Déjà la première génération de croyants a dû être avertie des dangers qui l’atteindraient, de l’extérieur comme de l’intérieur, dans les temps futurs. Ici Paul, comme apôtre et prophète conduit par le Saint-Esprit, annonce l’apostasie de la foi de quelques-uns.
Avec cette “apostasie de la foi”, il ne faut pas entendre la perdition éternelle de l’âme d’un authentique enfant de Dieu, d’un membre du corps de Christ. La parole de Dieu le déclare clairement : quiconque croit au Seigneur Jésus comme en son Sauveur personnel ne périt pas, mais a la vie éternelleJean 3. 16 ; 10. 28, 29 ; Romains 8. 31-39. Mais une personne pourrait simplement confesser ces choses par la bouche, sans s’être repentie de ses péchés, et sans connaître le salut par la foi en l’œuvre expiatoire de Christ. On peut très bien accepter et même défendre le christianisme comme une philosophie ou une idéologie, sans que la conscience ait jamais été placée dans la lumière de Dieu. Si un tel homme parvient un jour à une connaissance prétendue meilleure et renie les vérités de la Bible, il abandonne la foi chrétienne. L’article placé dans le texte original devant le mot “foi” montre qu’il s’agit du contenu de la foi, et non pas de l’acceptation en pleine confiance de la vérité divine, qui, dans la plupart des cas est appelée “foi” sans article.
Cette apostasie de la foi n’est sans doute pas encore l’apostasie générale, qui envahira la chrétienté inerte après l’enlèvement des croyants2 Thessaloniciens 2. 3-12, mais les énergies sous-jacentes sont les mêmes. Satan, qui dans les temps de la fin conduira l’Antichrist à la révolte contre Dieu, se tient aussi derrière les “esprits séducteurs” et les “enseignements de démons” mentionnés dans notre paragraphe. Au reste, cette influence est plus répandue qu’on ne le pense, dans les pays prétendus christianisés, sous la forme du spiritisme, de l’occultisme, etc.
Trois ensembles sont manifestement à distinguer l’un de l’autre dans notre paragraphe :
Les séducteurs se donnent l’apparence de la piété, mais en réalité ils mentent et contredisent la vérité révélée dans la Bible. Qualifier d’enseignements de démons des prescriptions concernant le mariage ou la nourriture paraît exagéré, mais il en était bien ainsi. Si même ces enseignements donnaient l’apparence d’une sainteté exceptionnelle, ils étaient en totale contradiction avec la volonté de Dieu et ne pouvaient en conséquence être acceptés par des personnes “fidèles et par ceux qui connaissent la vérité”.
Le mariage est le fondement établi par Dieu pour la famille et la sociétéGenèse 2. 24 ; Hébreux 13. 4, et c’était une exception et non pas la règle, que Paul reste célibataire, à cause du Seigneur et de son œuvre. Mais si un cas exceptionnel devient la norme, il s’oppose à la parole de Dieu et de ce fait à Dieu lui-même. Il en est de même du commandement de s’abstenir de certains aliments. Celui qui met de côté les prescriptions divines concernant la nourritureGenèse 9. 2-4 ; Actes 15. 20, qui n’interdisent que le sang, s’en prend à l’autorité de la Bible et donc à celle de Dieu. Les fonctions naturelles et les besoins du corps humain ne contiennent rien en eux-mêmes qui séparent le croyant de Dieu. Ils peuvent certes nous entraîner au péché, comme presque toutes choses. Mais en recevant notre nourriture avec gratitude de la part de Dieu, nous pouvons la considérer comme un bien qui nous maintient dans sa dépendance.
Ce qui provient d’un bon créateur ne peut être que bon (verset 4). C’était l’erreur des gnostiques, née à cette époque, que d’apercevoir du mal dans les choses matérielles, plus encore, de considérer toute la création visible comme étant l’œuvre d’un démiurge1 imparfait, voire mauvais. Aujourd’hui encore, beaucoup de peuples et de religions sont ainsi liés par leurs règlements, de sorte qu’ils préfèrent mourir, plutôt que de tuer une “vache sacrée”. Mais le chrétien peut accepter avec gratitude tout ce que Dieu offre pour qu’il en bénéficie dans la création. Ces choses sont objectivement sanctifiées par des déclarations claires des Saintes ÉcrituresMatthieu 15. 11 ; Romains 14. 14 et subjectivement par la prière au donateur de tout don parfait, notre créateur, qui est aussi notre Dieu Sauveur (verset 5).
En proposant ces choses aux frères, Timothée se déclare comme un serviteur du Christ Jésus bien équipé (verset 6), en contraste avec les diseurs de mensonges hypocrites mentionnés plus haut. Ce qui doit caractériser Timothée renferme d’importants enseignements sur la qualité d’un serviteur. Tout d’abord il doit se nourrir de la parole de Dieu dans le particulier. L’expression “les paroles de la foi” désigne le contenu, “les paroles… de la bonne doctrine” soulignent la forme dans laquelle la vérité nous est communiquée. Il ne doit pas seulement saisir ces choses avec son intelligence et les mémoriser, mais elles doivent amener son cœur et sa conscience dans la lumière de cette Parole. En le réalisant dans sa vie pratique, il s’en nourrit vraiment et peut grandir spirituellement. Paul était persuadé que Timothée avait obéi à la parole de Dieu ou l’avait pleinement comprise2 Timothée 3. 10. Car c’est seulement en reconnaissant l’autorité de cette Parole dans sa propre vie, qu’il pourrait se présenter avec l’autorité spirituelle d’un bon serviteur.