu’une action précipitée n’est jamais à encourager. Mais si, sur la base d’informations vérifiées, une situation de nécessité est reconnue, dans l’assemblée, dans l’œuvre du Seigneur ou dans le domaine privé, toute hésitation serait déplacée. Paul écrivait aux Corinthiens : “Celui qui sème chichement moissonnera aussi chichement, et celui qui sème libéralement, moissonnera aussi libéralement” 2 Corinthiens 9. 6. Si les riches administrent ainsi leurs biens, selon la pensée de Dieu, ils s’amassent comme trésor un bon fondement pour l’avenir, un trésor dans le ciel, ce qui est infiniment plus précieux que toutes les richesses temporelles et terrestres. Rappelons les paroles du Seigneur lors du sermon sur la montagne : “Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille gâtent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la teigne ni la rouille ne gâtent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent ; car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur” Matthieu 6. 19-21.
Le “bon fondement pour l’avenir” n’est pas à mettre en relation avec le salut de l’âme. L’homme ne peut pas obtenir son salut par ses propres œuvres et encore moins en poser le fondement. Le Seigneur Jésus seul pouvait le faire par sa mort sur la croix de GolgothaRomains 3. 20 ; Galates 2. 16 ; Éphésiens 2. 9, 10. Dans notre verset, il s’agit de la récompense qui dépend uniquement de notre fidélité et de notre vie sur la terre. Les bonnes œuvres mentionnées à maintes reprises dans le N.T. sont les fruits de la nouvelle vie. Nous sommes toujours exhortés à pratiquer les bonnes œuvres pour éviter que la chair que nous avons encore en nous ne se manifeste.
Le but des bonnes œuvres est de saisir ce qu’est “vraiment” la vie, c’est-à-dire la vie éternelle. C’est le sens de l’encouragement adressé au verset 12. Notre vie terrestre porte en elle-même depuis la naissance le cachet du péché et le germe de la mort. Toute existence naturelle a une fin. Mais la vie qu’a manifestée le Fils de Dieu et qu’il donne à ceux qui croient en lui est la vie éternelle, une vie en abondanceJean 10. 10, car lui-même est notre vie. Si tout croyant la possède déjà, Paul nous invite à considérer l’accomplissement de cette vie comme le but à saisir.