Avec le verset 3, l’apôtre Paul n’aborde pas un nouveau sujet, mais condamne avec détermination tout écart par rapport à la doctrine qu’il vient d’exposer. Celui qui voudrait saper la relation entre les esclaves croyants et les maîtres, prétendrait que la vie quotidienne et la vie de foi sont deux sphères distinctes sans rapport entre elles. Il fallait lui objecter que c’est précisément dans les circonstances familiales et sociales que se réalise “la doctrine qui est selon la piété”. Tout comportement manquant de respect et de soumission déshonore Dieu…
Paul enseignait de “saines paroles” destinées à nourrir et à fortifier la vie de la foi. Ces paroles sont “celles de notre Seigneur Jésus Christ”. Il ne s’agit pas de paroles prononcées par la bouche même du Seigneur mais bien de l’expression de ses pensées et de sa volonté (le mot grec « logos » signifie « pensée »). De telles paroles sont donc inspirées par l’esprit de Christ et ne diffèrent pas, dans leur principe, de l’enseignement dispensé par le Seigneur dans les Évangiles. “La doctrine qui est selon la piété” 1, est une expression générale qui ne se rapporte pas exclusivement à ce que Paul vient d’énoncer mais à l’ensemble de la doctrine du N.T. Cette doctrine nous montre de quelle façon notre vie doit se manifester pratiquement, en harmonie avec les pensées de Dieu. Cette expression ne souligne-t-elle pas aussi l’unité de la doctrine des Saintes Écritures ?
Celui qui s’oppose à ces doctrines divines offre l’affligeante image d’un homme enflé d’orgueil et ignorant, qui a “la maladie des questions et des disputes de mots” (verset 4). Tous ceux qui ont une haute opinion d’eux-mêmes ou pensent avoir quelque mérite particulier sont enflés d’orgueil et entretiennent des illusions sur eux-mêmes. Par des contestations, ils croient faire valoir leurs opinions ; en réalité, ils ne font que manifester leur maladie dont les symptômes sont : “l’envie, les querelles, les paroles injurieuses, les mauvais soupçons, les vaines disputes”. N’est-il pas solennel de constater que la parole de Dieu associe ces tendances, présentes parfois même parmi les chrétiens, à des symptômes de maladie ? Mais grâces à Dieu, la “saine doctrine” peut nous en préserver ! Si la foi opère par l’amour, le « saint » fruit de l’Esprit peut parvenir à maturité en amour, joie, paix, longanimité, bienveillance, bonté, fidélité, douceur, tempéranceGalates 5. 6-22. Mais si ce « médicament » n’est pas absorbé de manière régulière, la maladie progresse.
La chair, la vieille nature, est capable du pire. Si le chrétien ne veille pas et n’exerce pas le jugement de lui-même continuellement dans la présence du Seigneur, ces tendances risquent de se développer dans sa vie. Dans notre paragraphe, elles sont dénoncées cependant comme étant les caractéristiques d’hommes qui sont “corrompus dans leur entendement et privés de vérité” (verset 5). Et l’apôtre Paul, manifestement, n’envisage pas seulement cette hypothèse. Peut-être constate-t-il déjà les premiers germes du
Ce qui se présentait chez les esclaves (verset 2) comme un danger possible est devenu chez de tels hommes un principe manifeste. Ils utilisaient les relations de foi en vue d’un profit matériel. On pourrait objecter qu’il y a pourtant une énorme différence entre des esclaves croyants et de faux docteurs incrédules. C’est vrai en ce qui concerne leur position devant Dieu. Mais lorsqu’il s’agit de la vie pratique, l’Esprit Saint établit souvent une relation directe entre des tendances, même si elles ne se sont pas pleinement déclarées, et les résultats auxquels elles conduisent. Souvenons-nous de la remontrance de Paul à Pierre rapportée dans le chapitre 2 des Galates. Pierre avait émis le souhait de continuer à observer les commandements de la loi au sujet des aliments. Mais pour Paul, c’était abandonner le droit chemin selon la vérité de l’Évangile et il lui “résista en face” (verset 11). Parlant de sa propre conduite, il avait écrit aux Corinthiens : “mais je mortifie mon corps et je l’asservis, de peur qu’après avoir prêché à d’autres, je ne sois moi-même réprouvé” 1 Corinthiens 9. 27.
Le vrai but des hommes désignés par le verset 5 demeure le gain temporel, et pour eux la piété est un moyen pour y parvenir. Il existe, jusqu’à ce jour, bien des exemples de cette triste vérité. Nombre d’organisations et d’individus se réclamant du nom de chrétiens essayent avec habileté et avec succès de s’enrichir aux dépens de leurs semblables en usant de motifs, d’arguments qui n’ont que l’apparence de la piété.