Au chapitre 6 l’apôtre évoque les circonstances que traverse le chrétien sur cette terre, circonstances à travers lesquelles il est appelé à glorifier son Seigneur. Les deux premiers versets s’adressent aux esclaves.
L’esclavage est une conséquence de la chute de l’homme dans le péché. Il n’était pas dans les intentions de Dieu, que des hommes, créés à son image, soient assujettis à leurs semblablesGenèse 9. 26, 27. Dans l’Antiquité gréco-romaine, les esclaves n’étaient guère considérés comme des êtres humains mais plutôt comme des objets. Propriété absolue de leur maître, ils ne possédaient aucun droit, car ils occupaient l’échelon le plus bas de l’échelle sociale.
La nouvelle création, résultat de la mort et de la résurrection du Fils de Dieu, abolit toutes les différences qui existaient entre les hommes de l’ancienne création. “Il n’y a ni esclave, ni homme libre ; il n’y a ni homme, ni femme ; car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus” Galates 3. 28. Tous ceux qui croient en son nom constituent les prémices de cette nouvelle création. Le chrétien porte les caractères de Christ ; ayant dépouillé le vieil homme qui se laisse façonner par ce monde, il a revêtu le nouvel homme, selon l’image de celui qui l’a crééCol 3. 10, 11.
Les circonstances que connaissent les chrétiens n’en sont pas pour autant niées. Et ces passages soulignent bien toute l’attention accordée aux esclaves chrétiens.
Sous la grâce, Dieu n’intervient plus directement dans l’état du monde, mais il attend que chaque croyant le serve ou le glorifie quelles que soient les circonstances rencontrées. C’est pourquoi la parole de Dieu n’incite jamais les esclaves à se révolter ou à conquérir leur liberté par la violence. Il serait tout aussi vain de chercher dans la Bible quelque justification de l’esclavage. Dans les ordonnances que Dieu avait laissées au peuple d’Israël, le sort douloureux de telles personnes fut adouci par sa grâce ; un serviteur hébreu devait être mis en liberté la septième année de son serviceExode 21. 3.
Dans le N.T. cependant, rien de pareil n’est suggéré aux maîtres ou aux esclaves. Il est vrai que Paul espérait que Philémon libérerait Onésime, son esclave converti, afin qu’il puisse lui être utile dans son service. Aussi encourage-t-il ceux qui pouvaient être libres à saisir cette occasion1 Corinthiens 7. 21.
Même s’il existe une grande différence entre les salariés d’aujourd’hui et les esclaves d’autrefois, les directives mentionnées dans ce texte contiennent des instructions encore applicables de nos jours. L’expression “sous le joug” (verset 1) rappelait aux esclaves que leur position de subordonné devait être acceptée comme venant de la part de Dieu. Ils devaient estimer leurs maîtres dignes de “tout honneur” et les reconnaître comme leur supérieur. L’explication en est donnée dans ce même verset : “afin que le nom de Dieu et la doctrine ne soient pas blasphémés”. Si ces esclaves qui confessaient appartenir à Christ négligeaient leur devoir ou n’obéissaient pas à leur maître terrestre, ils se seraient opposés à leur maître céleste, qui avait lui-même pris la forme d’esclave et était devenu obéissant jusqu’à la mortPhilippiens 2. 5-8. Par une telle conduite, le saint nom de Dieu et la saine doctrine de l’évangile auraient été blasphémés. De nos jours, le croyant doit également être conscient qu’il ne sert pas les hommes mais le Seigneur Christ. Dans l’accomplissement de ses devoirs, comme dans son amour du prochain sur son lieu de travail, il doit manifester et honorer en toutes choses l’enseignement qui est de notre Dieu SauveurColossiens 3. 24 ; Tite 2. 10.
Que de paroles légères prononcées sur le lieu de travail blasphèment le nom de Dieu et la saine doctrine ! Le chrétien, au milieu d’une génération corrompue et perversePhilippiens 2. 15, ne doit pas perdre de vue sa position et continuer à présenter la parole de vie, à reluire comme un luminaire tout en exerçant ses tâches professionnelles.
Au verset 2 l’apôtre Paul s’adresse aux esclaves qui avaient des maîtres croyants. Pour eux, le problème n’était pas de porter le témoignage du Seigneur dans le monde, mais d’adopter une attitude juste à l’égard de leur frère. Le danger était de manquer de respect à leur maître croyant. Répétons l’enseignement fondamental de ces passages : si, au regard de la position céleste, tous les croyants sont égaux devant Dieu, des différences subsistent dans leurs relations terrestres.
Un esclave, parce qu’il était croyant, aurait pu souhaiter avoir un sort plus enviable, ou plus de faveurs qu’un esclave incrédule. Mais de telles pensées n’auraient pas été en accord avec la Parole, et auraient révélé un manque d’humilité chrétienne et un certain mépris de la position du maître. Ce sont ces pensées qu’il devait éviter en tant que vrai serviteur de Christ, “mais qu’ils les servent d’autant plus que ceux qui profitent de leur bon et prompt service sont des fidèles et des bien-aimés”. Les esclaves ne devaient pas seulement accomplir leurs devoirs, ils devaient aussi considérer leur maître comme des fidèles et des frères bien-aimés qui, discernant l’amour qui animait leurs esclaves croyants dans leur travail, ressentiraient leur bon et prompt service comme un bienfait.
La vraie vie spirituelle se manifeste dans les sentiments chrétiens que nous témoignons envers les gens du monde et envers nos frères et sœurs. Toutefois, nous essayons parfois d’abuser ou de tirer profit des relations spirituelles, au lieu d’accomplir toutes choses dans le but de produire de la bénédiction et de la joie chez notre prochain. Avoir ce comportement, c’est estimer que la piété peut être une source de gain (verset 5). L’apôtre se sent obligé d’avertir les esclaves, mais un tel travers guette tout chrétien.
L’exhortation “enseigne ces choses et exhorte” souligne l’importance des deux versets précédents. Elle sert à la fois de conclusion pour les versets 1 et 2, et d’introduction pour le texte qui suit.